Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Svendsen (Johan)

Compositeur et chef d'orchestre norvégien (Oslo 1840 – Copenhague 1911).

Considéré comme le premier symphoniste norvégien, il étudie à Leipzig de 1863 à 1867, où, encore étudiant, il écrit 2 de ses principaux ouvrages : l'Octuor à cordes op. 3 et la 1re Symphonie en ré majeur. Sa 2e Symphonie en si bémol majeur date de 1876, après un séjour à Paris, où, semble-t-il, la découverte de Berlioz l'avait fortement impressionné. D'une écriture vigoureuse, ses œuvres, Norsk Kunstnerkarneval (1874), Carnaval à Paris (1872), la célèbre Romance pour violon (1881), Roméo et Juliette (1876), les 4 Rhapsodies norvégiennes, sont le témoignage d'un maître de l'orchestration et elles lui valurent un très grand succès auprès de ses contemporains, notamment à Paris, où il vécut quatre ans (1868-1870, 1878-1880). En 1883, Svendsen fut nommé chef de l'orchestre du Théâtre royal de Copenhague et il y termina sa carrière.

Svetlanov (Evgueny)

Chef d'orchestre russe (Moscou 1928 – id. 2002).

Ses parents, membres de la troupe du Bolchoï, le font chanter dans les chœurs alors qu'il est encore enfant. Il entreprend ensuite ses études musicales à l'École Gnessine (piano et composition). Il entre en 1951 au Conservatoire de Moscou, où il travaille avec Gaouk et Chaporine. En 1955, il fait ses débuts de chef en dirigeant une de ses propres œuvres, Fantaisie sibérienne. Cette même année, il est nommé chef assistant du Théâtre du Bolchoï, puis premier chef en 1962. En 1963, il commence une longue collaboration avec l'orchestre symphonique d'U.R.S.S. (aujourd'hui de Russie), qui acquiert rapidement une renommée internationale. Fervent défenseur de la tradition musicale de son pays, il enregistre une anthologie de la musique symphonique russe, ainsi que ses propres compositions pour diverses formations instrumentales. Sa vie et son œuvre ont fait l'objet d'un film, le Chef d'orchestre.

Swarowsky (Hans)

Chef d'orchestre autrichien (Budapest 1899 – Salzbourg 1975).

De 1920 à 1927, il a de prestigieux professeurs : Richard Strauss, Schönberg et Webern. Jusqu'en 1937, il dirige plusieurs opéras à Hambourg, Berlin et Zurich. Pendant la guerre, il est dramaturge du Festival de Salzbourg, puis, en 1944 et 1945, il dirige l'Orchestre philharmonique de Cracovie. En 1946, il crée la Grande Suite du Chevalier à la rose de Richard Strauss. Poursuivant ses activités, il est surtout réputé comme pédagogue : il enseigne à partir de 1949 à la Hochschule de Vienne, où il compte parmi ses élèves Abbado, Mehta et Ralf Weikert. Il est considéré comme un dépositaire de la grande tradition de l'opéra et de la valse viennoises. De 1957 à 1959, il dirige le Scottish National Opera, puis se consacre à l'édition de partitions et à l'enseignement.

Sweelinck (Jan Pieterszon)

Organiste et compositeur néerlandais (Deventer 1562 – Amsterdam 1621).

Fils de Peter Swybertszoon, organiste de la Oude Kerk d'Amsterdam, et de Elsken Sweling, descendante d'une famille connue d'orfèvres de Cologne, il adopte le nom de sa mère dès ses premières publications. Il reçoit son enseignement de son père, puis, après la mort de celui-ci (1573), de W. J. Lossy, à Harlem. En 1577, il est nommé, en succession de son père, aux orgues de la Oude Kerk, poste qu'il occupera jusqu'à sa mort. Mais, l'année suivante, la ville d'Amsterdam se rangeant dans le camp de la Réforme calviniste, la place de l'orgue dans les cérémonies religieuses devient presque nulle. Une courte improvisation à l'orgue précède encore et suit le sermon chaque jour ; en dehors de cette intervention liturgique, le fonctionnaire municipal qu'est l'organiste de la Oude Kerk utilise l'instrument qui lui est confié dans un esprit profane ; il organise des concerts d'orgue quotidiens qui font, bientôt, de lui le personnage le plus en vue de la société musicale d'Amsterdam. Il forme également un Collegium musicum vocal et instrumental, composé d'amateurs qui exécutent ses œuvres. Sa réputation se répand à l'étranger ; il semble avoir été en rapport particulièrement étroit avec les musiciens anglais. Il reçoit de nombreux élèves, dont les plus célèbres sont M. Praetorius, S. Scheidt, H. Scheidemann. John Bull lui rend hommage lors de sa mort en écrivant une fantaisie sur un de ses thèmes favoris. Sweelinck laissa cinq enfants ; son fils aîné Dirck lui succéda aux orgues de l'Oude Kerk et fut un compositeur apprécié.

   L'importance de Sweelinck se manifeste dans trois domaines. Il fut un remarquable compositeur pour le clavier, pour l'orgue en particulier. Dans ce domaine, il doit beaucoup à l'école anglaise, mais ses constructions sont plus élaborées et il s'attaque à des formes complexes et largement développées. On peut considérer que ses fantaisies pour le clavier sont, avec leur utilisation d'un contrepoint à 3 voix, un des premiers exemples de fugues pleinement développées. Il est également le premier à avoir utilisé la forme de la variation de choral. Ses innovations furent répandues par ses élèves ­ on le surnomma le « faiseur d'organistes ». Autour de chacun d'eux se forment des centres musicaux importants, Halle pour Scheidt, la cour de Brunswick pour Praetorius, Hambourg pour Scheidemann. À travers ce relais se forme toute l'école d'orgue de l'Allemagne du Nord, dont les noms les plus célèbres seront Buxtehude et Bach.

   L'œuvre de Sweelinck restera inédite de son vivant. Elle circulera à l'état de manuscrits dont l'aire de diffusion dès le XVIIe siècle nous permet de mesurer l'importance du musicien et de son influence. On trouve, en effet, des copies de ses œuvres d'Uppsala à Padoue, de Paris à Oxford ou au fond de la Hongrie.

   C'est pourtant par son œuvre vocale que Sweelinck fut d'abord le plus universellement connu. La plus grande part de cette œuvre est composée sur des textes français. Trois collections de chansons françaises sont éditées entre 1592 et 1594 ; elles sont suivies de 4 livres de psaumes (qui incluent la totalité du Psautier genevois) de 1604 à 1621 et des Rimes françoises et italiennes en 1612. Les Cantiones sacrae, enfin, paraissent en 1619. Une partie de cette production s'est perdue, mais il nous reste 254 pièces vocales. Elles représentent l'expression ultime de l'art de la polyphonie hollandaise ; marquées de nombreux italianismes, elles tendent vers un classicisme, au sein duquel trouvent place des rémanences de divers genres plus anciens, motet, madrigal, chanson, villanelle.

   Certains textes des Cantiones sacrae donnent à penser que Sweelinck, sur ses vieux jours, est probablement revenu au catholicisme ; de toute façon, il semble avoir entretenu toute sa vie d'excellents rapports avec les Églises opposées. Max Seiffert a publié, entre 1894 et 1904, une édition complète des œuvres de Sweelinck en 10 volumes, édition revue et augmentée en 1943.