Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Mehta (Zubin)

Chef d'orchestre indien (Bombay 1936).

Renonçant à une première vocation de médecin, il se tourne vers la musique, initié par son père, Mehli Mehta, violoniste et fondateur de l'Orchestre symphonique de Bombay. En 1954, il étudie à l'Académie de musique de Vienne le piano, la contrebasse, la percussion et la direction d'orchestre (avec Hans Swarowsky). Il fait ses premiers pas de chef, en 1958, à la tête de l'orchestre de l'Académie. Lauréat, la même année, du concours de Liverpool, il est, pour un an, chef assistant du Royal Philharmonic Orchestra. Il parfait sa formation à l'Academia musicale Chigiana de Sienne, avec C. Zecchi et A. Galliera, et au Berkshire Music Center de Tanglewood, avec E. de Carvalho. En 1959, il dirige l'Orchestre philharmonique de Vienne. Amené à remplacer au pied levé I. Markevitch à la tête de l'Orchestre symphonique de Montréal, il en devient le directeur musical de 1960 à 1967, et succède en 1962 à Fritz Reiner à la tête de l'Orchestre philharmonique de Los Angeles. Il participe à de nombreux festivals (Hollande, Prague, Vienne, Spolète, Salzbourg, Orange) et se produit sur les scènes du Metropolitan Opera de New York (1965), de la Scala de Milan (1966) et du Mai musical florentin (1969). Conseiller musical de l'Orchestre philarmonique d'Israël en 1968, il en devient directeur musical à vie en 1981 (il est le premier à avoir osé en 1981 diriger du Wagner en Israël), et succède en 1978 à Pierre Boulez à la tête de l'Orchestre philharmonique de New York. Déroutant par sa fringale musicale et l'éclectisme de ses choix, Mehta se montre plus convaincant en concert, où son goût d'une certaine volupté sonore trouve un juste emploi, surtout dans le répertoire postromantique, que dans les disques qu'il accumule.

Méhul (Étienne-Nicolas)

Compositeur français (Givet 1763 – Paris 1817).

Dès l'âge de dix ans, il fut organiste suppléant aux orgues de l'église des franciscains de Givet, puis, en 1776, à celles du couvent de Laval-Dieu, où il fut élève de Wilhelm Hanser. En 1778, il se rendit à Paris, où, soigneusement recommandé, il put trouver des places de maître de musique. Son Ode sacrée, exécutée au Concert spirituel en 1782, attira l'attention sur lui. Il fut présenté à Gluck, qui décela ses talents dramatiques, le fit travailler et l'orienta vers le théâtre. En 1790, l'Opéra-Comique représenta son Euphrosine, dont la vigueur dramatique lui valut un franc succès, qui se renouvela l'année suivante à l'Opéra avec Alonzo et Cora, composé depuis 1785. Dès lors, Méhul se consacra essentiellement à l'opéra, à l'opéra-comique et au ballet. Lors de la Révolution française, bien que moins engagé que Gossec, il apporta sa contribution aux fêtes patriotiques avec quelques œuvres pleines de feu comme le célèbre Chant du départ, entendu le 4 juillet 1794, ou le Chant du 25 Messidor, exécuté le 14 juillet 1800 aux Invalides et utilisant 3 chœurs, 2 orchestres et 1 chœur de femmes accompagné de harpes. Il fut l'un des quatre inspecteurs du Conservatoire, lors de sa fondation en 1795. En 1795, il fut le premier musicien à entrer à l'Institut. Malgré toutes ces activités, il ne cessait de composer, avec des succès inégaux. Le Jeune Henri, représenté en 1797, vit son ouverture bissée dans l'enthousiasme, et le premier acte sifflé dans la colère, car le héros de l'ouvrage est un roi. Ariodant et Adrien, en 1799, furent deux grands succès. En revanche, Joseph, en 1807, fut accueilli assez froidement, et ne connut la faveur qu'après s'être imposé en Allemagne. Primé par Napoléon comme le meilleur ouvrage lyrique de l'année, Joseph resta l'œuvre maîtresse de Méhul, avec l'Irato (1801), cette étourdissante bouffonnerie présentée comme un pastiche de Paisiello. Tous les ouvrages de Méhul, dont aussi Uthal (1806), font preuve de sa science de l'instrumentation, de son sens d'un romantisme naissant et de son invention mélodique. Cependant, son étoile pâlit rapidement face aux succès de Spontini. Atteint de phtisie, il se rendit à Hyères, espérant y guérir, mais mourut peu après son retour à Paris, laissant à son neveu Daussoigne le soin de terminer son dernier ouvrage, Valentine de Milan, que l'Opéra-Comique représenta en 1822. Ses 2 symphonies en sol mineur (1809) et en majeur (1809), la seconde surtout, sont de remarquables spécimens du genre. Deux autres existent (mi majeur, ut majeur).

Meier (Waltraud)

Mezzo-soprano allemande (Würzburg 1956).

Elle commence ses études à Cologne avec le professeur Jacob, qui suit toujours son travail. Elle débute en 1976 à Würzburg et est, de 1978 à 1980, à Mannheim. Elle s'impose rapidement comme une grande wagnérienne. Depuis 1983, elle est une invitée permanente du Festival de Bayreuth, où elle chante Kundry, Brangaene, Waltraute et Fricka. Présente sur toutes les grandes scènes du monde, elle fait ses débuts au Metropolitan en 1987. En 1990, elle participe à un cycle Mahler à Tokyo, avec Giuseppe Sinopoli. En 1992, elle est Marie dans Wozzeck au Châtelet, mis en scène par Patrice Chéreau. Elle étend son répertoire à Richard Strauss, Berlioz, Elvira dans Don Giovanni et à l'opéra italien. En 1996, elle aborde Aïda, Don Carlos et Carmen.

Meistersang
ou Meistergesang

Ce terme désigne la production poético-musicale des Meistersinger. Ceux-ci, réunis en corporation, ont exercé leur art du XIVe au XVIIIe siècle, principalement dans les villes impériales d'Allemagne du Sud. Les plus anciennes écoles furent celles de Mayence (1315), d'Augsbourg (1449), de Nuremberg (1550) et de Strasbourg (1492). Les Meistersinger formaient ainsi dans ces divers centres des associations comparables à celles des confréries pieuses du Moyen Âge tardif. Chaque école conservait une « tablature », qui consignait l'ensemble des règles de versification et d'interprétation auxquelles les chants étaient soumis lors de concours.

   Le Meistersang se présente comme un chant monodique non accompagné, dont la déclamation est le plus souvent syllabique. La strophe (Bar) comprend généralement trois parties : les deux Stollen de facture mélodique identique, l'Abgesang dont le caractère métrique diffère en principe du Stollen et, enfin, la reprise mélodique du Stollen ou la fin de celui-ci. La majeure partie des poèmes s'inspire de motifs théologiques, tandis que les thèmes profanes à contenu moralisant traduisent une conception du monde teintée d'un profond pessimisme. Parmi les représentants les plus illustres du Meistersang figurent Michel Behaim (1416-1474) et H. Sachs (1494-1576).