Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Wotquenne (Alfred)

Musicologue belge (Lobbes, Hainaut, 1867 – Antibes 1939).

Après des études au conservatoire de Bruxelles, il devint bibliothécaire (1894) puis secrétaire et inspecteur des études (1896) de cet établissement. Il resta bibliothécaire jusqu'en 1918, accomplissant un important travail de réorganisation et de catalogage, faisant l'acquisition de nombreux manuscrits. Il participa à l'édition complète des œuvres de Grétry, laissa en manuscrits plusieurs catalogues thématiques (sonates de Tartini, œuvres de Steffani), et publia ceux des œuvres de Gluck (Leipzig, 1904) et de Carl Philipp Emanuel Bach (Leipzig, 1905 ; réimpr. Wiesbaden, 1972). Ce dernier catalogue n'est autre, à peu de chose près, qu'une copie de celui réalisé au début du XIXe siècle par l'organiste Johann Jacob Heinrich Westphal (1756-1825), ami de Carl Philipp Emanuel Bach, et est désormais remplacé par celui d'Eugène Helm (1989).

Wunderlich (Fritz)

Ténor allemand (Kusel 1930 - Heidelberg 1966).

Élève du conservatoire de Fribourg-en-Brisgau, de 1950 à 1955, il abandonne le cor pour le chant et fait des débuts remarqués en 1955 dans le rôle de Tamino. Il est engagé la même année par l'Opéra de Stuttgart et, en 1960, par l'Opéra de Bavière. Il débute en 1959 au Festival de Salzbourg, dans la Femme sans ombre, et se produit également à Aix-en-Provence et à Édimbourg. Malgré la brièveté de sa carrière, il s'est imposé comme le ténor lyrique allemand de sa génération, excellant aussi bien dans les répertoires mozartien, straussien, verdien que dans l'oratorio. Il s'y montre l'égal de ses prestigieux aînés, Karl Erb et Julius Patzak, notamment dans le rôle de Palestrina de Pfitzner. Il crée en 1960 le rôle de Tirésias dans l'Œdipe de Carl Orff. Doté d'une voix ample et lumineuse, il a incarné les jeunes premiers mozartiens avec une ferveur peu commune et s'est révélé un incomparable interprète de lieder.

Wuorinen (Charles)

Compositeur américain (New York 1938).

Il a fait ses études à l'université Columbia (avec Otto Luening), a été accompagnateur, chanteur dans un groupe vocal, ingénieur du son, professeur à l'université Columbia (1964-1971), et a remporté de nombreux prix et distinctions (notamment le mémorial Lili-Boulanger de 1960). Son style relève des différentes tendances contemporaines (technique sérielle notamment), mais il demeure respectueux des principes formels de l'âge classique. Il est l'auteur de trois symphonies, trois concertos de chambre, de pièces de musique de chambre, de chœurs et de compositions électroniques, dont Orchestral and Electronic Exchanges pour orchestre et bande (1965).

Wyschnegradski (Ivan Alexandrovitch)

Compositeur russe (Saint-Pétersbourg 1893 - Paris 1979).

Fils d'un financier qui était aussi compositeur amateur, il commença des études de droit avant de travailler la musique au conservatoire de Saint-Pétersbourg avec N. Sokolov. En même temps, il découvrit la musique de Scriabine, qui l'enthousiasma autant que la personnalité et l'idéologie du compositeur. Cette découverte, ainsi qu'une expérience mystique qu'il affirmait avoir vécue, furent à l'origine de la grande œuvre qu'il composa en 1916-17, la Journée de l'Existence, pour récitant, chœur et orchestre (remaniée ensuite par deux fois, en 1927 et en 1940), inspirée de la philosophie hindoue, et décrivant l'apparition et l'évolution d'une « conscience cosmique ».

   Cette œuvre, qu'il considéra toujours comme sa plus importante, fut à la fois un aboutissement et une ouverture vers une technique nouvelle. Ne pouvant plus se satisfaire du système chromatique traditionnel, il éprouva le besoin d'introduire dans la musique des micro-intervalles (quarts de tons, sixièmes de tons), visant à la création d'un « continuum sonore ». Désormais, la plupart de ses œuvres allaient être écrites dans ce style ultrachromatique, qui fut également pratiqué par le Mexicain Julián Carrillo et le Tchèque Alois Hába.

   En 1920, Wyschnegradski émigra et s'installa en France. Un séjour en Allemagne en 1922-23 lui fit rencontrer Hába, et ils travaillèrent ensemble à l'élaboration d'un piano à quarts de tons, qui fut réalisé par la firme Foerster. Nombre d'œuvres de Wyschnegradski nécessitent cependant l'emploi de plusieurs pianos accordés spécialement à différentes échelles.

   Bien que Wyschnegradski eût intéressé certains musicologues et compositeurs (Messiaen notamment), il eut des difficultés à s'imposer. Des concerts de ses œuvres eurent lieu en 1937 et 1945, révélant notamment sa symphonie pour quatre pianos Ainsi parlait Zarathoustra (Nietzsche était, avec Dostoïevski, l'une des principales références littéraires du compositeur). Toutefois, il ne fut réellement reconnu que dans les dernières années de sa vie et put alors entendre des œuvres qu'il avait composées plus d'un demi-siècle auparavant, dont la Journée de l'Existence, créée en janvier 1978 à Radio-France, et son Premier Quatuor (1924), exécuté dans le cadre de l'exposition Paris-Moscou de 1979.

   En dehors de l'ultrachromatisme, il explora les possibilités des « espaces non octaviants » dont il donna l'application dans une pièce originale pour piano, Étude sur le carré magique sonore (1956). Il laissa un certain nombre d'écrits expliquant ses théories, dont un Manuel d'harmonie à quarts de tons (1932). Si nombre de compositeurs du XXe siècle ont utilisé occasionnellement l'écriture ultrachromatique (Messiaen, Boulez, Ligeti, Xenakis), le système de Wyschnegradski fut tout particulièrement suivi par Bruce Mather, Alain Bancquart et surtout Claude Ballif.

Wyttenbach (Jürg)

Compositeur suisse (Berne 1935).

Il a étudié au conservatoire de sa ville natale, puis à celui de Paris (piano avec Yvonne Lefébure). Il a enseigné le piano aux conservatoires de Biel (1959-1967) et de Berne (1962-1966), et, depuis 1967, il enseigne le piano et l'interprétation de la musique nouvelle à l'Académie de musique de Bâle. D'abord influencé par Bartók et Stravinski, puis par Boulez, il a écrit notamment une Sonate pour hautbois (1961), Trois Pièces pour hautbois, harpe et piano (1963), De metalli pour baryton et orchestre (1965), Exécution ajournée I (gestes pour treize musiciens, 1970), II (pour quatuor à cordes, 1970-71) et III (pour quatuor à cordes, 1973), Clastrophonie pour six exécutants (1973), la comédie-madrigal Chansons ricochets (1981).