Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

Comes (Juan Bautista)

Compositeur espagnol (Valence 1568 – ? 1643).

Élève de Juan Ginés Pérez (dont Felipe Pedrell a publié des psaumes, messes, motets et un magnificat à double chœur), il débuta comme maître de chapelle à Lérida. En 1605, il revint à Valence avec les mêmes fonctions et comme maître de musique au Collegium corporis Christi. Il y resta jusqu'à sa nomination comme maître de chapelle de la cour à Madrid (1619), puis retourna en 1628 dans sa ville natale.

   Comes fut le meilleur représentant de l'école valencienne par ses compositions sacrées, dont quelques-unes sont de vastes proportions (de 4 à 17 voix, parfois à double chœur) et s'accompagnent d'un effectif instrumental exceptionnellement important. Certaines furent publiées en 1869, dans la Lira Sacro-Hispana de Don Hilarion Eslava, et en 1888, par Don Juan-Bautista Guzman, bénédictin de Montserrat et maître de chapelle de la cathédrale de Valence. Mais la plupart demeurent encore en manuscrit.

Comettant (Jean-Pierre Oscar)

Compositeur et critique musical français (Bordeaux 1819 – Montivilliers, Seine-Maritime, 1898).

Élève de Carafa au Conservatoire de Paris, il composa quelques pièces pour piano et des œuvres de musique religieuse. Après un séjour aux États-Unis (1852-1855), il revint à Paris, où, en 1871, il fonda un institut musical. Critique musical au Siècle, il fut de ceux qui, lors de la création de Carmen, méconnurent le génie de Bizet, mais il eut un rôle important de vulgarisateur en présentant au grand public, de manière claire et vivante, des informations touchant à la musique, à la musicologie et aux instruments.

Principaux écrits : la Propriété intellectuelle (1858) ; Histoire d'un inventeur au XIXe siècle : Adolphe Sax (1860) ; la Musique, les musiciens et les instruments de musique chez les différents peuples du monde (1869) ; les Compositeurs illustres de notre siècle (1883) ; Un nid d'autographes (1886).

comma

Intervalle très petit, mais très perceptible par une oreille, même non exercée.

Dans la différence entre le demi-ton diatonique et le demi-ton chromatique, le second est plus grand d'un comma que le premier. L'intervalle d'un ton entier a la valeur de neuf commas, le demi-ton diatonique est égal à quatre commas et le demi-ton chromatique à cinq commas. On appelle aussi comma pythagoricien la différence, ou l'intervalle, entre le si dièse et le do lorsque le premier est obtenu par la succession de douze quintes (CYCLE DES QUINTES), et le second par la succession de sept octaves.

Commette (Édouard)

Organiste et compositeur français (Lyon 1883 – id. 1967).

Après avoir étudié à Paris, notamment sous la direction de Widor, il retourna dans sa ville natale, où il fit toute sa carrière, y étant titulaire des principales tribunes, et, enfin, de la primatiale Saint-Jean (1904). C'est sur cet orgue qu'il a été le premier en France à enregistrer au disque des œuvres de Bach. Il a publié quatre recueils de pièces d'orgue, et composé de la musique religieuse, des mélodies et des œuvres pour piano.

communion

Chant ou morceau d'orgue accompagnant ou suivant l'acte liturgique de ce nom au cours de la messe.

1. À l'origine, comme pour l'introït, le chant de la communion consistait dans des versets de psaumes encadrés d'une antienne ; cette forme a été conservée dans la messe de requiem. Le psaume a ensuite disparu pour ne laisser en place que l'antienne, chantée par le chœur ou lue par le prêtre après le rangement des vases liturgiques de la communion.

2. Le temps de la communion, variable lorsque celle-ci est distribuée aux fidèles, constituait dans la messe d'orgue, avec l'entrée, l'introït et la sortie, l'un des moments privilégiés laissés à la disposition de l'organiste, d'où, surtout à partir du milieu du XIXe siècle, la prolifération de morceaux d'orgue, généralement de mouvement modéré et de caractère mélodique, destinés à cet emploi et en prenant souvent le nom. Dans la messe avec chœurs, au contraire, le temps de la communion était généralement soit pris sur l'exécution des morceaux placés avant ou après elle, soit meublé par des chants de provenance diverse, de sorte qu'il n'existe dans ce répertoire que peu de morceaux spécifiques de ce nom. Il en est de même dans le culte protestant, où l'on chante des cantiques de communion pris dans le répertoire général, sans qu'ils constituent un genre à part.

Compenius

Famille d'organiers et organistes allemands originaires de Hesse, actifs de 1580 à 1670.

Des huit Compenius recensés, le plus célèbre est Esaias 1 (1560-1617), dont un précieux petit instrument à tuyaux de bois a été transféré par lui-même au château danois de Frederiksborg, où il est demeuré intact et accordé au tempérament inégal. C'est le seul vestige de l'art d'une dynastie qui domina l'Allemagne du XVIIe siècle, où elle installa de nombreux instruments riches en jeux de détail. Ami de Praetorius, Esaias Compenius fut aussi un théoricien écouté et rédigea un traité de facture d'orgues.

Compère (Louis, dit Loyset)

Compositeur français ( ? v. 1450 – Saint-Quentin 1518).

Formé à la cathédrale de Saint-Quentin, il parfit son éducation musicale au contact de l'Italie en entrant comme chantre au service du duc Sforza de Milan (1474). Il y côtoya Josquin Des Prés, Agricola, Gaspard Van Weerbeke. Il fut chantre ordinaire du roi de France, Charles VIII, en 1486, puis on le trouve à Cambrai en 1498, à Douai en 1500, et enfin à Saint-Quentin où il fut chanoine.

   Loyset Compère a laissé quelques témoignages de ses compositions religieuses. Ce ne fut pas un hasard s'il cita, dans son motet Omnium bonorum plena, Dufay comme son premier maître, puis Busnois, Tinctoris, Ockeghem, Josquin… Il avait, en effet, été formé dans l'esprit de l'école bourguignonne : ses deux messes (l'Homme armé et Allez regrets sur une chanson de Hayne Van Ghizeghem) et bien des motets s'y rattachent. D'autres pages portent la marque de son séjour en Italie ; ses préoccupations s'apparentent à celles de Weerbeke, mais son discours est souvent morcelé car le compositeur développe peu ses idées. Pour cette raison, peut-être, Compère fut avant tout un compositeur de chansons. Grâce à ces dernières, il compta parmi les musiciens les plus importants des années 1500 et figura en bonne place dans les premiers recueils d'O. Petrucci à Venise. Il reprit parfois l'écriture à 3 voix de la chanson bourguignonne sur des formes fixes et la chanson de style motet sur des teneurs liturgiques (Male bouche, le corps). Déjà s'y manifeste son goût pour les imitations et la progression des voix par deux (superius et ténor dans Venez regrets et Royne du ciel) ou le canon (Un franc archer). Il y a chez lui une simplicité générale du propos. Ses chansons à 4 voix, équilibre nouveau de l'époque de Josquin, font fréquemment usage d'une technique parlando (Je suis amie du fourrier, l'Autre Jour) ou de la répétition, par exemple, dans Et dont revenez-vous où 10 syllabes sont sur le même degré la. Compère ne dédaigna pas la satire (Nous sommes tous de l'ordre de saint Babouin) ni même la grivoiserie (Une plaisante fillette) et la plupart de ses pages débordent de gaieté, d'humour.