Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
S

Salomon (Johann Peter)

Violoniste, impresario et compositeur allemand (Bonn 1745 – Londres 1815).

Né dans la même maison que Beethoven mais vingt-cinq ans avant lui, il fut nommé musicien de cour à Bonn dès l'âge de treize ans, puis s'établit à Dresde, et, en 1764, devint directeur de la musique du prince Henri de Prusse à Rheinsberg, où il resta sans doute jusqu'en 1780. Il se rendit alors à Paris et à Londres, ville où il fit ses débuts le 23 mars 1781, et qui devait rester sa résidence principale. À partir de 1783, il y organisa des concerts par souscription. C'est pour ces concerts qu'en 1791-92 puis en 1794-95 il réussit à faire venir Haydn dans la capitale britannique : ce fut l'origine des douze symphonies londoniennes. Lui-même occupait, dans l'orchestre, la place de premier violon. Il dirigea en 1800 la deuxième audition à Londres de la Création, et, en 1813, participa à la fondation de la Royal Philharmonic Society, au premier concert de laquelle il tint la partie de premier violon. Il mourut des suites d'une chute de cheval.

   Comme compositeur, on lui doit notamment des œuvres scéniques comme les Recruteurs (Rheinsberg, 1771), la Reine de Golconde (Rheinsberg, 1776) et Windsor Castle (Londres, 1795, en collaboration avec R. Spofforth et Haydn, qui écrivit l'ouverture et trouva la musique de Salomon « passable »), et des pages pour violon. Il arrangea en outre pour diverses combinaisons de chambre les douze symphonies londoniennes de Haydn.

Salonen (Esa-Pekka)

Chef d'orchestre et compositeur finlandais (Helsinki 1958).

Il étudie d'abord le cor à l'Académie Sibelius d'Helsinki, puis la composition et la direction d'orchestre. À Sienne et Milan, il se perfectionne auprès de Franco Donatoni et commence à diriger en 1979, devenant en 1985 chef principal de l'Orchestre symphonique de la radiodiffusion suédoise, et principal chef invité du Philharmonia Orchestra de Londres et de l'Orchestre philharmonique d'Oslo. Passionné par la musique du XXe siècle, il participe à de nombreuses manifestations consacrées à ce répertoire et dirige régulièrement l'Ensemble InterContemporain. En 1991, il prend la direction artistique de la Biennale d'Helsinki. L'année suivante, il est nommé directeur musical de l'Orchestre philharmonique de Los Angeles.

saltarelle

Danse d'origine italienne (saltarello), de style vif et enjoué, caractérisée, comme son nom l'indique, par la place considérable qu'y tient la saltation.

Connue en Italie dès la fin du Moyen Âge, elle se répandit dans toute l'Europe, s'y confondant d'ailleurs avec d'autres « danses hautes », telles que la gaillarde. On la trouve aussi, jusqu'au XVIIe siècle, associée à des « basses danses » comme la pavane, dont le rythme binaire assez lent alternait avec la légèreté de son propre 6/8.

salut

Introduit vers le XVIe siècle comme interpolation à l'office de vêpres, après le Salve Regina d'où lui vint son nom, le salut (ou bénédiction) du saint sacrement (en abrégé « salut solennel », voire « salut » tout court) est une cérémonie semi-liturgique étrangère à l'office monastique. Il prenait place en fin d'après-midi et consistait, devant le saint sacrement exposé, en une série de chants librement choisis suivis d'une bénédiction avec l'ostensoir au chant du Tantum ergo (deux dernières strophes de l'hymne Pange lingua), puis d'un chant de sortie. La relative liberté laissée au choix des textes et la prédilection du roi Louis XIV pour cette cérémonie ont favorisé en France l'éclosion d'un ample répertoire de motets à elle destiné, et ont fait longtemps du salut, sur le plan musical, la plus riche des cérémonies du culte catholique. La plupart des motets de Lully, Charpentier, Lalande, etc., ont été écrits pour des saluts solennels. L'ordonnance habituelle des saluts comportait un motet pour la fête du temps, un motet à la Vierge et un chant du saint sacrement, puis le Tantum ergo (généralement chanté en plain-chant simple) et un chant de sortie. Mais cette ordonnance n'avait pas la fixité des offices liturgiques proprement dits.

Salve Regina

L'une des quatre grandes antiennes à la Vierge, qui se chante de la Pentecôte à la fin de l'année liturgique. Elle connut une grande diffusion, et ses paroles ont été attribuées à saint Bernard de Clairvaux (1090-1153). La mélodie anonyme sur laquelle elle s'est répandue connaît deux versions : une simple et une ornée ; cette dernière est la plus célèbre, et a souvent été utilisée par les compositeurs, jusqu'au XXe siècle, comme base de messes, de motets ou de pièces d'orgue.

Salzbourg

Quand Mozart y naquit en 1756, Salzbourg bénéficiait déjà d'une longue tradition musicale. Cette tradition s'était développée d'une part autour de l'église Saint-Pierre (fondée par saint Rupert) et de la cathédrale (fondée en 774 par saint Virgile), d'autre part autour de la cour des princes-archevêques, dont le premier, Arno, laissa en 798 des instructions prévoyant la tenue dans la cathédrale de services « selon la tradition des Romains ». Au début du XVIe siècle, le prince-archevêque Matthäus Lang (1519-1540) sut attacher à sa cour des musiciens tels que Heinrich Finck (à partir de 1524) et Paul Hofhaimer (1522). C'est néanmoins Wolf Dietrich (1587-1612) qui jeta les fondations du Salzbourg moderne. Aux règnes de ses successeurs Marcus Sitticus von Hohems (1612-1619) et Paris Lodron (1619-1653) correspondit à Salzbourg une première floraison du baroque. Pour la consécration de la nouvelle cathédrale en 1628, on entendit un Te Deum à 12 chœurs du maître de chapelle princier Stefano Bernardi (la Missa salisburgensis à 53 voix, qu'on crut longtemps avoir été composée pour cette occasion par Orazio Benevoli, est plus tardive, et peut-être due à Heinrich Ignaz Biber).

   Les grands musiciens actifs à Salzbourg à la fin du XVIIe siècle furent Georg Muffat, Andreas Hofer et surtout Heinrich Ignaz Biber : tous trois composèrent de la musique dramatique, de la musique religieuse et de la musique instrumentale. La transition vers le rococo et le préclassicisme fut assurée par Johann Ernst Eberlin, Anton Cajetan Adlgasser, Joseph Meissner et Leopold Mozart. Le règne de Siegmund Christoph von Schrattenbach (1753-1771) marqua à Salzbourg la fin de l'ère baroque. Son successeur Hieronymus Colloredo (1771-1803), connu pour ses démêlés avec Mozart, fut un homme des Lumières. Outre Leopold et Wolfgang Amadeus Mozart, il eut à son service des hommes tels que les maîtres de chapelle Domenico Fischietti (1772-1775), Giacomo Rust (1777-78) et Luigi Gatti (1782-1817), le hautboïste Joseph Fiala (1778-1785), et surtout Michael Haydn, qui fut en poste à Salzbourg de 1763 à sa mort en 1806.

   La vie musicale connut une dernière période faste avec le règne de l'archiduc Ferdinand de Toscane (1803-1805). À partir de 1816, Salzbourg ne fut plus qu'une cité provinciale autrichienne. En 1841 y fut fondé le Mozarteum, institution vouée au « développement de toutes les branches de la musique, et notamment de la musique d'Église », et qui tint son premier festival l'année suivante. En 1856 eut lieu à Salzbourg un grand festival en l'honneur du centenaire de la naissance de Mozart. L'Internationale Mozart-Stiftung, fondée en 1870, entreprit en 1875 l'édition des œuvres complètes du compositeur, et organisa des festivals en 1877 et 1879. En 1880, un musée fut inauguré dans la maison natale de Mozart, et la même année fut créée l'Internationale Stiftung Mozarteum (Bernhard Paumgartner fut son directeur de 1917 à 1938 et de 1945 à 1959).

   Les festivals de 1877 et de 1879 furent suivis de ceux de 1887 (centenaire de Don Giovanni), 1891 (centenaire de la mort de Mozart), 1901, 1904, 1906 (au cours duquel Mahler dirigea Figaro) et 1910. Le festival ne devint institutionnel qu'en 1917, et, sous cette nouvelle forme, débuta en 1920. Des opéras de Mozart, dirigés par Richard Strauss et Franz Schalk, y furent donnés pour la première fois en 1922. Le premier Festspielhaus ne fut inauguré qu'en 1926, dans un ancien manège d'équitation transformé en théâtre. Les meilleurs artistes de Vienne et de Munich s'y produisirent dans un répertoire voué en majeure partie à Mozart et Strauss, sous la direction de Strauss lui-même, de Bruno Walter et de Clemens Krauss. De 1935 à 1937, la participation de Toscanini étendit ce répertoire à Beethoven, Verdi et Wagner. Vinrent ensuite Furtwängler, Vittorio Gui et Karl Böhm, qui resta toujours fidèle à Salzbourg et s'y éteignit en 1981. Supprimé en 1944, le festival reprit dès 1945 (Herbert von Karajan fut son directeur artistique de 1956 à 1960). En 1952 y fut créé Die Liebe der Danae de Richard Strauss. Y ont fait leur entrée la musique moderne (créations de Die Bassariden de Henze en 1966, de Baal de Cerha en 1981) et la musique baroque (Rappresentatione di Anima e di Corpo en 1966), mais ce sont les œuvres de Mozart qui, de loin, tiennent la première place (grâce notamment aux Matinées Mozart inaugurées par Paumgartner en 1949). Actuellement, les manifestations ont lieu dans trois salles principales, toutes sur l'emplacement des anciennes écuries princières : la Felsenreitschule (aménagée en 1968-1970 ; 1 568 places) ; le Kleines Festspielhaus (Festspielhaus jusqu'en 1960 ; réaménagé en 1963 ; 1 343 places) et le Grosses Festspielhaus (inauguré en 1960, 2 371 places). D'autres se tiennent en divers lieux, parmi lesquels le palais Mirabell et la grande salle du Mozarteum.

   Outre le festival proprement dit, un festival de Pâques a eu lieu depuis 1967, fondé par Karajan et dirigé par lui jusqu'à sa mort. Lui a succédé de 1990 à 1993 Georg Solti. En 1931 a été créé un Zentralinstitut für Mozartforschung. Un Institut de musicologie (Institut für Musikwissenschaft) existe dans le cadre de l'université depuis 1966. À partir de 1991, le directeur artistique du festival de Salzbourg sera Gérard Mortier, auparavant à la tête du Théâtre de la Monnaie de Bruxelles.