Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Tal (Joseph)

Compositeur, pianiste et chef d'orchestre israélien d'origine polonaise (Pinne, près de Poznán, 1910).

Il étudia à la Hochschule für Musik de Berlin, avant que la persécution nazie ne l'incite à venir s'établir en Palestine. Il présida à l'organisation de la vie musicale dans le nouvel État d'Israël, entre 1941 et 1952. Son œuvre est abondante et éclectique, utilisant aussi bien les moyens de la musique électronique, dont il fut l'un des pionniers dans son pays (Exodus II, ballet, 1954), que le dodécaphonisme (Concerto pour violoncelle). Ashmedai (1968-69), sur un texte d'Eliraz, créé à Hambourg en 1971, est un exemple d'opéra dodécaphonique. On lui doit aussi, avec Massada 967 (1973-74), un « opéra électronique » où la bande magnétique tient la place de l'orchestre face aux chœurs et aux voix. Citons aussi trois symphonies (1953, 1960, 1978), divers concertos, des œuvres d'inspiration biblique, trois concertos pour piano et bande magnétique (1962, 1964, 1970) et des musiques de ballet pour bande magnétique. La base de sa musique, souvent très dynamique, est l'inspiration « mitteleuropéenne » (Hindemith, etc.).

talea

En latin, terme d'architecture désignant le tenon qui retient ensemble plusieurs pièces de bois. Par analogie, le terme a été appliqué, au XIVe siècle, à la manière dont s'articulent, spécialement dans une teneur isorythmique, plusieurs cellules rythmiquement semblables. La talea détermine donc le rythme et se trouve complétée par le color qui détermine le mouvement mélodique. Le terme, francisé en taille, a été transporté dans le domaine des tessitures, et, comme la talea s'appliquait surtout à la teneur, en est venu à désigner la tessiture de cette teneur, c'est-à-dire le registre de ténor ou de baryton, placé entre le bassus et l'altus.

   L'expression a eu cours jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.

Talich (Vaclav)

Chef d'orchestre tchèque (Kromeriz 1883 – Beroun 1961).

Sur la recommandation de Dvořák, il fait ses études au conservatoire de Prague (1897-1903) avec J. Marak et O. Sevcik. Engagé en 1903 à la Philharmonie de Berlin, il en devient l'année suivante premier violon, sous la baguette de Nikisch, qui lui communique le virus de la direction d'orchestre. Premier violon à l'Opéra d'Odessa, professeur de violon à Tbilissi (1904-1906), il fait ses débuts de chef à Prague en 1907, puis dirige à Ljubljana (1908-1912), tout en suivant les cours de M. Reger, H. Sitt et A. Nikisch à Leipzig et de A. Vigni à Milan. Il travaille jusqu'à la guerre pour l'Opéra de Pilsen et entreprend en 1917-18 une longue collaboration avec la Philharmonie tchèque, dont il fut chef principal de 1919 à 1941 et directeur de 1946 à 1948 et dont il a forgé la renommée internationale.

   Responsable de l'Orchestre de l'Opéra national de 1935 à 1945, puis de 1947 à 1948, fondateur de l'Orchestre de chambre tchèque (1946), directeur de la Philharmonie slovaque nouvellement créée à Bratislava (1949-1952), Talich fit également, à partir de 1924, de fréquents séjours en Angleterre et surtout en Suède, où il dirigea, de 1931 à 1933, les Konsertföreningen à Stockholm.

   Il fut aussi titulaire de la classe supérieure de direction d'orchestre du conservatoire de Prague (1933-1945), comptant parmi ses élèves Ancerl, Krombholc, Krejci, Vasatá, Slovak et Mackerras. Il cesse ses activités musicales en 1956. Martinů lui a dédié Julietta.

Tallis (Thomas)

Compositeur anglais (v. 1505 – Greenwich 1585).

Il séjourna et travailla dans plusieurs monastères (entre autres comme maître de chœur ou organiste à l'abbaye de Waltham) jusqu'à la dissolution royale de 1540. Quelque temps après, il devint gentilhomme et principal organiste et compositeur de la chapelle royale. Il composa pour l'Église anglicane sous Édouard VI, puis selon le rite catholique avec Marie Tudor, pour revenir à la religion réformée par Élisabeth Ire. Doyen des musiciens anglais, il obtint, pour lui et son disciple Byrd, le monopole de l'édition musicale, tout en restant organiste de la chapelle royale. Ce n'est pourtant que plus tard que ce monopole devait devenir fructueux, lorsque le genre du madrigal connut auprès du public la popularité que l'on sait.

   Tallis, qui garda la foi catholique, a donc composé indifféremment pour les deux cultes, apparemment avec la même facilité (mais la présence du motet latin dans la liturgie anglicane aidait à cette ambivalence). Ses Messes sont d'un maître de la polyphonie et usent d'un contrepoint imitatif, assez proche de celui de Lassus. Également remarquables par la profondeur de leur inspiration et l'élan spirituel sont les deux Lamentations et le grand motet Spem in alium, page spectaculaire à quarante voix réelles, écrite à l'occasion du 40e anniversaire de la reine Élisabeth (1573). Pour la liturgie nouvelle de l'Église réformée d'Angleterre, il a composé des « services », des psaumes et une douzaine d'anthems, toujours dans la grande tradition sacrée de la Renaissance (que l'héritier Byrd, qui tint à rendre hommage à l'art de Tallis, en une déploration qui compte parmi les plus belles de toute l'histoire de la musique, maintiendra vivante jusqu'au début du XVIIe siècle). Enfin, le virginaliste n'est pas, chez lui, sans talent avec des variations virtuoses sur le Felix Namque.

Talvela (Martti)

Basse finlandaise (Hiitola 1935 – Juva 1989).

En 1961, il débute à l'Opéra de Stockholm dans Rigoletto et, dès 1962, il intègre la troupe du Deutsche Oper à Berlin. Remarqué par Wieland Wagner, il est engagé à Bayreuth en 1962, et y incarne Gurnemantz, Hunding et le roi Mark jusqu'en 1970. Débutant à la Scala en 1963, il est appelé par Karajan en 1967 au Festival de Salzbourg. Il y aborde les rôles mozartiens. Doué de grands talents d'acteur et mesurant deux mètres, il est un Osmin, un Commandeur ou un Sarastro redoutables. Il chante cent fois en vingt ans au Metropolitan de New York, et, de 1972 à 1980, dirige le Festival de Savonlinna, où il triomphe dans Boris Godounov. En 1981, il a enregistré la Flûte enchantée avec James Levine et, en 1987, l'Enlèvement au sérail. Attaché au répertoire finlandais, il laisse également des disques de mélodies de Sibelius et de Kilpinen.