Steibelt (Daniel)
Pianiste et compositeur allemand (Berlin 1765 – Saint-Pétersbourg 1823).
Déserteur de l'armée prussienne en 1784, il mena une vie de virtuose itinérant qui le mena notamment à Paris où il arriva avant la Révolution puis séjourna de façon permanente de 1790 à 1796 , Londres, Vienne (où en 1800 il se mesura au piano avec Beethoven) et de nombreuses villes d'Allemagne. Le 24 décembre 1800, il dirigea devant Bonaparte, qui en se rendant au concert avait failli périr dans l'attentat de la rue Saint-Nicaise, la première parisienne de la Création de Haydn. Il arriva à Saint-Pétersbourg en 1808, et, en 1810, y succéda à Boieldieu au poste de maître de chapelle impérial, qu'il devait conserver jusqu'à sa mort. Il écrivit de nombreux opéras ainsi que de la musique de chambre. Pianiste réputé, il composa pour son instrument d'innombrables pièces brillantes mais en général dénuées de profondeur, ainsi que 8 concertos (1796-1820). Acquirent une popularité particulière le 3e en mi op. 33 (l'Orage, 1799), le 6e en sol mineur (le Voyage au mont Saint-Bernard, v. 1816) et le 7e avec 2 orchestres (Grand Concerto militaire, dans le genre des Grecs, v. 1816). Le finale du 8e en mi bémol fait intervenir les chœurs.
Stein
Famille germano-autrichienne de facteurs d'orgues et de pianos.
Johann Andreas Stein (Heidelsheim 1728 – Augsbourg 1792). Il fut d'abord l'élève de son père, le facteur d'orgues Johann Georg (1687-1754). Il travailla ensuite à Strasbourg avec J. A. Silbermann, puis à Ratisbonne avec P. J. Späth, avant de se fixer en 1751 à Augsbourg avec son frère Johann Heinrich. C'est surtout dans la facture de pianos-fortes qu'il s'illustra, ainsi qu'en témoigne Mozart. Il en perfectionna le mécanisme et inventa divers autres instruments à clavier qui n'eurent pas d'avenir. Il laissa trois enfants.
Maria Anna, dite Nannette (Augsbourg 1769 – Vienne 1833). Elle fut en quelque sorte la démonstratrice des instruments paternels. Elle épousa un autre pianiste, Johann Andreas Streicher, et transféra l'entreprise familiale à Vienne, où elle connut Beethoven dont elle devint l'interprète et l'amie dévouée.
Matthäus Andreas (Augsbourg 1776 – Vienne 1842). Il avait accompagné sa sœur à Vienne et se sépara d'elle en 1802 pour fonder ses propres ateliers. Il eut pour successeur son fils Karl Andreas (1797-1863).
Andreas Friedrich (Augsbourg 1784 – Vienne 1809). Il abandonna très tôt la facture pour une très brève carrière de pianiste et de compositeur.
Stein (Horst)
Chef d'orchestre allemand (Elberfeld 1928).
De 1940 à 1947, il étudie au Conservatoire de Cologne, et en 1947 fait ses débuts en dirigeant des opéras au Théâtre de Wuppertal. De 1951 à 1965, il dirige surtout à Hambourg et au Staatsoper de Berlin, où l'appelle Carlos Kleiber. De 1963 à 1970, il est directeur général de la musique à Mannheim, et en 1969 il dirige Parsifal à Bayreuth, puis le Ring en 1970. À partir de 1975, il est le conseiller musical de Wieland Wagner. Il dirige l'Orchestre de la Suisse romande de 1980 à 1985, avant d'être au pupitre de l'Orchestre symphonique et de l'Opéra de Bâle, de 1987 à 1994. Depuis 1985, il a aussi succédé à Witold Rowicki à l'Orchestre de Bamberg.
Steinecke (Wolfgang)
Critique et administrateur allemand (Essen 1910 – Darmstadt 1961).
Il fonda en 1946 les Cours d'été de Darmstadt pour la Musique nouvelle, et les dirigea ensuite jusqu'à sa mort.
Steinway
Facteurs de pianos allemands et américains.
L'origine de la firme Steinway and Sons, fondée à New York en 1853, est assez curieuse. En effet, Heinrich Engelhard Steinweg (Wolfshagen, Harz, 1792 ou 1797 – New York 1871) eut une vie mouvementée. Dans la province de Saxe, berceau de la facture allemande du piano, il construit son premier instrument en 1835, à Seesen, puis fonde l'année suivante une petite manufacture à Rondenbarg, également dans le Harz.
Pour trouver, sans doute, de nouveaux marchés à ses produits et pour échapper à l'instabilité économique de son pays natal après 1848, Heinrich Steinweg et quatre de ses fils émigrent aux États-Unis en 1850. Le fils aîné, Carl Friedrich Theodor, poursuit alors la direction de la fabrique, en l'installant à Wolfenbüttel et, finalement, en 1859, à Braunschweig, où elle existe toujours sous le nom de Grotrian-Steinweg par suite de l'association conclue en 1858 avec Friedrich Grotrian. De leur côté, Heinrich et ses fils américanisent leur nom, qui devient Steinway pour d'évidentes raisons commerciales, et fondent la maison Steinway and Sons en 1853 à New York, trois ans seulement après leur arrivée, marque d'une grande activité et capacité de travail.
La fabrication s'oriente d'abord vers les grands pianos à queue, mais la fortune du piano carré aux États-Unis est telle, depuis les premiers modèles de J. Berend à Philadelphie en 1775 et les instruments colossaux de Krakauer (plus de deux mètres de long), que les Steinway s'y engagent un peu plus tard, en les portant rapidement à une tessiture (large pour l'époque) de sept octaves. Les innovations techniques ne leur échappent pas, puisqu'ils lancent dès 1855 leurs pianos à cadre acier (full iron). Vers 1860, la firme produit environ 500 pianos par an.
Émigrant à son tour en 1865, Theodor Steinweg abandonne son usine de Braunschweig à Wilhelm Grotrian et prend la place de son père (mort en 1871) à la direction de New York. En quelques années, il multiplie la production par six (3 400 pianos par an vers 1872) et donne à sa société les moyens d'un renom qui ne faiblira pas : présentation du premier piano droit en 1866 ; inauguration à New York, la même année, d'une salle de concerts qui porte son nom, le Steinway Hall ; fondation d'une agence de concerts qui a notamment représenté A. Rubinstein, I. Paderewski et Fr. Kreisler, et, de nos jours, aide encore certains pianistes ; création de filiales à l'étranger, en 1877 à Londres, en 1880 à Hambourg et, en 1909, à Berlin. La fabrication de modèles devenus désuets comme le piano carré est abandonnée en 1888.
La maison Steinway and Sons profite, dans la seconde moitié du XIXe siècle, de l'immense marché américain et peut se consacrer, grâce aux moyens importants dont elle dispose, à la mise au point des grands pianos de concert. Elle ne recherche pas actuellement une production massive de ces instruments (1 500 pianos à queue pour l'Europe en 1981), mais, en se limitant à une clientèle restreinte, elle désire conserver la solide réputation acquise depuis sa création.