doublure
En matière de théâtre lyrique ou de ballet, artiste qui a suivi les répétitions et qu'on tient en réserve, sans qu'il figure à l'affiche, pour remplacer le titulaire d'un rôle en cas d'indisposition.
Doubrava (Jaroslav)
Compositeur tchèque (Chrudim 1909 – Prague 1960).
Il apprit successivement le violon avec J. Beran, le piano, la composition avec O. Jeremiáš (1931-1937). De 1945 à 1955, il travailla au département musical de Radio-Prague, comme régisseur, puis comme dramaturge. Son style emprunte à Janáček un discours fait de courtes cellules thématiques, tandis que l'influence du dernier Prokofiev se fait sentir sur le plan harmonique. Le meilleur de son œuvre assez courte se trouve plus dans ses deux Sonates pour violon (1942, 1958, In memoriam B. Martinu) que dans son dernier opéra Balada o lasce (« Ballade de l'amour », 1959-60), proche du pathétique facile d'un Burian. Ses 4 Symphonies (4e inachevée) sont proches du pathos d'un Chostakovitch, sans en avoir l'évidence profonde.
douçaine
Instrument médiéval de la famille des bois.
Son origine reste extrêmement mystérieuse. Guillaume de Machaut le cite dans le Remède de fortune au XIVe siècle. Il possédait sans doute la sonorité douce qui lui a donné son nom. C'était un instrument à anche, mais on ne sait si celle-ci était simple ou double. Son étendue était probablement assez réduite (un peu plus d'une octave), située dans une tessiture de ténor.
Douglas (Barry)
Pianiste anglais (Belfast 1960).
Au Royal College of Music de Londres, il étudie avec John Barstow, et se perfectionne ensuite avec Maria Curcio. En 1983, il est lauréat du Concours international de Tel-Aviv et en 1986 du Concours Tchaïkovski. Après ses débuts au Carnegie Hall de New York en 1988, il est invité par le Cleveland Orchestra, le Los Angeles Philharmonic, le Philadelphia Orchestra. Il effectue plusieurs tournées au Japon et en Nouvelle-Zélande et se produit dans toute l'Europe.
Dounaïevski (Isaac)
Compositeur soviétique (Lokhvitsa, près de Poltava, 1900 – Moscou 1955).
Élève aux conservatoires de Kharkov, d'Akhron et de Bogatyrev, il fut l'un des créateurs de l'opérette soviétique (la Vallée d'or, 1937, 2e vers. 1955 ; le Vent libre, 1947 ; l'Acacia blanc, 1955) et, surtout, de la comédie musicale cinématographique avec, en 1934, les Joyeux Garçons (du metteur en scène G. Alexandrov) qui devait lui assurer immédiatement une grande popularité. À la suite, il écrivit la musique des films les Trois Camarades (qui contient la célèbre chanson Kakhovka), le Cirque (dont une fameuse Chanson de la patrie est l'air final), Volga-Volga, etc. Il écrivit également plusieurs ballets.
Dowland
Famille de musiciens anglais.
John, luthiste et compositeur (Londres 1563 – id. 1626). On ne sait rien de ses premières années ni de sa formation musicale. Après la mort de son père en 1577, il entra au service de sir Henry Cobham, qu'il accompagna à Paris lorsque celui-ci y fut nommé ambassadeur d'Angleterre (1580). Pendant son séjour dans la capitale française, Dowland se convertit au catholicisme. De retour en Angleterre, il se maria. L'université d'Oxford lui décerna le titre de Bachelor of Music (1588), de même que l'université de Cambridge (av. 1597). Dowland essaya d'obtenir un poste officiel à la cour, mais sa religion empêcha cette nomination (« My religion was my hindrance. »).
Déçu, il décida de partir, d'abord pour l'Allemagne, sur l'invitation du duc de Brunswick. De là, après avoir visité les cours de Wolfenbüttel et de Hesse, il voyagea en Italie, à Venise où il rencontra Giovanni Croce qu'il admirait beaucoup, puis à Padoue, Gênes, Ferrare et Florence. Il sollicita les conseils de Luca Marenzio à Rome et publia une des lettres du maître dans la préface de son First Booke of Songes or Ayres (1597) ; Marenzio se montra disposé à l'accueillir, mais on ignore si cette rencontre eut lieu. En tout cas, Dowland quitta rapidement Florence où des catholiques anglais en exil voulurent le mêler à un complot contre la reine Élisabeth. Désireux de revoir sa famille, il écrivit au chancelier d'Angleterre, sir Robert Cecil, qui avait signé son permis de voyage. Passant de nouveau par l'Allemagne, il reçut une lettre de Henry Noel qui le pressait de rentrer en Angleterre, puisqu'il pouvait enfin y espérer un poste à la cour. Le destin en décida autrement, et, en 1598, il fut nommé luthiste du roi Christian IV de Danemark.
Outre une courte visite en Angleterre (1604-1605), Dowland demeura à l'étranger jusqu'en 1606, date à laquelle il fut renvoyé de Copenhague en raison de sa mauvaise conduite. Entre-temps, il publia ses deuxième et troisième livres d'Ayres (1600-1603). Installé à Londres, il devint, en 1612, l'un des King's Musicians for the Lutes et fit paraître la même année sa dernière œuvre, A Pilgrimes Solace, recueil d'airs contenant une pièce sur un texte italien (Lasso vita mia) et quelques airs de dévotion admirables. Entre 1622 et 1623, il entreprit un autre voyage à l'étranger. Sa réputation de luthiste virtuose et de chanteur, interprète de ses propres airs, répandue dans toute l'Europe, finit par gagner l'Angleterre. À partir de 1621 il figura ainsi sur le registre de l'état civil à Sainte-Anne de Blackfriars , il eut droit au titre de Doctor.
Dowland est, sans nul doute, le plus grand compositeur d'ayres au luth pendant la courte période 1597-v. 1630 où le genre connut une immense faveur en Angleterre. Si plusieurs courants stylistiques ont marqué son œuvre, l'ayre est surtout issu de l'air de cour français que Dowland avait certainement entendu à Paris (G. Tessier, P. Guédron), dont des éditions circulaient aussi outre-Manche et dont les textes originaux étaient souvent traduits. Comme son modèle, l'ayre se rattache à la Renaissance et non à la monodie naissante venue d'Italie. Il peut être interprété par une voix soliste accompagnée au luth (et à la viole) ou par un ensemble de violes, ou encore par un quatuor vocal (Ayres for Four Voices), avec ou sans accompagnement instrumental, le choix restant libre. En revanche, dans le domaine de l'harmonie, Dowland se montre en avance sur ses collègues français, de même que dans la complexité de son écriture pour le luth.
En bon humaniste, il se révèle particulièrement sensible à l'atmosphère de chaque texte qu'il met en musique ; son génie mélodique et rythmique lui permet de traduire chaque vers à la perfection. La forme de ses ayres est généralement strophique (le chanteur doit introduire un choix d'ornements discrets selon les sentiments exprimés et afin de varier les autres strophes) ; parfois, il emploie une mélodie continue, comme dans In darkness let me dwell. « Semper Dowland semper dolens », il excelle dans les pièces mélancoliques (I saw my lady weep ; Go crystal tears). Parfois, il compose un air sur un rythme de danse, par exemple, la gaillarde Awake, sweet love, thou art returned ; il peut aussi reprendre, comme bien d'autres, les cris de la ville (Fine Knacks for Ladies).
Dowland a laissé une quantité de belles pièces pour luth seul (galliards, pavanes, fantaisies, etc.), dédiées souvent à des personnalités connues (The Earl of Derby's Galliard ; Sir John Smith his Almaine ; Mrs. Winter's Jumpe, etc.). Enfin, de 1604 datent les célèbres Lachrymae, série de 21 danses à cinq parties avec luth. Mais, malgré la qualité de cette œuvre instrumentale, ce sont surtout les Ayres qui constituent un événement de première importance dans l'histoire de la musique vocale.
Robert, luthiste anglais (Londres 1586 – id [?] 1641). Fils du précédent, il prit la suite de son père à la cour de Charles Ier. Il composa quelques pièces pour luth et publia, en 1610, deux anthologies : A Musicall Banquet (airs de plusieurs pays dont la France) et Varietie of Lute-Lessons (pièces pour luth et deux commentaires sur cet instrument).