Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

Cauchie (Maurice)

Musicologue français (Paris 1882 – id. 1963).

Homme de lettres, il commença par publier des études sur la littérature du XVIIe siècle avant de s'intéresser à la musique. Il se pencha sur l'Odhecaton, recueil de motets et de chansons publié par Petrucci en 1501. Il rédigea ensuite, dans les colonnes du Ménestrel ou de la Revue de musicologie, toute une série d'articles consacrés à Cl. Janequin, P. Cléreau, A. Boesset, au protestant Cl. Le Jeune et à Couperin le Grand. Il effectua des recherches sur Ockeghem et sur l'éditeur P. Attaignant, édita des chansons de Janequin et collabora à l'édition complète des œuvres de Couperin (l'Oiseau-Lyre, 1933). Il fut également l'auteur d'une Pratique de la musique (Paris, 1948), ainsi que de l'Index thématique des œuvres de F. Couperin (Paris, 1949).

cauda (lat. ; « queue »)

Terme employé au Moyen Âge avant de passer dans l'usage sous sa forme italienne coda avec un sens légèrement dérivé.

1. Au sens latin primitif, le mot cauda est employé, dans la musique non liturgique, pour désigner une partie mélismatique sur l'une des syllabes du texte chanté. Après l'Ars antiqua, la ballade du XIVe siècle et la frottola italienne du XVe ont généralisé la cauda terminale, ce qui a provoqué le glissement de sens vers la forme italienne ultérieure coda.

2. Dans la notation mensurale du XIIIe au XVIe siècle, la cauda est un trait vertical (haste) affectant certaines notes ou ligatures, et dont la forme est empruntée à la virga.

Caussade

Couple de pédagogues français.

 
Georges (Port-Louis, île Maurice, 1873 – Chanteloup-les-Vignes, Yvelines, 1936). Il consacra toute son existence à l'enseignement. Au Conservatoire de Paris, il fut nommé professeur de contrepoint en 1905, puis de fugue en 1921. On lui doit deux ouvrages remarquables, Traité de l'harmonie et Technique de l'harmonie (1931).

 
Simone Plé-Caussade (Paris 1897 – Bagnères-de-Bigorre 1986). Elle succéda à son mari en 1928 comme professeur de fugue au Conservatoire. Élève de Cortot, elle eut une certaine notoriété comme pianiste. Compositeur, elle écrivit surtout des œuvres pour piano (dont des sonates), ainsi que des pièces pour orgue, des chœurs, de nombreuses mélodies, des pages religieuses. Son écriture, traditionnelle, révèle beaucoup de poésie et de sensibilité.

Caussé (Gérard)

Altiste français (Toulouse 1948).

Au Conservatoire de Paris, il obtient deux premiers prix (alto et musique de chambre). De 1969 à 1971, il est l'altiste du Quatuor Via Nova, et de 1972 à 1980 celui du Quatuor Parrenin. En 1976, il entre à l'Ensemble InterContemporain, qu'il quitte en 1982 pour se consacrer à nouveau à la musique de chambre en petite formation, comme altiste du Quatuor Ivaldi. L'enseignement occupe une grande place dans sa carrière : d'abord au Conservatoire de Paris, où il assiste Jean Hubeau à la classe de musique de chambre, puis au Conservatoire de Lyon, où il est nommé professeur d'alto en 1982, enfin de 1987 à 1992 au Conservatoire de Paris. Il a créé de nombreuses œuvres contemporaines, notamment de compositeurs français (Grisey, Hersant, Jolas, Koering, Lenot, Masson, Nigg, etc.).

Cavaillé-Coll

Famille d'organiers français, dont le nom de Cavaillé devint, après un mariage, Cavaillé-Coll.

 
Joseph Cavaillé, religieux (v. 1700 – v. 1767). Il apprit la facture d'orgues avec le frère Isnard.

 
Jean-Pierre Cavaillé, neveu du précédent (1743-1809). Il travailla avec son oncle et lui succéda en Catalogne, en Languedoc et en Roussillon. On lui doit notamment l'instrument de Saint-Guilhem-le-Désert.

 
Dominique-Hyacinthe Cavaillé-Coll, fils du précédent (1771-1862). Il fut l'élève de son père. Il s'installa à Montpellier avant de s'associer avec son propre fils à Paris, en 1834.

 
Aristide Cavaillé-Coll, fils du précédent (1811-1899). Il est le plus illustre représentant de la famille. Formé par son père, il remporta très jeune le concours pour la construction de l'orgue de la basilique de Saint-Denis, qu'il édifia avec l'aide de son père. Dès lors installé à Paris, il construisit, pendant soixante ans, tous les grands intruments français de l'époque : Trocadéro, Madeleine, Sainte-Clotilde, Saint-Sulpice (1863), Notre-Dame, à Paris, Saint-Ouen à Rouen, Saint-Sernin à Toulouse. Ayant fait l'objet de restaurations ou d'agrandissements, ses instruments ne sont généralement plus aujourd'hui dans leur état d'origine. À la mécanique de l'orgue, Cavaillé-Coll a apporté de nombreuses innovations : emploi de la machine Barker, généralisation du pédalier à l'allemande, augmentation des combinaisons par tirasses, extension des claviers à 56 notes, amélioration importante de la soufflerie. Sur le plan sonore, il développe le clavier de récit avec boîte expressive, oppose les caractères des claviers, qu'il souhaite au minimum de trois, introduit des sonorités nouvelles (flûtes harmoniques et octaviantes) et modifie l'équilibre général de l'instrument, traité de façon plus grave et compacte, plus puissante aussi, et s'inspirant des couleurs de l'orchestre symphonique. Aristide Cavaillé-Coll a également présenté plusieurs mémoires d'acoustique à l'Académie des sciences.

Cavalieri (Catarina)

Soprano autrichienne (Vienne 1760 – id. 1801).

De son vrai nom Franziska Kavalier, elle étudia avec Salieri et fit ses débuts à Vienne en 1775 dans La Finta Giardiniera d'Anfossi. Son nom reste lié à celui de Mozart : elle créa le rôle de Constance de l'Enlèvement au sérail en 1782, puis chanta celui d'Elvire lors de la première viennoise de Don Giovanni en 1788 (Mozart écrivit alors pour elle l'air Mi tradi) et celui de la comtesse lors de la reprise des Noces de Figaro en 1789. Une voix puissante compensait chez elle un physique désavantageux.

Cavalieri (Emilio de')

Compositeur italien (Rome v. 1550 – id. 1602).

Noble romain, fils de Tommaso Cavalieri ­ ce beau garçon pour lequel Michel-Ange quitta Florence pour Rome ­, Emilio Cavalieri apporta une importante contribution à la musique de la fin de la Renaissance et du début de l'époque baroque en étant l'un des premiers musiciens à composer dans le nouveau style monodique. Il passa la majeure partie de son temps à Florence, où il fut nommé intendant de l'activité artistique à la cour de Ferdinand Ier de Médicis en 1588. Membre de la Camerata de Giovanni Bardi, il y côtoya des artistes accomplis, tels G. Caccini et J. Peri.

   Il put mettre en pratique ses idées et fut parmi les premiers à utiliser la basse continue avec des signes destinés à guider les différents instruments. Sur des textes de la poétesse Laura Guidiccioni, il composa plusieurs pastorales (La Disperazione di Fileno, Il Satiro, Il Gioco della cieca), qui ont été perdues.

   Lors d'un de ses nombreux séjours à Rome, où il put sans doute voir, à la chapelle Sixtine, le portrait de son père peint par Michel-Ange, Cavalieri fit donner en 1600 la Rappresentazione di Anima e di Corpo, son œuvre la plus célèbre, qui, malgré une certaine similitude avec l'oratorio, n'en est pas un. L'œuvre est composée dans le nouveau stile rappresentativo, c'est-à-dire en récitatif, destiné à imiter le plus possible le rythme de la langue parlée. Bien qu'empreint d'une certaine sécheresse, ce récitatif ne manque pas d'expression, et la partition contient de nombreux chœurs, dans un style syllabique simple, qui introduisent un élément de contraste heureux.

   Dans le domaine de l'oratorio, on conserve de Cavalieri une partition intitulée L'Ascensione del Nostro Salvatore. D'autres musiques d'église ont également survécu : les Lamentations Hieronemiae Prophetae, écrites en collaboration avec Isorelli, ainsi que les Responsi pour 2 et 3 voix.