Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Bretón y Hernández (Tomás)

Compositeur espagnol (Salamanque 1850 – Madrid 1923).

Il fit ses études à Salamanque, puis avec Arrieta à Madrid où, en 1901, il fut nommé professeur de composition au conservatoire royal. Pablo Casals et Manuel de Falla furent ses élèves. Bretón fut également chef d'orchestre, théoricien et directeur de plusieurs scènes lyriques.

   On lui doit de la musique de chambre très soignée et harmoniquement très audacieuse pour l'époque (un trio en mi, 3 quatuors à cordes, un quintette avec piano, un sextuor pour instruments à vent), un concerto pour violon dédié à la mémoire de Sarasate, de la musique symphonique de caractère descriptif, méritant souvent le qualificatif de « préimpressionniste » (Scènes andalouses, Salamanque, À l'Alhambra), et un oratorio, l'Apocalypse (1882). Mais Bretón doit surtout sa renommée à une dizaine d'opéras (Los Amantes de Teruel, 1889 ; La Dolores, 1895 ; Raquel, 1900 ; etc.) et davantage encore à une trentaine de zarzuelas, dont La Verbena de la paloma (1894). Dans ces deux genres, il s'évade, au moins en partie, du style italianisant à la manière d'Arrieta pour réaliser un type d'ouvrages lyriques spécifiquement espagnol, adaptant à la langue castillane une ligne mélodique, qui en souligne les inflexions avec naturel.

Bréval (Bertha Agnès Schilling, dite Lucienne)

Soprano française (Berlin 1869 – Neuilly-sur-Seine 1935).

Elle étudia le piano aux conservatoires de Lausanne et de Genève, puis le chant à celui de Paris. Elle débuta à l'Opéra de Paris, en 1892, dans le rôle de Selika de l'Africaine de Meyerbeer, et fit une carrière internationale, tout en demeurant essentiellement fidèle à l'Opéra de Paris, où elle fut la créatrice, notamment de trois rôles wagnériens : Brünnhilde (la Walkyrie), Eva (les Maîtres chanteurs de Nuremberg), Kundry (Parsifal).

   Elle participa à plusieurs créations mondiales, dont celle de Pénélope de Fauré, en 1913, à Monte-Carlo. Elle se retira, en 1921, pour se consacrer à l'enseignement. Valentine dans les Huguenots de Meyerbeer et Chimène dans le Cid de Massenet furent deux autres rôles célèbres de cette chanteuse à la voix ample et au timbre splendide.

Bréval (Jean-Baptiste)

Violoncelliste et compositeur français (Paris 1756 – Chamouille, Aisne, 1825).

Soliste virtuose, il se produisit souvent au Concert spirituel. Il fut aussi renommé pour ses qualités de pédagogue et de compositeur. Il publia un Traité du violoncelle (Paris, 1804). Son œuvre, très abondante, d'une écriture élégante et habile, mais sans profondeur, garde un intérêt pédagogique. Elle comprend des concertinos, concertos, symphonies concertantes, des quatuors, duos, sonates et autres pièces de musique de chambre.

brève

1. Valeur de note depuis longtemps en désuétude, mais qui s'est maintenue dans les solfèges jusqu'au milieu du XXe siècle en désignant paradoxalement la plus longue des valeurs écrites, avec en principe la valeur de deux rondes ; son signe de silence était le bâton entre les lignes 3 et 4 de la portée.

   Ce paradoxe s'explique par l'histoire. À la fin du XIIe siècle, dans les débuts de la notation proportionnelle, les deux seules valeurs étaient la longue et la brève. Par la suite, et dès le XIIIe siècle, on n'a cessé de subdiviser ces deux valeurs primitives, sans pour autant modifier leurs noms. Semi-brève, minime, fusa, semi-fusa sont apparues ; mais, au fur et à mesure, on transportait chaque fois sur les nouvelles valeurs le tempo moyen des anciennes, qui se sont trouvées ainsi de plus en plus allongées, de telle sorte que, dès le XVe siècle, la brève, sans cesser de s'appeler ainsi, se trouvait la plus longue des valeurs usuelles, l'ancienne longue ne servant plus guère que de note finale équivalant à un point d'orgue.

   D'abord simple point noir, la brève s'est évidée au XIVe siècle pour devenir le carré de la notation blanche. Au XVIIe siècle, ce carré était devenu une ronde enserrée entre deux traits verticaux.

   Jusqu'au XVIIIe siècle, certains mouvements s'écrivaient exceptionnellement dans leurs valeurs antérieures plus longues, qui reprenaient alors leur tempo ancien plus rapide, ce que l'on appelait, selon les cas, alla breve ou alla semibreve.

2. En métrique, la brève, unité de scansion indivisible, se note par un demi-cercle ouvert vers le haut (

). Ce signe est également utilisé dans la notation musicale grecque classique, mais généralement sous-entendu, seules étant notées les longues de diverses sortes.

bréviaire (lat. breviarium, « abrégé »)

Livre contenant, sous une forme portative, généralement sans notation musicale, l'office que les clercs sont tenus chaque jour soit de réciter, soit au moins de lire à voix basse.

Apparu vers le XIe siècle, l'usage du bréviaire s'est surtout développé au XIIIe, contribuant à favoriser la récitation individuelle de l'office au détriment de sa récitation collective, et a été généralisé à partir du XVe siècle. À la suite du concile Vatican II, un bréviaire allégé a été approuvé en 1969.

Bréville (Pierre Onfroy de)

Compositeur français (Bar-le-Duc 1861 – Paris 1949).

D'abord destiné à la carrière diplomatique, il fit ses études musicales avec Théodore Dubois, puis avec César Franck. Il enseigna au Conservatoire de Paris et à la Schola cantorum et fut aussi critique musical et président de la Société nationale de musique. Wagnérien de la première heure, il ne refusa cependant pas l'influence de Franck et de Debussy. Son œuvre se réclame d'une inspiration élégante et d'une grande vertu expressive, dont le meilleur témoignage est sans doute son cahier de mélodies (plus de cent). Bréville fut, avec d'lndy, Chausson, Coquard et Samuel-Rousseau, l'un des compositeurs qui terminèrent l'orchestration de l'opéra de Franck Ghisèle. Il a laissé également une Histoire du théâtre lyrique en France.

Brian (Havergal)

Compositeur anglais (Dresden, Staffordshire, 1876 – Shoreham, Sussex, 1972).

Largement autodidacte, il est surtout connu pour ses trente-deux symphonies, dont vingt-deux furent écrites à partir de 1954, et dix à partir de 1965. Beaucoup ne furent créées qu'après sa mort. La monumentale Première (1919-1927), dite The Gothic (pour chanteurs solistes, plusieurs chœurs dont un chœur d'enfants, quatre fanfares de cuivres et très grand orchestre), fut donnée pour la première fois par des amateurs en 1961 et par des professionnels en 1966. Longtemps considéré comme perdu, son opéra The Tigers (1916-1919, orchestré en 1928-29) fut retrouvé en 1977 et créé à la BBC en 1983. Il pratiqua également la critique musicale.