Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
L

losange

Forme de note sans signification précise (on dit aussi « note losange » ou « note losangée »), produite par l'inclinaison de la plume d'oie lorsqu'elle trace en descendant des groupes de notes, qui seraient carrées si le mouvement de main était horizontal, comme cela se produit dans les climacus et leurs dérivés.

Dans la notation proportionnelle du Moyen Âge (XIIIe s. et au-delà), contrairement à d'autres neumes (LIGATURES), ces groupes de notes, dits conjuncturae, conservèrent leur indétermination rythmique, tandis que la note losangée isolée fut empruntée pour la « semi-brève », dont l'évolution ultérieure aboutit vers le XVIIe siècle à notre « ronde » actuelle.

Lott (Felicity)

Soprano anglaise (Cheltenham 1947).

Elle étudie à la Royal Academy de Londres, avant de débuter en 1975 à l'English National Opera dans le rôle de Pamina. Elle participe souvent au Festival de Glyndebourne, privilégiant les opéras de Mozart et Strauss. Elle aime aussi l'univers de la mélodie (Poulenc) et du lied. En 1976, elle crée Welcome to the River de Henze. En 1983, elle chante Louise de Charpentier à Bruxelles, et fait ses débuts au Metropolitan dans Capriccio en 1986. En 1993, elle incarne la Maréchale du Chevalier à la Rose à Glyndebourne et au Châtelet.

Lotti (Antonio)

Compositeur italien (Venise ou Hanovre 1666-67 – Venise 1740).

Son lieu de naissance est incertain, par suite de la position de son père, maître de chapelle à Hanovre. En 1683, il est élève de Legrenzi à Venise et fait partie du chœur de la basilique Saint-Marc, dès sa formation en 1687. À part un voyage à Dresde, de 1717 à 1719, consacré à l'opéra, il restera toute sa vie à la basilique, d'abord comme chanteur et organiste (assistant du second organiste en 1690, second organiste en 1692 et premier organiste en 1704), puis comme maître de chapelle de 1736 jusqu'à sa mort. Il enseigne également à l'Ospedale degli Incurabili.

   Néanmoins, Lotti consacre la première partie de sa carrière créatrice à l'opéra. Dès 1692, il fait représenter à Venise Il Trionfo dell' innocenza et sa production dans ce domaine est particulièrement riche dans les dix années précédant son voyage à Dresde. Il obtient un grand succès en Allemagne, avec, tout d'abord, Giove in Argo (1717), puis Li Quatro Elementi (1719). Son style, fondamentalement vénitien, trahit cependant une forte influence de l'opéra napolitain en plein essor, en particulier dans la forme.

   Malgré sa réussite à Dresde, Lotti abandonne définitivement le domaine de l'opéra à son retour à Venise, pour se consacrer à la musique sacrée. Sa production comprend des oratorios et de très nombreux motets, messes, psaumes, magnificat, miserere, etc. Son style, sévère et dépouillé, montre une grande maîtrise de la polyphonie. Très attentif au texte, il préfère une écriture a cappella et n'hésite pas à recourir au chromatisme dans un but expressif. Ses œuvres, célèbres, resteront longtemps au répertoire de la basilique, en particulier l'extraordinaire Miserere en de 1733. Il est également l'auteur d'un certain nombre de pièces vocales profanes (cantates et madrigaux), dont un recueil de Duetti, terzetti e madrigali, publié en 1705. Enfin, son rôle pédagogique est loin d'être négligeable, et on compte parmi ses élèves de grands musiciens, tels Benedetto Marcello, Domenico Alberti et Baldassare Galuppi.

Loucheur (Raymond)

Compositeur français (Tourcoing 1899 – Nogent-sur-Marne 1979).

Élève de Vincent d'Indy et de Nadia Boulanger, il fut nommé en 1925 professeur de musique dans des écoles parisiennes, et obtint en 1928 le premier grand prix de Rome pour sa cantate Herakles à Delphes. Il fut inspecteur de l'enseignement musical dans les écoles de Paris et du département de la Seine (1940), puis inspecteur général de l'éducation musicale dans les lycées et collèges de France (1946). De 1956 à 1962, il dirigea le Conservatoire national de Paris, où il a laissé le souvenir d'une administration particulièrement rigide. Toutes ces activités ne l'ont pas détourné de sa carrière de compositeur. Musicien au style audacieux et incisif, il a signé de nombreuses œuvres vocales (Cinq Poèmes de Rainer-Maria Rilke, 1957) ; des partitions de musique de chambre ; des œuvres concertantes (Concerto pour violon, 1963 ; Concerto pour violoncelle, 1967 ; Concertino pour percussion, 1963), et des œuvres orchestrales, dont 3 symphonies (1932, 1944, 1970) aux élans rythmiques vigoureux, et la célèbre Rhapsodie malgache (1945). Il n'aborda le théâtre qu'une fois, avec un ballet inspiré d'un récit d'Edgar Poe, Hop-Frog, créé avec succès à l'Opéra en 1953.

Louis-Ferdinand de Prusse

Pianiste et compositeur allemand (Friedrichsfelde, près de Berlin, 1772 – Saalfeld 1806).

Neveu du roi Frédéric II, ce prince développa très tôt des talents de pianiste, qui ne furent pas découragés par sa famille, et qui firent l'admiration de Beethoven à Berlin en 1796. Sa carrière militaire fut également brillante, surtout pendant les campagnes de 1792 à 1795, mais, après cette date, il souffrit à la fois de son inactivité sur ce plan, due à la neutralité prussienne, et de voir l'Allemagne succomber à l'influence napoléonienne. Il fut mortellement blessé à la bataille de Saalfeld. En 1804 s'était joint à son entourage, comme professeur de composition et comme ami-confident, Jan Ladislav Dussek (ÉLÉGIE HARMONIQUE). Comme compositeur, Louis-Ferdinand fut un représentant typique du romantisme allemand en ses débuts. Ses œuvres, presque toutes du genre piano seul ou musique de chambre avec piano, furent accueillies en leur temps au même titre, et avec la même faveur, que celles de Weber ou Hummel, et régulièrement jouées jusque vers le milieu du XIXe siècle. Citons le quintette avec piano en ut mineur op. 1 (1803), ou encore les trios avec piano en la bémol op. 2 (1806) et en mi bémol op. 3 (1806). Treize numéros d'opus, dont la plupart posthumes, furent publiés jusqu'en 1823. Il reçut en dédicace le Concerto pour piano no 3 op. 37 de Beethoven.

Louis XIII

Roi de France (1601-1643).

Grand amateur de musique dès son enfance, il succéda en 1610 à son père Henri IV, mais, malgré sa position, n'eut pas d'influence sur la vie musicale en France à cette époque. Son attitude fut plutôt celle d'un dilettante passionné, entouré de musiciens, et n'hésitant pas à prendre part, lui-même, aux ensemble vocaux, voire à diriger le chœur royal lors de l'absence de son chef. Il reste fort peu de ses œuvres, bien que la tradition veuille faire de lui un compositeur de musique sacrée (motets, harmonisations de psaumes, De profundis). En fait, seul un psaume, Seigneur à qui seul je veux plaire, peut lui être attribué de source sûre. Il est, en revanche, l'auteur d'une chanson à 4 parties, Tu crois, ô beau soleil (publiée par Mersenne) et surtout de la partition intégrale (paroles et musique) du Ballet de la Merlaison, exécuté le 15 mars 1635 à Chantilly par le roi et des membres de la cour.