Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
P

pastourelle

1. Genre en honneur au XIIIe siècle dans les chansons de trouveurs, dont le sujet est la rencontre d'une bergère avec un chevalier qui lui fait la cour, et parfois cherche à l'enlever ; tantôt la bergère consent, tantôt elle résiste, appelant à l'aide son ami et d'autres paysans. La première partie du Jeu de Robin et Marion d'Adam de la Halle (v. 1282) est une adaptation théâtrale parlée du thème de la pastourelle, avec insertion de « refrains » chantés empruntés au répertoire de l'époque. On attribue au roi Saint Louis une « pastourelle pieuse » adaptant ce même thème par parodie à la rencontre mystique du chrétien avec la Vierge.

2. Genre populaire de représentation théâtrale,parfois chantée en tout ou en partie, mettant en scène des bergers recevant des anges l'annonce de la naissance du Christ. La tradition, très répandue, surtout dans les pays méridionaux, en est certainement très ancienne, mais difficile à dater, et les textes conservés peuvent remonter à des époques très variables. On dit aussi pastorale.

Patti (Adelina)

Soprano italienne (Madrid 1843 – château de Croig-y-Nos, pays de Galles, 1919).

C'est la plus ancienne cantatrice dont on possède des disques, réalisés il est vrai alors qu'elle avait soixante ans, et aussi, peut-être, celle qui fit la carrière la plus longue, puisqu'elle débuta à New York dans le rôle de Lucia di Lamermoor en 1859 et paraissait encore dans un concert de charité en 1910. Adelina Patti connut une célébrité inouïe dans le monde entier. Sa voix allait du do grave au contre fa aigu, et elle vocalisait avec une extrême agilité, ce qui lui permit d'aborder avec un même bonheur des rôles coloratur, comme Lucia ou Amina dans la Somnambule de Bellini, et dramatiques, comme Aïda ou Leonora d'Il Trovatore de Verdi. Elle excellait aussi dans Juliette et Marguerite de Gounod. Son timbre était admiré, pour sa richesse autant que pour sa clarté. C'est pour la jeune Adelina Patti que Rossini adapta la partie de Rosine du Barbier de Séville, primitivement écrit pour un mezzo-soprano. Son émission était d'une égalité parfaite, mais ses détracteurs lui reprochaient de manquer de tempérament artistique.

Patzak (Julius)

Ténor autrichien (Vienne 1898 – Rottach-Egern, Bavière, 1974).

Il étudia à Vienne avec Guido Adler et E. Mandyczewski, mais fut autodidacte en ce qui concerne le chant. Après ses débuts en 1926, il chanta à l'Opéra de Munich de 1928 à 1945, puis à l'Opéra de Vienne de 1946 à 1959, et fut également invité au festival de Salzbourg (1943 et 1945). Son répertoire, très étendu, incluait aussi bien l'opéra que l'oratorio et le lied. Considéré comme un spécialiste de Mozart, il interpréta également Bach, Haydn, Beethoven, Moussorgski, Verdi, Mahler et Puccini. Il enseigna à l'Académie de musique de Vienne et au Mozarteum de Salzbourg.

Paumann (Conrad)

Organiste, luthiste, compositeur et pédagogue allemand (Nuremberg v. 1415 – Munich 1473)

Aveugle de naissance, il fit toute sa carrière comme organiste, à Nuremberg d'abord (1446-1450), puis à Munich, au service des ducs de Bavière. Considéré comme le plus fameux musicien allemand de son siècle, il connut une grande gloire ; ayant joué avec succès devant les grands de ce monde, plusieurs souverains cherchèrent à l'attirer à leur cour, mais il demeura en Bavière, qu'il ne quitta que pour un voyage en Italie qui le fit séjourner à Mantoue en 1470. Il a peu composé, et l'on ne connait guère de lui que quelques pièces figurant dans le Buxheimer Orgelbuch (« Livre d'orgue de Buxheim »).

   Mais c'est surtout par son enseignement et par sa théorie de la musique qu'il a exercé une influence profonde sur ses successeurs. On doit à la rédaction de l'un de ses élèves le Fondamentum organisandi Magistri C. P. Ceci de Nuremberga (« Bases de l'art de l'orgue », de Conrad Paumann l'aveugle de Nuremberg ; 1452). Paumann y montre les façons d'improviser à deux et à trois voix à partir d'un chant donné, et de l'orner de manières très variées. On lui doit aussi vraisemblablement l'invention de la tablature de luth allemande.

Paumgartner (Bernhard)

Chef d'orchestre, musicologue et compositeur autrichien (Vienne 1887 – Salzbourg 1971).

Il fait ses études à Vienne avec B. Walter (théorie et direction d'orchestre), R. Dienzl (piano) et K. Stiegler (cor). Il obtient un doctorat de droit en 1911 et est alors répétiteur à l'opéra pendant un an. Il dirige le Wiener Tonkunstlerorchester de 1914 à 1917 (tout en travaillant au ministère de la Guerre), puis part à Salzbourg, où il devient l'une des grandes personnalités musicales. Directeur du Mozarteum de 1917 à 1938, puis de 1945 à 1953, il fonde en 1952 la Camerata academica et dirige de 1960 jusqu'à sa mort le festival de Salzbourg dont il est l'un des cofondateurs. La plupart de ses publications concernent Mozart. Il écrit en 1927 une biographie du compositeur et édite plusieurs de ses œuvres ainsi que la correspondance de Leopold Mozart avec sa fille (1936). Il est, en outre, l'auteur de biographies de Schubert (1943) et Bach (1956), et a également fait des recherches sur la musique baroque italienne.

   Enfin, il a composé de la musique pour la scène et des opéras, et joué un rôle pédagogique certain à Salzbourg, où H. von Karajan a été de ses élèves.

pause

Signe indiquant un silence d'une mesure entière, quelle que soit la longueur de celle-ci.

Sa représentation graphique est un tiret épais et court, appuyé sur la troisième ligne de la portée.

pavane

Danse de cour de rythme binaire (à 4 temps) et d'allure marchée, très répandue au XVIe et au début du XVIIe siècle, et qui aurait remplacé la basse-danse (en déclin au milieu du XVIe s.).

Son nom vient de l'italien paduana ou padovana, adjectif signifiant « qui vient de Padoue ». Un recueil de 1508 (contenant les plus anciennes pavanes attestées) comprend des pavanes alla venetiana et alla ferrarese.

   Connue aujourd'hui comme une danse lente, grave et compassée (d'où l'étymologie douteuse qui la fait dériver de l'espagnol pavon, « paon »), la pavane était sans doute au départ une danse assez rapide. Toinot Arbeau, dans son Orchésographie, la décrit comme « facile à danser », avec deux pas simples et un double en avant (commençant par le pied gauche) et les mêmes pas en arrière, en commençant par le pied droit. C'est la célèbre pavane Belle qui tient ma vie qu'il donne en exemple, avec un rythme d'accompagnement d'une blanche et de deux noires. Souvent prise pour une danse d'origine espagnole, la pavane était dansée en procession marchée, pour l'ouverture des bals. Dans les recueils du temps, elle introduit chaque suite, et se trouve fréquemment suivie d'un saltarello, ou d'une gaillarde à 3 temps basée sur le même matériel thématique, par changement de rythme et de tempo (dite pour cela « gaillarde de la pavane »). Ainsi dans les recueils de Pierre Attaignant (à partir de 1530), d'Adrian Le Roy, de Thomas Morley, d'Alonso Mudana (1546, où elle est caractérisée comme danse assez rapide) et de William Byrd (My Ladye Nevell's Booke, 1591, qui contient des pavanes à titres expressifs comme la Melancholy Pavan). Les fameuses Lachrymae de John Dowland, à 4 parties, variations sur le thème Flow my tears, sont elles aussi des pavanes.

   La pavane réapparaît au début du XVIIe siècle, comme danse d'introduction des suites de Scheidt et Schein (Banchetto musicale, 1617), puis disparaît peu à peu. Quelques pièces musicales du début du XXe siècle ont repris le titre de pavane, dans une intention archaïsante, et en l'interprétant comme une danse espagnole lente et mélancolique (Pavane, 1887, de Fauré, Pavane pour une infante défunte de Ravel, 1899 ; Pavane de Vaughan Williams dans Job, 1930, etc.).