Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
M

Mattila (Karita)

Soprano finlandaise (Somero 1960).

Elle est l'élève de Kim Borg à l'Académie Sibelius d'Helsinki. En 1982, elle débute à l'Opéra de la même ville, incarnant la Comtesse des Noces de Figaro. En 1984, elle étudie à Londres avec la grande pédagogue Vera Rosza, qui suit désormais son travail. Sa carrière est essentiellement consacrée au répertoire mozartien. De 1985 à 1990, elle chante sur toutes les grandes scènes européennes les rôles de Donna Elvira, Pamina ou Fiordiligi, qu'elle incarne dans le cycle Mozart de Baremboïm et Ponnelle en 1986. En 1990, elle fait ses débuts au Metropolitan dans Don Giovanni. Depuis 1991, elle rencontre aussi le succès en abordant plusieurs rôles wagnériens.

Maturana (Eduardo)

Compositeur chilien (Valparaiso 1920 – Santiago 2003).

Il fit ses études à l'université de Santiago. Altiste à l'Orchestre philharmonique du Chili, il est commentateur musical des programmmes de la radio. Initié au dodécaphonisme par les écrits de Leibovitz et par Křenek, Juan Carlos Paz et Herbert Eimert, il écrit ses premières pièces (pour piano) en 1947 suivant cette technique qu'il est le premier Chilien à utiliser. Son évolution le conduit ensuite vers la musique concrète et aléatoire. Plus que des œuvres symphoniques (Gamma I, 1962 ; Responso para el commandante Che Guevara, 1968, avec bande enregistrée), son catalogue comprend des partitions de musique de chambre (quatuors, quintette de cuivres, quintette à vent, musique pour flûte et alto, sonates et sonatines pour différents instruments), des pièces pour piano (Aforisticas, 1947-48) ; Valses, 3 pièces brèves sur un air chilien (1947-48) et la musique vocale (Canciones, 1969 ; Retrato, balada y muerte del poeta Teofilo Cid, 1966).

Mauduit (Jacques)

Compositeur français (Paris 1557 – id. 1627).

Mersenne, qu'il aida dans la préparation de la partie musicale de ses ouvrages, nous a laissé sa biographie. Mauduit ne se consacra à la musique qu'après des études de lettres et de philosophie. Il fit de nombreux voyages, notamment en Italie. Sa formation initiale, son amitié pour Ronsard ­ il écrivit le Requiem chanté à ses obsèques en 1585 ­ le conduisirent à s'intéresser à la tentative d'union de la poésie et de la musique et à l'expérience d'une musique mesurée à l'antique proposée par l'Académie de poésie et de musique de Jean-Antoine de Baïf, dont, avec Claude Le Jeune, il devint le principal collaborateur à la mort de Thibaut de Courville en 1581.

   Lors de cette continuation de l'Académie, il mit l'accent sur la recherche des différents moyens d'exécution et écrivit ses Chansonnettes mesurées sur les poésies de De Baïf, une des réussites du genre. Mais ce compositeur se double d'un animateur, dont les qualités d'organisation furent très vite appréciées dans les cérémonies de la semaine sainte du Petit-Saint-Antoine ou dans les fêtes musicales de Notre-Dame pour la Sainte-Cécile. Il joua, d'autre part, un rôle actif dans les ballets de cour sous Henri IV et Louis XIII, y dirigeant notamment des ensembles vocaux et instrumentaux importants. Il composa également des pièces instrumentales pour ces spectacles, par exemple, pour le Ballet de la délivrance de Renaud, auquel collabora aussi Pierre Guédron. On prête à Mauduit d'avoir introduit en France les premières compositions pour un ensemble de violes, et, peut-être, aussi le théorbe, sorte d'archiluth.

   Si l'on croit Mersenne, Jacques Mauduit fut un compositeur fertile. Mais on ne conserve aujourd'hui que 1 fragment de messe de Requiem à 5 voix, 5 psaumes de De Baïf, 4 motets latins, 2 pièces religieuses sur des paroles françaises, les Chansonnettes mesurées (Le Roy et Ballard, 1586), 2 airs publiés dans le 5e Livre de G. Bataille (1614).

Mauersberger (Rudolf)

Compositeur et chef de chœur allemand (Mauersberg, Erzgebirge, 1889 – Dresde 1971).

Il étudia le piano et l'orgue au conservatoire de Leipzig (1912-1914 et 1918-19), occupa divers postes à Aix-la-Chapelle (1919-1925) et en Thuringe, où il donna à l'interprétation de Bach un nouvel essor, et, de 1930 à sa mort, fut maître de chœur à la Kreuzkirche de Dresde. À la tête du célèbre Kreuzchor de cette ville, il effectua en Europe et aux États-Unis de nombreuses tournées, donnant de mémorables interprétations de pages contemporaines de Distler ou de Pepping, mais surtout de l'œuvre de Heinrich Schütz, dont il a laissé des enregistrements, en particulier de la Geistliche Chormusik de 1648. Comme compositeur, Mauersberger a écrit notamment une Passion selon saint Luc (1947) et un Dresdner Requiem pour 3 chœurs a cappella, voix de garçons solistes, instruments à vent et orgue (1948), donné tous les ans par le Kreuzchor le 13 février, jour anniversaire du bombardement de Dresde en 1945.

Maugars (André)

Violiste français (Paris v. 1580 – id. v. 1645).

En 1620, il se rendit en Angleterre et entra à la musique du futur roi Charles Ier. Revenu en France en 1625, il fut engagé par Richelieu et devint bientôt l'un des violistes virtuoses les plus célèbres de France. Il voyagea en Espagne, puis en Italie, où il écrivit sa Réponse faite à un curieux sur le sentiment de la musique d'Italie, datée à Rome le 1er octobre 1639. Ce violiste, dont Mersenne et Jean Rousseau vantèrent la virtuosité, ne composa aucune œuvre pour son instrument.

Maurane (Camille)

Baryton français (Rouen 1911).

Il fut l'élève de Claire Croiza au Conservatoire de Paris. Doué d'une voix de baryton claire et légère, il a surtout fait carrière au concert, où sa musicalité, son intelligence, sa diction parfaite l'ont affirmé comme un des meilleurs interprètes de la mélodie française, tout de suite après la guerre. Au théâtre, il fut un interprète remarqué du rôle de Pelléas, auquel son registre vocal et son expressivité convenaient particulièrement.

Maurel (Victor)

Baryton français (Marseille 1848 – New York 1923).

Il étudia au Conservatoire de Paris, et fit ses débuts à l'Opéra dans les Huguenots en 1868 (rôle de Nevers). Il s'éleva peu à peu aux rôles importants et commença une carrière internationale : Saint-Pétersbourg, Le Caire, Venise, puis Milan. Il débuta à la Scala en 1870, dans Il Guarany de Gomez. En 1887, Verdi le choisit pour créer Iago dans Othello et Falstaff en 1893. Entre-temps, il aborda Wagner, créant Telramund de Lohengrin et le Hollandais du Vaisseau fantôme à Londres en 1875 et 1878. Sa voix n'était pas exceptionnelle, mais il s'en servait avec un art extrême et son talent d'acteur était considérable. Il termina d'ailleurs sa carrière dans le théâtre parlé. À partir de 1909, il enseigna le chant à New York. Il a écrit plusieurs ouvrages sur le chant, la mise en scène, ainsi qu'une autobiographie, À propos de la mise en scène du drame (Rome, 1888), Dix Ans de carrière (Paris, 1897 ; rééd., 1977).