Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

Chiffoleau (Yvan)

Violoncelliste français (Nantes 1956).

Après ses études au Conservatoire de Nantes, il entre au Conservatoire de Paris dans la classe d'André Navarra, où il obtient un 1er Prix de violoncelle en 1973 et un 1er Prix de musique de chambre en 1974. Lauréat de cinq concours internationaux de 1975 à 1981 (Tchaïkovski en 1974, Rostropovitch en 1981), il commence une brillante carrière internationale, se produisant comme soliste et en formation de chambre.

chiffrage

Opération qui consiste à disposer, au-dessus ou en dessous des notes d'une basse continue (continuo), des chiffres qui, en fonction d'une convention, représentent des accords.

Le système fut introduit au moment de l'avènement de la monodie accompagnée en Italie, à l'aube du XVIIe siècle. Sorte de sténographie musicale, ces chiffrages s'avérèrent si pratiques au bout de quelques années qu'ils furent adoptés partout en Europe pendant toute la période de la basse continue, c'est-à-dire à partir de 1600 environ, jusqu'à la seconde moitié du XVIIIe siècle. Vers la fin de cette époque, dans la musique de J. S. Bach en particulier, les harmonies à « chiffrer » étaient devenues presque trop compliquées pour le système en usage, qui allait bientôt tomber en désuétude.

chiffre

Le ou les nombres qui représentent un accord dans l'opération de chiffrage d'une basse continue. On parle du chiffre d'un accord ou alors de son chiffrage.

Child (William)

Organiste et compositeur anglais (Bristol. 1606 – Windsor 1697).

Après avoir été reçu Bachelor of Music d'Oxford en 1631, il succéda, en 1632, à l'organiste John Mundy à la chapelle Saint-George de Windsor, tout en occupant la même position à la chapelle royale de Londres. En 1643, par suite de la dispersion des musiciens de la cour lors de la Révolution, il se retira à la campagne et s'y consacra à la composition. L'année même de la Restauration, en 1660, il reprit sa place à la cour, où il fut parmi les musiciens privés du roi, et succéda à Ferrabosco quatre ans plus tard.

   Sa principale publication (1639) est un recueil de vingt psaumes à trois voix, en forme d'anthems, avec basse pour orgue ou théorbe. Il a, en outre, composé un certain nombre d'anthems et de services, et des pièces pour violes et pour instruments à vent. Plusieurs de ses catches ont été publiées dans des anthologies d'Hilton et de Playford, et une partie de sa musique sacrée, dans des recueils d'Arnold et Boyce. Bien que certains traits stylistiques soient assez nouveaux pour l'époque (usage du stile concitato monteverdien, et surtout adoption généralisée du système tonal avec modulations bien définies), il reste un musicien d'assez bas niveau, qui évolua fort peu au cours de sa carrière.

Childs (Barney)

Compositeur américain (Skopane, Washington, 1926 – Redlands, Californie, 2000).

Docteur en lettres anglaises et professeur d'université, il a commencé de composer à vingt-trois ans, avant de travailler de 1952 à 1955 avec L. Ratner, C. Chavez et A. Copland, et enfin E. Carter. D'abord influencé par Hindemith et Chavez, il s'est intéressé ensuite à Ives, à Carter et aux mélodies traditionnelles des Indiens d'Amérique. Indifférent au goût du public, il n'a jamais utilisé la série, mais, depuis 1961, il a cultivé le son « réel » (sons indéfinis et inhabituels venant de sources disparates et enregistrés au magnétophone). Il est notamment l'auteur de 2 symphonies, de concertos, de Jack's New Bag pour 10 exécutants (1966), de The Golden Bubble (1967) pour sarrussophone, contrebasse et percussion. Dans Nonet (1967), apogée de ses recherches, chaque interprète assemble et organise sa partie avant l'exécution.

Chili

Les premières manifestations de l'activité musicale chilienne ne remontent pas au-delà de 1800, et les débuts en furent timides. Trois personnalités en marquèrent l'évolution au cours du XIXe siècle, Manuel Robles (1780-1837), José Zapiola (1802-1885) et Frederico Guzman (1837-1885), tous profondément marqués par l'influence espagnole. Le conservatoire de Santiago fut fondé en 1849.

   C'est à Humberto Allende que le Chili doit son véritable essor. Professeur, théoricien, chef d'orchestre, compositeur, il eut un successeur dynamique en la personne de Domingo Santa Cruz Wilson, fondateur de la Société Bach, professeur au conservatoire, directeur de l'Institut d'extension musicale (fondé en 1940) et président du Comité international de la musique à l'U.N.E.S.C.O. (trois Symphonies, deux Quatuors, cinq Pièces brèves pour orchestre de chambre, un Poème pastoral, etc.). À cette génération appartiennent plusieurs compositeurs de talent, Enrique Soro (1884-1954), Carlos Lavin (1883-1962), également folkloriste émérite, Prospero Bisquertt (1881-1959) et Carlos Isamitt, auteur d'une monographie sur les Araucans, dont la musique est encore vivante dans les régions méridionales du Chili.

   Moins attachés que leurs confrères d'autres pays d'Amérique latine à l'utilisation des éléments populaires ­ fût-ce la cueca, véritable danse nationale à laquelle Pablo Garrido a consacré une étude substantielle (Biografia de la cueca chilena, Santiago, 1943) ­, les compositeurs contemporains se sont peu à peu orientés vers des disciplines d'écriture allant du postimpressionnisme à l'esthétique postsérielle. Après Jorge Urrutia Blondel (élève de Dukas et d'Hindemith), Pedro Nunez Navarrette, Juan Antonio Orrego Salas et Alfonso Letelier Llona (fondateur de l'École moderne de musique), il faut citer plus particulièrement deux élèves de Max Deutsch, Cirilo Vila Castro (1937), également élève de Messiaen, et Jorge Arriagada (1943), tous deux figures de proue de la jeune école chilienne.

Chimenes (Myriam)

Musicologue française (Paris 1952).

Elle a obtenu un doctorat en musicologie avec Khamma, ballet de Claude Debussy : histoire et analyse (1980). Elle est depuis 1984 conservateur du Centre de documentation Claude-Debussy, depuis 1985 membre du comité de rédaction de l'édition critique des œuvres complètes de Claude Debussy (elle a édité à ce titre en 1988 Jeux avec Pierre Boulez) et depuis 1988 chargée de recherche au C.N.R.S. Elle a publié notamment la Princesse de Polignac et la création musicale (in la Musique et le Pouvoir, 1987), le Budget de la musique sous la IIIe République (in la Musique : du théorique au politique, 1991) et la « Nomenklatura » musicale en France sous la IIIe République : les compositeurs membres de l'Académie des beaux-arts (in Musique et médiations : le Métier, l'Instrument, l'Oreille, 1994) et édité Francis Poulenc : correspondance 1910-1963 (1994). Elle dirige depuis 1994 le Groupe de recherches sur la vie musicale en France pendant la Seconde Guerre mondiale.