Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Malipiero (Riccardo)

Compositeur et critique italien (Milan 1914 – id. 2003).

Neveu de Gian Francesco Malipiero, il a étudié le piano et la composition à Milan et à Turin (1930-1937), puis la composition à Venise avec son oncle. Depuis 1969, il dirige le Liceo Musicale de Varèse. Il a utilisé la technique sérielle dès 1946, avant de s'orienter davantage vers les recherches de timbre. On lui doit notamment l'opéra bouffe La donna è mobile (1954, créé à Milan en 1957), trois symphonies dont la deuxième (Sinfonia cantata) avec voix (1949, 1956, 1959), Serenata per Alice Tully pour orchestre de chambre (1969), Requiem 1975 pour orchestre (1975-76), Notturno pour violoncelle et orchestre de chambre (1986).

Mallarmé (Stéphane)

Poète français (Paris 1842 – Valvins 1898).

Il a exercé une influence fondamentale sur la littérature, mais aussi sur la musique moderne. Il mène une activité très monotone de bureaucrate et de professeur d'anglais à Tournon, Besançon et Avignon, avant de s'installer définitivement à Paris et d'y vivre très retiré jusqu'en 1884. Il consacre sa vie à la création du Livre, « instrument spirituel » se proposant « l'explication orphique de la Terre ». Très attiré par la poésie des parnassiens, bouleversé par les Fleurs du mal de Baudelaire et par les poèmes d'E. Poe (qu'il traduit en 1888-89), il proclame dès 1862 la nécessité d'une œuvre complexe et difficile d'accès parce qu'ambitieuse. Après ses premiers poèmes qui reprennent des thèmes baudelairiens, il écrit Hérodiade (1864-1869), poème tragique de la difficulté d'être, de l'absence, du monde abstrait, de l'idée pure. Parallèlement, il compose l'Après-Midi d'un faune (1865-1876), que Debussy transpose en musique (1894). Après une période de doute (1866), Mallarmé redéfinit sa conception de la poésie, expérience métaphysique transposant les objets sur le plan de l'esprit : il s'agit de « peindre non la chose, mais l'effet qu'elle produit », en cherchant à bannir à jamais le hasard de la création artistique. Le conte particulièrement dense d'Igitur ou la Folie d'Elbeknon (1867-1880), les Tombeaux, hommage à Poe et Baudelaire (1877), enfin la Prose pour des Esseintes (1885) sont considérés par le poète comme des fragments énigmatiques du « grand œuvre auquel ne suffit pas une vie », comme des bribes victorieusement arrachées au « vieux monstre de l'impuissance ». Consacré par Verlaine (cf. les Poètes maudits, 1883) et Huysmans (À rebours, 1884), Mallarmé devient brusquement en 1884 « chef de file », maître de la génération symboliste qui commence à se réunir chez lui, rue de Rome : là ont lieu les lectures du Livre. Il meurt une année après avoir écrit le poème Un coup de dés jamais n'abolira le hasard (1897), chef-d'œuvre de sa pensée poétique. La subtilité musicale des poèmes mallarméens a été particulièrement attrayante pour les compositeurs sensibles à son univers imaginaire et à la substance proprement phonique de son langage poétique. Après sa première mise en musique d'un poème de Mallarmé ­ Apparition pour voix et piano (1882-1884) ­, Debussy écrit le Prélude à l'après-midi d'un jaune pour orchestre (1892-1894), mais aussi Trois Ballades de Mallarmé (Soupir, Placet futile et Éventail, 1913) pour voix et piano. Sainte pour voix et piano (1896) et Trois Poèmes de Mallarmé pour voix, piano, quatuor à cordes, deux flûtes et deux clarinettes (1930) forment l'hommage de Ravel à l'art poétique de Mallarmé. La musique des trente dernières années témoigne d'un grand intérêt pour l'art poétique et les visées théoriques de Mallarmé. Ainsi, deux œuvres capitales de P. Boulez, Pli selon pli/Portrait de Mallarmé (qui met en musique les sonnets le Vierge, le Vivace et le bel Aujourd'hui, Une dentelle s'abolit et À la nue accablante tue) et la Troisième Sonate pour piano (qui cherche la transposition musicale du projet mallarméen du Livre) s'inspirent directement de la recherche mallarméenne, car « dans le domaine de l'organisation de la structure mentale de l'œuvre, certains écrivains sont allés beaucoup plus loin que les musiciens » (P. Boulez). Fasciné par l'art poétique mallarméen, par la technique de la « croissance continue » dans l'œuvre conçue comme un « univers en expansion » (P. Boulez), par « l'espacement de la lecture », par la permutabilité des fragments, par « les symétries créatrices » et par « les particularités formelles, visuelles, physiques et décoratives » du Livre mallarméen, Boulez cherche à réaliser avec les moyens du musicien contemporain les projets partiellement menés à bien par Mallarmé. L'orientation structuraliste de l'époque postsérielle, ainsi que la recherche de « l'œuvre ouverte » dans laquelle « il y a et il n'y a pas de hasard » rejoignent curieusement les aspirations mallarméennes. Le parallélisme entre les principes formels des œuvres de Boulez inspirées directement par Mallarmé, d'une part, et ceux des œuvres « ouvertes », réalisées au cours des années 60-70 indépendamment de l'influence du poète, d'autre part, prouve la contemporanéité incontestable des recherches mallarméennes..

Malvezzi (Cristofano)

Organiste et compositeur italien (Lucques 1547 – Florence 1599).

Venu très jeune à Florence, il est dès 1562 chanoine à S. Lorenzo, dont son père était l'organiste, en devient maître de chapelle en 1571 à la mort de Corteccia (il fut sans doute son élève) et obtient le même poste à la cathédrale en 1596. Malgré cette carrière, aucune de ses pièces sacrées n'a été conservée. Il est l'auteur de livres de madrigaux (2 à 5 voix, 1 à 6 voix), de ricercari à 4 voix et surtout d'une grande partie des intermèdes donnés à l'occasion du mariage de François de Médicis et Bianca Cappello en 1579, de Cesare d'Este et Virginia de Médicis en 1585 (L'Amico Fido, de Bardi) et de Ferdinand de Médicis et Christine de Lorraine en 1589 (La Pellegrina, de Girolamo Bargagli). La maladie l'empêcha de composer à partir de 1589. Ses madrigaux, d'un style traditionnel hérité de Corteccia, annoncent néanmoins, par leur texture homophonique et le soin apporté à l'expression claire du texte, le nouveau style florentin. Son lien avec la Camerata a dû être assez profond, car il collabore, lors des intermèdes, avec Bardi surtout, Cavalieri et Peri, qui était son élève. Il est, pour cela, une figure importante de la musique à Florence au XVIe siècle.