Krauss (Clemens)
Pianiste et chef d'orchestre autrichien (Vienne 1893 – Mexico 1954).
Il fit ses études au conservatoire de Vienne avec H. Gradener et R. Heuberger (théorie) et H. Reinhold (piano). Il fut successivement chef d'orchestre à Brno, Riga (1913-14), Nuremberg (1915-16), Szczecin (1916-1921) et Graz (1921-22). De 1922 à 1924, il dirigea au Staatsoper de Vienne et enseigna la direction d'orchestre à la Staatsakademie. En 1923, il succéda à Furtwängler à la tête des Tonkünstlerkonzerte et, l'année suivante, assuma la direction des Museumskonzerte de Francfort-sur-le-Main. Il fut ensuite chef d'orchestre à l'opéra de Vienne (1929-1934), à l'opéra de Berlin (à partir de 1935), puis intendant de l'opéra de Munich (1937-1944), et directeur des concerts de l'Orchestre philharmonique de Vienne. Il réorganisa le Mozarteum de Salzbourg et dirigea les premières représentations d'Arabella (Dresde, 1933), Friedenstag (Munich, 1938), Capriccio (Munich, 1942), dont il écrivit aussi le livret, et Die Liebe der Danae (Salzbourg, 1952) de Richard Strauss. Il était marié à la soprano roumaine Viorica Ursuleac. Son répertoire était très large. Il excellait aussi bien dans les opérettes de Johann Strauss que dans la Tétralogie de Wagner, dont il dirigea en 1953, à Bayreuth, de mémorables représentations. Et c'est à lui qu'on doit les premiers enregistrements de la Création et des Saisons de Haydn.
Krauz (Johann Friedrich)
Compositeur allemand (Weimar 1752 – Stuttgart 1810).
Entré dans l'orchestre de Weimar en 1766, il étudia avec Joseph Haydn vers 1785, puis voyagea en Italie, où il rencontra Goethe, avant de devenir, en 1791, directeur musical des théâtres de la cour de Weimar. Il quitta ce poste en 1803, à la suite notamment d'une brouille avec Goethe, et devint alors maître de chapelle à la cour de Stuttgart.
Krauze (Zygmunt)
Compositeur polonais (Varsovie 1938).
Il fait ses études de composition avec Kazimierz Sikorski et de piano avec M. Wiðkomirska à l'École supérieure de musique de Varsovie. Il les complète chez Nadia Boulanger à Paris. Spécialisé, en tant que pianiste, dans les exécutions de musiques d'avant-garde, il reçoit le premier prix au Concours international des interprètes de musique contemporaine d'Utrecht. Z. Krauze est un des représentants les plus actifs de la musique contemporaine polonaise ; outre son propre travail de composition, qui se situe dans un axe expérimental, il mène une action particulièrement dynamique de diffusion de la nouvelle musique ; il dirige ainsi depuis 1967 l'Atelier de musique constitué de 4 musiciens. Sur le plan de sa propre conception compositionnelle, Z. Krauze se situerait dans la lignée des musiques non évolutives américaines, notamment celle de Morton Feldman. Musique qui n'a ni début ni fin, sans contrastes, la musique de Krauze se présente moins comme œuvres déjà accomplies que comme processus dans lesquels pourraient s'inscrire les auditeurs sans pour autant en perturber le schéma. C'est ainsi qu'il déclarait dans son commentaire à Pièce pour orchestre no 1 (1969) : « Deux tendances juxtaposées s'affrontent en musique : l'aspiration à la forme homogène et l'aspiration à une forme au déroulement contrasté ; elles sont pour moi un phénomène d'une importance de premier ordre. J'exige de ma musique qu'elle soit calme et organisée. Sa sonorité doit avoir une forme suffisamment individuelle pour pouvoir se distinguer du chaos d'une autre musique et du chaos d'autres sons. »
Z. Krauze est l'auteur de nombreuses compositions instrumentales (Triptyque pour piano, 1964 ; Quatuor à cordes, 1965 ; Diptyque pour 14 instruments à cordes, 1967 ; Polychromies pour ensemble instrumental libre de 4 à 15 exécutants, 1968 ; Fallingwater pour piano solo, 1971 ; The Last Recital pour piano, 1974-75 ; Concerto pour piano, 1974-1976), mais également de pièces faisant intervenir des moyens électroacoustiques (Idyll, 1974), ou encore des éléments mécaniques (Song pour 6 instruments et 6 boîtes à musique, 1974 ; Automaphone pour 14 instruments à cordes pincées et 7 instruments mécaniques, 1974). Citons encore l'opéra de chambre Die Kleider (1980), un Double concerto pour violon, piano et orchestre (1985), Symphonie parisienne (1986), la Rivière souterraine (1987).
Krebs
Famille de musiciens allemands.
Trois membres de cette famille furent élèves de J.-S. Bach, deux d'entre eux ayant fait une carrière d'organiste et compositeur.
Johann Tobias senior (Heichelheim 1690 – Buttstädt 1762). Il étudia le clavecin, l'orgue et la composition, et se perfectionna à Weimar auprès de J.-S. Bach et de J. G. Walther. Il fut cantor à Buttelstedt (1710), puis organiste de la Michaeliskirche de Buttstädt (1721). On connaît de lui quelques pièces pour orgue.
Johann Ludwig (Buttelstedt 1713 – Altenburg 1780). Fils aîné de Johann Tobias senior, il travailla sous la direction de Bach à l'école Saint-Thomas de Leipzig (1726-1735). Bach le considérait comme l'un de ses meilleurs élèves et lui écrivit une recommandation attestant son talent sur les instruments à clavier, le violon, le luth, et en composition. Il fut organiste de la Marienkirche de Zwickau (1737), puis à la cour de Zeitz (1744) et à la cour d'Altenburg (1756), après avoir postulé en vain la succession de Bach à Leipzig. Il a composé une importante œuvre d'orgue, des suites pour clavecin, de la musique de chambre et de la musique vocale (demeurée inédite).
Johann Tobias junior (Buttelstedt 1716 – Grimma 1782). Frère de Johann Ludwig, il fut aussi élève de J.-S. Bach à Leipzig (1729-1739).
À la mort de Johann Ludwig, ses deux fils, Ehrenfried Christian Traugott, puis Johann Gottfried, lui succédèrent dans sa charge d'organiste de la cour et directeur de la musique à Altenburg.
Kreisler (Fritz)
Violoniste et compositeur américain d'origine autrichienne (Vienne 1875 – New York 1962).
Il étudia à Vienne avec J. Hellmesberger junior (violon) et A. Bruckner (harmonie), puis au Conservatoire de Paris (1885-1887) avec Massart (violon) et Delibes (harmonie). En 1889-90, il fit une première tournée aux États-Unis avec Moritz Rosenthal. Après deux années consacrées à l'étude de la médecine (1889-1891), il reprit ses activités musicales et donna en 1899 un mémorable concert à la Philharmonie de Berlin. En 1902, il fit ses débuts londoniens. Ses tournées le menèrent ensuite sur tous les continents. En 1923, il se rendit en Scandinavie, au Japon, en Corée et en Chine, en 1924 en Australie et en Nouvelle-Zélande, et en 1928 en Roumanie. Sa dernière apparition en public eut lieu le 1er novembre 1947 à New York : il joua la partita pour violon seul en si mineur de Bach, le Poème de Chausson et la Fantaisie de Schumann.
Kreisler est l'un des plus grands violonistes du XXe siècle. La poésie de son jeu, son intensité d'expression rehaussée par un vibrato inégalable même dans les « traits » de virtuosité , sa sonorité rayonnante et chaleureuse, la sûreté de son goût, qui le fait réussir aussi bien dans les grandes œuvres du répertoire classique et romantique que dans les petits morceaux de genre qu'il interprète avec un charme typiquement viennois, et son magnétisme personnel ont fait de lui un artiste unique. Hormis deux opérettes, ses compositions sont destinées au violon. Dans la série des Manuscrits classiques, attribués à des compositeurs célèbres, il pastiche avec humour et élégance des compositeurs des XVIIe et XVIIIe siècles.