Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

Crawford-Seeger (Ruth)

Femme compositeur et folkloriste américaine (East Liverpool, Ohio, 1901 – Washington 1953).

Elle a fait ses études au conservatoire de Chicago, puis à New York avec Charles Seeger, qu'elle épousa en 1931. Installée avec son mari à Washington, en 1935, elle y réalisa, à partir de 1937, plusieurs milliers de transcriptions d'airs populaires américains, d'après des enregistrements de la bibliothèque du Congrès, et composa des accompagnements de piano pour environ 300 d'entre eux, visant ainsi à développer, grâce au folklore, les méthodes d'enseignement musical pour enfants. Comme compositeur, elle a témoigné d'une certaine audace au sein des formes traditionnelles, en particulier par les tournures quasi sérielles de son quatuor à cordes (1931). Outre ses 8 volumes de chants folkloriques, elle a laissé, notamment, une suite pour quintette à vent et piano (1927, 1re audition Cambridge, Mass., 14 déc. 1975), une autre pour piano et cordes (1929), 2 Ricercari pour voix et piano (1932), une suite pour quintette à vent (1952) et des mélodies.

crécelle

Instrument à percussion de la famille des « bois ».

À la différence du jouet du même nom, dont le manche est solidaire d'une molette fixe et qu'on fait tourner à la manière d'une fronde, c'est la molette qui tourne, actionnée par une manivelle. L'autre main tient l'instrument et peut faire varier la pression des lames de bois sur la molette.

credo

Mot initial traditionnel de plusieurs textes latins dits symboles (du grec sun-ballo, « réunir »), destinés à condenser dans le minimum de mots l'essentiel du dogme catholique, en vue de sa mémorisation et de sa récitation.

Le plus ancien Credo, dit Symbole des Apôtres, a été l'objet de diverses additions lors des conciles successifs (Nicée 325, Constantinople 380), et, sous cette forme simplifiée, introduit dans l'ordinaire de la messe d'abord sur ordre de Charlemagne dans ses États en 798, puis officiellement au XIe siècle, d'abord récité, puis chanté. Le célébrant chantait l'intonation, les fidèles reprenaient au mot Patrem, de sorte que, dans de nombreuses messes polyphoniques, la musique n'est composée qu'à partir de ce mot. Dans les livres de chant grégorien, le Credo n'est habituellement pas inclus dans les groupements de messes musicales, mais y figure à part ; on lui connaît une dizaine de mélodies, dont 4 seulement sont cataloguées dans les livres usuels (encore la deuxième n'est-elle qu'une variante de la première) ; la troisième n'est pas antérieure au XVe siècle : elle fait sans doute corps avec le Kyrie et le Gloria d'une messe d'origine anglaise dite pour cette raison messe des Angles, ce qu'une déformation populaire a travesti en messe des anges. Le Credo 4 serait, selon certains, la partie de ténor d'une composition polyphonique de l'Ars nova, à 2 ou 3 voix selon les versions. Dans les messes en plain-chant composées au XVIIe siècle par plusieurs maîtres de chapelle (les plus connues sont celles d'Henri Dumont), le Credo est traité au même titre que les autres pièces. L'ancien usage gallican remplaçait credo par le pluriel credimus.

   En ce qui concerne la polyphonie, avant l'ère de composition des messes unitaires, le Credo (Patrem) a été assez rarement mis en musique avant le XIVe siècle, mais fréquemment depuis cette période. Après quoi, il figure normalement dans la grande majorité des messes polyphoniques, de même que, à partir du XVIIe siècle, dans les messes avec orchestre (à l'exception des messes de requiem) ; il y est parfois découpé, en raison de sa longueur, en plusieurs morceaux successifs, auquel cas, traditionnellement, la musique présente un caractère recueilli à l'approche des mots Et homo factus est, sur lesquels le roi Saint Louis avait introduit l'usage de s'agenouiller, dramatique pour le Crucifixus, triomphant pour Et resurrexit. La conclusion Et vitam venturi saeculi, amen, à partir du XVIIIe siècle, est fréquemment un final fugué, analogue à la péroraison du gloria (Cum sancto spiritu). Dans sa Messe de Gran, Liszt donne un commentaire théologique très personnel en introduisant, contrairement à l'usage, le caractère dramatique de la Crucifixion dès l'annonce de l'Incarnation.

   Pour adapter le Credo à son usage, la Réforme l'a traduit en strophes de choral (Luther en allemand, Calvin en français après Clément Marot) en s'inspirant de la mélodie du Credo 3. C'est sous cette forme (Wir glauben all in einen Gott) que le Credo prend place parmi les chorals d'orgue de Bach et de ses congénères.

Crémone (luthiers de)

Ville renommée surtout pour son école de lutherie.

C'est là que naquit et travailla le premier des Amati, Andrea (v. 1505-1579) avec ses fils Antonio et Girolamo. Le plus célèbre des Amati fut Nicola, fils de Girolamo, et le maître de Andrea Guarneri, premier nom de cette famille qui atteignit le meilleur d'elle-même avec Bartolomeo Giuseppe, dit « Del Gesù ». Également lié aux Guarneri et l'un des plus grands luthiers italiens, Antonio Stradivari fut aussi élève de Nicola Amati. Crémone possède aujourd'hui une remarquable bibliothèque musicale, léguée par le musicologue Gaetano Cesari.

Créquillon (Thomas)

Compositeur franco-flamand († Béthune ? 1557).

Sa vie est mal connue. Membre de la chapelle bruxelloise de Charles Quint à partir de 1540 environ, chanoine de Termonde, puis de Béthune, il mourut peut-être victime de l'épidémie de peste qui ravagea la ville en 1557. Particulièrement à l'aise dans le genre du motet où s'épanouit son style postjosquinien (il en laissa 116), il aima les développements mesurés, un contrepoint judicieusement aéré, les longues phrases mélodiques, et se soucia du sens du texte. L'écriture de ses chansons, au nombre de 192 (ce nombre, supérieur à celui de ses motets, est un trait remarquable pour un flamand), se ressentit de cette influence. Créquillon écrivit aussi 16 messes, 5 psaumes et des lamentations.

crescendo (ital. crescere, « augmenter »)

1. Indication de nuance qui commande l'augmentation progressive de l'intensité sonore, par exemple de piano (p) à fortissimo (ff), et qui peut aussi bien s'appliquer à quelques notes qu'à un grand nombre de mesures (la totalité de l'œuvre en ce qui concerne le Boléro de Ravel). Son symbole graphique est un angle aigu couché sous la portée, la pointe du côté gauche (S). Son contraire est decrescendo. Avant que le mot lui-même n'apparaisse dans la terminologie musicale (début XVIIIe s.), l'effet auquel il correspond était employé, désigné dans les partitions par des expressions telles que piano, un poco forte, più forte.

2. Associé à l'opéra italien du début du XIXe siècle, ce terme est devenu synonyme d'un procédé d'orchestre consistant à répéter de nombreuses fois une phrase musicale assez courte (deux ou quatre mesures) ou un fragment de cette même phrase, le crescendo étant obtenu non par l'accroissement de sonorité de chaque exécutant, mais par l'adjonction de nouveaux instruments à chaque répétition du thème. Ce procédé, dont Giuseppe Mosca et Pietro Generali revendiquèrent l'« invention », fut employé avec succès par Mayr et popularisé par Rossini (surnommé « Monsieur Crescendo »), qui l'utilisa non seulement dans ses ouvertures d'opéra (après l'exposition du second thème), mais également dans l'accompagnement orchestral des arias.