Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
S

Simrock (Nikolaus)

Corniste et éditeur allemand (Mayence 1751 – Bonn 1832).

Corniste dans l'orchestre du prince-Électeur de Cologne, en résidence à Bonn, il y eut comme collègue le jeune Beethoven. Il fonda sa maison d'édition en 1793, publiant des œuvres de Haydn (première édition sous leur aspect original des symphonies no 99, 102 et 104 en 1801), Beethoven (variations pour piano sur un thème de Dittersdorf WoO 66 dès l'automne 1793, Sonate à Kreutzer en avril 1805) et d'autres, puis de Bach, Weber, etc. Une filiale fut créée à Paris en 1802 par Heinrich Simrock, et une autre à Cologne en 1812 par Peter Joseph Simrock (Bonn 1792 – Cologne 1868), qui succéda à son père Nikolaus en 1834 et eut lui-même comme successeur son fils Friedrich August (1837-1901). Ce dernier s'installa à Berlin en 1870 et publia un très grand nombre d'œuvres de Brahms et, à l'instigation de ce dernier, plusieurs de Dvořák.

Sinding (Christian)

Compositeur norvégien (Kongsberg 1856 – Oslo 1941).

À la suite de Grieg, Svendsen et Backer-Grøndahl, Sinding prolonge l'époque la plus brillante de l'histoire de la musique norvégienne dans ses aspects les plus divers puisqu'il écrit quatre symphonies, un concerto pour piano et trois pour violon, le célèbre Rondo infinito pour orchestre, de la musique de chambre, des pièces pour piano et près de deux cent cinquante mélodies. Sinding est un pur produit du romantisme norvégien passé par l'école de Leipzig. C'est son Quintette avec piano (1882-1884) qui le révèle. À Leipzig il rencontre Grieg, Halvorsen et Tchaïkovski mais c'est l'influence de Wagner qui sera la plus forte et marquera son œuvre symphonique (2e Symphonie, 1907).

sinfonia (ital. ; « symphonie »)

Mot qui apparaît vers la fin de la Renaissance en Italie pour désigner une musique composée spécifiquement pour un groupe d'instruments qui, selon le sens étymologique, « sonnent ensemble ».

Avec l'essor de la musique instrumentale, la sinfonia constitue la première pièce, comme un prélude, dans une suite de danses. J. S. Bach s'en souvient avec la Sinfonia initiale de la Partita en do mineur (BWV 826). Sous la forme d'une courte pièce sans définition précise, la sinfonia pouvait servir d'ouverture d'opéra, de pièce descriptive (bataille, scène de sommeil, entrée de personnages importants, etc.), précéder les sections d'une messe concertante et les parties d'un oratorio ou, encore, se placer à la tête d'une cantate d'église. Contrairement à la ritournelle, elle n'est pas ordinairement répétée et n'a pas vraiment de rôle formel.

   À la fin du XVIIe siècle, la sinfonia évolue vers l'ouverture à l'italienne, généralement de style brillant, caractérisée par ses trois mouvements : vif-lent-vif (une danse) et illustrée notamment par A. Scarlatti. Divorcée du théâtre et composée pour être jouée au concert, elle se trouve à l'origine, chez G. B. Sammartini et ses collègues, de la symphonie classique. Les termes sinfonia et ouverture sont longtemps restés interchangeables : cela est attesté par J. Haydn qui, en 1777 encore, donne le titre de « Sinfonia » à l'ouverture de son opéra Il Mondo della luna.

sinfonietta

Diminutif italien de sinfonia, employé à l'époque moderne pour désigner une composition symphonique de dimensions restreintes, conçue sans prétention et légèrement orchestrée.

Prokofiev et Janáček, Albert Roussel, Poulenc et Georges Migot, entre autres, se sont illustrés dans ce genre.

singspiel (pl. singspiele)

Nom donné en Allemagne à un genre de théâtre où, comme dans l'opéra-comique français, alternent le parlé et le chanté. Si, à sa naissance à la fin du XVIIIe siècle, le singspiel se fixa pour but de créer un type d'opéra largement populaire démarqué des modèles italien et français, le terme fut d'abord appliqué indistinctement à toutes formes d'expression de langue allemande (OPÉRA), telles qu'un Alceste de Schweitzer en 1749, ou que les spectacles de marionnettes donnés à Vienne vers 1750. Ce genre populaire se définit mieux dans certaines œuvres de Haydn (Der Krumme Teufel, 1752, perdu), mais on retient généralement comme créateur du genre Johann Adam Hiller (Der Teufel ist los, 1766). Avec G. Benda, le choix des sujets s'élargit vers des thèmes moyenâgeux ou mythologiques, traités avec un effectif choral et orchestral important, tandis que s'ouvrait à Vienne en 1778 le Nationalsingspiel (ou Opéra allemand), où Mozart donna en 1782 l'Enlèvement au sérail.

   Des écrivains tels que Goethe et Wieland contribuèrent à la diffusion d'un genre auquel il faut rattacher la Flûte enchantée, les opéras de Schubert ainsi que Fidelio, le Freischütz ou Oberon, qui par leurs structures appartiennent au singspiel de la même façon que Carmen à l'opéra-comique.

   À la fin du XIXe siècle, en Allemagne, on assista à une sorte de résurrection du genre avec de nombreux compositeurs tels que Humperdinck, Theile, Bittner, Urspruch, etc., mais leurs œuvres n'utilisent pas expressément la dénomination de singspiel.

Sinopoli (Giuseppe)

Compositeur et chef d'orchestre italien (Venise 1947).

Il commence ses études musicales à l'âge de douze ans, d'abord à Messine (orgue et harmonie), puis à partir de 1965 au conservatoire B.-Marcello à Venise (harmonie et contrepoint). En 1968, il suit les cours de K. Stockhausen à Darmstadt. En 1969, il rencontre F. Donatoni dont il est l'élève en 1970 à Sienne, puis le collaborateur en 1972-73. Parallèlement, il fait des études de médecine générale et de chirurgie à l'université de Padoue, s'intéressant plus particulièrement à la psychologie de la perception. En 1971, il termine ses études de médecine par une thèse sur certains problèmes anthropologiques et psychiatriques. L'année suivante, il est nommé professeur de musique contemporaine et de musique électronique au conservatoire B.-Marcello à Venise. À la même époque, il s'installe à Vienne, où il suit les cours de direction d'orchestre de H. Swarowski, analyse l'Harmonielehre (Traité d'harmonie) de Schönberg et réalise une étude de l'opéra Lulu commandée par la Fondation Alban-Berg. En 1974-75, il fonde l'Ensemble Bruno-Maderna à Venise.

   Joué à partir de 1975 dans les principaux festivals internationaux, il s'impose simultanément comme un des chefs d'orchestre les plus importants de sa génération. Après ses débuts de chef d'opéra en 1977 au théâtre La Fenice à Venise, il dirige avec un grand succès Macbeth de Verdi à la Deutsche Oper de Berlin, et c'est à la demande de l'Opéra de Munich et de l'Opéra de Berlin qu'il écrit son premier opéra, Lou Salomé, créé en 1981 à Munich. En 1984, il devient premier chef de l'Orchestre Philarmonia de Londres.

   Nommé en 1990 chef permanent du Deutsche Oper à Berlin, il démissionne la même année. Il prend en 1992 la direction musicale de la Staatskapelle de Dresde.