Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
F

Féron (Alain)

Compositeur français (Dakar 1954).

Élève d'Ahmed Essyad (1981), il inscrit son travail et sa réflexion dans la descendance de Schönberg, écrivant une musique dodécaphonique mais non sérielle, atonale mais usant de colorations modales. Il a assumé de 1984 à 1986 la responsabilité de la série « Perspectives du XXe siècle » à Radio France et a été en 1991 boursier « hors les murs » de la Villa Médicis. Il a composé une vingtaine d'œuvres, parmi lesquelles Charades pour ensemble instrumental (1982), l'opéra de chambre la Barrique d'Amontillado d'après Edgar Poe (1984), Liturgie des morts pour sextuor vocal et ensemble instrumental « In memoriam Claude Vivier » (1987), Trois Motets pour chœur a cappella (1990), l'opéra l'Ève future d'après Villiers de L'Isle Adam (1993), l'opéra pour marionnettes le Trésor de la nuit pour soprano, ténor, baryton, clarinette, violon, violoncelle et piano (1995).

Ferrabosco

Famille de musiciens d'origine italienne.

La plupart de ses membres vécurent en Angleterre et jouèrent un rôle important dans l'évolution de la musique dans ce pays au XVIIe siècle.

 
Domenico Maria, compositeur italien (Bologne 1513 – id. 1574). D'abord musicien dans sa ville natale, puis au Vatican, il fut chantre à la chapelle papale de 1550 à 1555. Il a laissé des madrigaux (pub. Venise, 1542) et des motets.

 
Alfonso I, compositeur italien, fils aîné de Domenico (Bologne 1543 – id. 1588). De nombreux détails de sa vie assez aventureuse et de ses voyages nous sont connus par l'abondante correspondance qu'il a laissée. Malgré une position bien établie en Angleterre, où il résida de 1562 à 1578 et où il fut musicien à la cour de la reine Élisabeth, il passa les dix dernières années de sa vie en Italie, laissant ses fils à Greenwich. Il a écrit de nombreux madrigaux, des motets, un miserere, des lamentations et quelques pièces pour luth. Son art fut très apprécié de ses contemporains qui l'ont souvent comparé à William Byrd. Plusieurs de ses madrigaux, avec des textes traduits en anglais, figurent dans le célèbre recueil intitulé Musica transalpina (2 vol., 1588, 1597).

 
Alfonso II, appelé le Jeune, compositeur anglais, fils illégitime du précédent (Greenwich v. 1575 – id. 1628). Il dut son éducation musicale à Gomer Van Awsterwycke, musicien émigré à la cour d'Élisabeth. Après la mort de son maître (1592), Ferrabosco entra au service de la reine. En 1604, il devint l'un des musiciens du nouveau roi Jacques Ier et eut la charge d'enseigner la musique au prince Henri. À cette époque, il commença à collaborer avec Ben Jonson et Inigo Jones à la composition des masques somptueux représentés à la cour des Stuarts. Entre 1605 et 1622, il écrivit la musique de huit masques, dont le premier fut The Masque of Blackness et le dernier The Masque of Augurs, à l'élaboration duquel participa également Nicholas Lanier. En 1609, il publia un livre de pièces exclusivement instrumentales : Lessons for 1. 2. and 3 Viols (Londres). À la mort du prince Henri en 1612, Ferrabosco conserva son poste à la cour et dut désormais donner des leçons au prince Charles. À partir de cette date, sa renommée de compositeur sembla avoir été éclipsée par celle de John Coprario. Cependant, après la mort de Coprario (1626), Alfonso II fut nommé compositeur ordinaire auprès du roi Charles Ier. Il mourut deux années plus tard. De son mariage avec Ellen, fille de N. Lanier, Ferrabosco eut sept enfants, dont trois fils qui devinrent musiciens : Alfonso (mort avant 1660), Henry (mort en 1658) et John (mort en 1682).

   Alfonso Ferrabosco II a laissé des œuvres vocales et instrumentales. Les premières comprennent des ayres, 13 motets, un recueil de Lamentations, un motet à 4 voix, un autre à 3 voix, quelques antiennes ainsi que 23 madrigalettes à 4 voix. Les secondes se composent de fantaisies (23 à 4 violes), de danses (almains, pavans), de In nomine (3 à 5 et 2 à 6) pour violes, et de quelques pièces pour la lyra-viol ; avec Coprario, il fut le premier à écrire pour cet instrument.

Ferrari (Luc)

Compositeur français (Paris 1929 – Arezzo, Italie, 2005).

Après un apprentissage musical multiple et varié (École normale de musique, rencontre de Varèse, lecture de Leibowitz, etc.), il commence à composer dans un style bartokien ou sérialisant mais déjà marqué par le dynamisme bouillonnant et la vitalité qui parcourent toute sa production. Parmi ses premières œuvres instrumentales, citons Antisonate (1953) pour piano, et la série des Visages I à IV pour diverses formations de chambre. En 1958, il entre au Groupe de recherches musicales de la R. T. F., dirigé par Pierre Schaeffer. Pendant quelques années, Ferrari en est le jeune touche-à-tout doué et brillant, avec des œuvres électroacoustiques comme Visage V (1961) ou Tautologos I (1961) et II (1961). Dans ces deux dernières pièces s'annonce déjà le principe de répétition qui prendra dans son œuvre une importance croissante. Avec Hétérozygote (1964), qui est demeuré un classique de la musique électroacoustique, il ose réintroduire dans la « musique concrète » l'usage longtemps prohibé (sauf chez Pierre Henry) des sons naturalistes, anecdotiques. Il fera de même dans Music Promenade (1969) et les 2 Presque rien (1970, 1977).

   En 1963, Ferrari quitte le G. R. M. et diversifie ses activités : cours de composition à l'étranger, notamment en Allemagne, pays qui l'accueille plusieurs années ; animation, émissions de télévision. Il se remet à l'instrumental : Flashes (1963) pour 14 instruments, Symphonie inachevée (1963-1966) pour orchestre, Und so Weiter (1966) pour piano et bande, etc. Dans la série des Sociétés I à VI, différentes situations de jeu explorent les relations entre chef, instrumentistes, instruments et même public (par ex. dans Société V, Participation or not Participation, pour différents groupes de public).

   Ferrari remet en question de plus en plus nettement la musique, en tant que phénomène de communication, et en tant que catégorie esthétique vouée au « beau ». Il se veut de plus en plus fabricant de témoignages. Ses musiques sont faites avec des moyens pauvres et recherchent une nouvelle simplicité subversive. Ce sont parfois des bandes magnétiques jouant le rôle de supports, d'incitations pour des improvisations instrumentales laissées à la liberté des exécutants (Éphémères, 1975 ; Et tournent les sons dans la garrigue, 1977). D'autres travaux sont constitués de montages audiovisuels qui mettent en accusation la société moderne ou enquêtent sur des expériences de révolution : Allo, ici la terre (1972), Labyrinthe de violence (1975) ou la série des Algéries. D'autres enquêtes plus intimes sont réservées à la bande magnétique seule, avec des éléments musicaux simples et répétitifs : Journal d'un journaliste amateur (1972), Danses organiques (1973).

   Dans ses œuvres récentes s'affirme un Ferrari épanoui, dynamique, qui joue avec bonheur et efficacité des « armes » musicales les plus simples : rythmes obsédants, procédés de développement par répétition. Deux de ses œuvres les plus populaires dans cette voie sont Musique socialiste ou Programme commun (1972) pour clavecin et bande, et Cellule 75 (1975) pour piano, percussion et bande. Citons encore Histoire du plaisir et de la désolation pour orchestre (1982), En un tournement d'amour pour orchestre (1986), l'opéra Labyrinthe Hôtel (Strasbourg, 1990), Cahier du soir (1991-1992), Pénétration harmonique (1995).