Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
B

Bruhns (Nicolaus)

Organiste et compositeur allemand (Schwabstedt, Schleswig, 1665 – Husum, Schleswig, 1697).

Après des études de violon, de viole de gambe, d'orgue et de composition, notamment avec Buxtehude, il passa sa brève carrière comme organiste à Husum, où il fut nommé en 1689. Ses œuvres pour orgue ­ 4 toccatas et une fantaisie de choral sur Nun komm der Heiden Heiland ­, qui révèlent un digne disciple de Buxtehude, par la virtuosité et le renouvellement incessant de l'imagination, furent rapidement célèbres dans toute l'Allemagne. Bruhns laissa également douze Concerts spirituels et Cantates, où son tempérament fougueux s'exprime par une écriture vocale et instrumentale recherchée et brillante.

bruiteur

Exécutant qui accompagne une action dramatique de bruits destinés à en illustrer le déroulement et à en renforcer l'impact.

Déjà, dans le théâtre antique, des bruiteurs étaient chargés, notamment, de faire vibrer de grandes plaques de bronze pour simuler l'orage accompagnant l'apparition du deus ex machina. Les mystères médiévaux en appelaient également au bruitage pour évoquer, par exemple, l'horreur de l'enfer. Le théâtre baroque fit grand usage de bruiteurs, mais c'est surtout pour le théâtre radiophonique et le cinéma que l'art du bruiteur eut à se développer, en simulant une extraordinaire quantité de sons à l'aide de moyens généralement rudimentaires. L'enregistrement de certaines œuvres lyriques peut réclamer l'intervention d'un bruiteur (par exemple, l'orage du début de l'Otello de Verdi). Aujourd'hui, grâce au développement des techniques d'enregistrement, on tend à recomposer l'environnement sonore à l'aide d'éléments recueillis sur le vif.

Brumel (Antoine)

Compositeur français (v. 1460 – v. 1520).

Heurier à la cathédrale de Chartres en 1483, il fut nommé maître de chant des enfants à la cathédrale Saint-Pierre de Genève (1486-1492). Membre du chœur de Laon en 1497, il devint maître des enfants à Notre-Dame de Paris (1498-1500). Il vécut ensuite, peut-être, à Lyon, avant d'occuper le poste de maître de chapelle du duc de Ferrare, Alphonse Ier (1505).

   Ses treize messes utilisent le cantus firmus, profane (l'Homme armé, Bergerette savoyenne, À l'ombre d'un buyssonnet) ou liturgique (Pro defunctis sur l'introït de Requiem æternam et le Dies iræ, une nouveauté en matière de teneur). Mais si, dans ses premières messes, comme l'Homme armé, le superius et le ténor commandent encore les deux autres voix, la messe De Beata Virgine, plus tardive, semble avoir été pensée à 4 voix et s'ouvre, bien que timidement, au style nouveau (souci de l'harmonie, homorythmie). La souplesse et la variété qu'apportent ces qualités expressives contrebalancent le caractère parfois trop accusé de ses connaissances purement techniques et son attachement premier à la tradition. Le motet Laudate Dominum (il en a écrit environ une trentaine) est un excellent exemple de cet équilibre. En avançant dans sa carrière, Brumel accorde une attention spéciale à la déclamation (Sicut lilium inter spinas), à l'homorythmie (Missa Super Dringhs) et une place grandissante à la richesse sonore, signes d'une influence italienne directement subie.

Brün (Herbert)

Compositeur israélien (Berlin 1918 – Urbana, Illinois, 2000).

Il a fait ses études au conservatoire de Jérusalem (1936-1938), notamment avec Stefan Wolpe pour la composition, et à l'université Columbia aux États-Unis (1948-49). De 1955 à 1961, il a orienté ses recherches vers l'utilisation de l'électronique et de l'électroacoustique en composition et, à partir de 1963, vers celle des ordinateurs. Il a commenté ses travaux dans de nombreux articles publiés dans divers pays, dans des cours à Darmstadt et dans des émissions de radio en Allemagne. Il est devenu professeur à l'université de l'Illinois en 1963. Herbert Brün a composé des œuvres pour orchestre comme Mobile for Orchestra (1958), des œuvres de musique de chambre, dont 3 quatuors à cordes (1953, 1957, 1961), des pièces pour piano, pour clavecin, des ballets, des musiques de scène et de la musique électronique (Anepigraphe, 1958 ; Non sequitur VI, pour instruments et bande, 1966), parfois avec intervention d'un ordinateur (Infraudibles, 1968).

Bruneau (Alfred)

Compositeur français (Paris 1857 – id. 1934).

Sa mère était peintre ; son père, violoniste et éditeur de musique. Entré au Conservatoire de Paris en 1873, il obtint un premier prix de violoncelle en 1876, travailla la composition avec Massenet et remporta le second grand prix de Rome en 1881. Après avoir abordé le théâtre lyrique, en 1887, avec Kerim, il se lia avec Émile Zola et tira d'un roman de ce dernier, le Rêve, un opéra-comique créé salle Favart en 1891. Influencé par le naturalisme littéraire, Bruneau résolut de le transplanter dans l'opéra et précéda dans cette voie Gustave Charpentier, choisissant ses héros parmi les humbles, paysans, ouvriers, soldats. D'abord surpris, le public se laissa conquérir par la sincérité de l'écriture de Bruneau et la noblesse des sentiments exprimés. Il imposa les personnages de Zola sur les scènes de l'Opéra-Comique et de l'Opéra avec l'Attaque du moulin (1893), Messidor (1897), l'Ouragan (1901), l'Enfant-Roi (1905). Après la mort de Zola, il se laissa tenter par des sujets pleins d'humour (le Roi Candaule, 1920) et par un drame historique de Victor Hugo (Angelo, tyran de Padoue, 1928).

   Le langage musical de Bruneau est simple et clair, mais lyrique, capable d'une grande vigueur, avec un don particulier pour évoquer la nature (forêt de l'Attaque du moulin, blés mûrs de Messidor, féerie du Paradou dans sa musique de scène pour la Faute de l'abbé Mouret de Zola). À ses œuvres théâtrales, il faut ajouter quelques pièces symphoniques et de belles mélodies. Bruneau eut aussi une importante activité de critique et de musicographe.

brunette

Brève composition pour 1, 2 ou 3 voix et basse continue sur un sujet galant et champêtre, voire pastoral, en vogue au XVIIIe siècle. La brunette tire son nom de l'idéal féminin de la « petite brune » de la poésie médiévale. Le genre est léger, tendre, et se rattache soit à la forme binaire de l'air de cour, soit à celle de la chanson avec refrain. L'éditeur parisien Christophe Ballard a publié un certain nombre de brunettes dans divers recueils. La brunette poursuivit sa carrière en devenant également instrumentale (flûte, hautbois, violon).