Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
M

Murail (Tristan)

Compositeur français (Le Havre 1947).

Il a fait à Paris des études universitaires (licence ès sciences économiques, Institut d'études politiques, École nationale des langues orientales) et musicales, travaillant les ondes Martenot avec Jeanne Loriod et Maurice Martenot, et entrant en 1967 dans la classe de composition d'Olivier Messiaen (premier prix en 1971). Pensionnaire à l'Académie de France à la villa Médicis, à Rome, de 1971 à 1973, il participa en 1973 à la fondation de l'Itinéraire, dont il est toujours l'un des responsables, et en 1977 à celle du Collectif de recherche instrumentale et de synthèse sonore. Dès ses premières œuvres, il s'opposa radicalement au sérialisme postwebernien, ce qui se traduisit par un style parfois proche de celui de Ligeti et qui devait s'accuser par la suite. Récusant toute analyse « hors temps » de la musique ainsi que la découpe en « paramètres » de ses éléments, il affirme une conception unitaire et continue du phénomène sonore, et s'efforce de travailler le « son-durée » de l'intérieur, dans le contexte d'un temps uniforme et linéaire excluant toute discontinuité du discours. D'où des ouvrages dans lesquels les événements apparaissent et se transforment progressivement, sans césures ni silences, et dont les processus formels s'inspirent souvent des manipulations électroacoustiques (échos, bandes de réinjections, distorsions).

   On lui doit notamment : Couleur de mer pour 15 instruments (1969), Antigravité pour 10 instruments (1969), Altitude 8 000 pour petit orchestre (1970), Mach 2,5 pour 2 ondes Martenot (1971), Lovecraft pour bande magnétique (1972), Au-delà du mur du son pour grand orchestre (1972 ; créé à Rome la même année), l'Attente pour 7 instruments (1972), les Nuages de Magellan pour 2 ondes Martenot, guitare électrique et ercussion (1973), Cosmos privé pour grand orchestre (1973 ; créé à Rome la même année), la Dérive des continents pour alto solo et 12 cordes (1973 ; créé à Royan, 1974), Sables pour grand orchestre (1974-75 ; créé à Royan, 1975), Emeth pour viole d'amour et dispositif électroacoustique (1975), Mémoire/Érosion pour cor solo et 9 instruments (1975), Échos/Mémoire pour alto et piano, plus violon et violoncelle ad libitum (1976), Territoires de l'oubli pour piano solo (1976-77), Tellur pour guitare solo (1977), Éthers pour 6 instruments plus continuo de maracas (1978), Treize Couleurs du soleil couchant pour 5 instruments et dispositif électroacoustique ad libitum (1979), les Courants de l'espace pour ondes Martenot, synthétiseur et petit orchestre (1979), les 7 Paroles du Christ en croix pour chœur et orchestre (1980), Gondwana pour orchestre (1980), Désintégrations pour 17 instruments et bande synthétisée (1982), Time and again pour orchestre (Metz 1986), Vues aériennes pour cor, violon, violoncelle et piano (Londres 1988), les Sept Paroles du Christ en croix pour chœur et orchestre (Londres 1989), Allégories pour ensemble de chambre (Paris 1990), Dynamique des fluides (1991).

musette

1. Instrument à anche proche de la cornemuse, comportant habituellement 2 chalumeaux et 4 bourdons. L'alimentation en air est assurée par un soufflet que le joueur presse avec son bras. La musette est, le plus souvent, dans le ton de sol. Elle s'est répandue en France au XVIIe-XVIIIe siècle, appréciée pour son caractère pastoral. Plusieurs traités de musette apparurent à cette époque.

   La « musette du Poitou », d'une facture totalement différente, est un instrument populaire semblable à un hautbois court. Possédant un son strident, elle était indiquée pour les musiques de plein air. Elle fut utilisée dans l'orchestre de la Grande Écurie du roi.

2. On appelle également musette une danse des XVIIe-XVIIIe siècles, d'un rythme binaire, proche de la gavotte, dont elle formait souvent la partie centrale. Sa mélodie « naïve et douce » (J.-J. Rousseau), de caractère champêtre, se déroulait sur un fond de note de basse tenue, à l'instar du bourdon de l'instrument. On en trouve de nombreux exemples dans la musique instrumentale de l'époque, le plus typique étant certainement celui de la troisième Suite anglaise (BWV 808 en sol mineur) de Bach.

3. Le terme « musette » sert enfin à désigner un registre de l'orgue, faisant partie du groupe des anches. Son timbre rappelle celui du cromorne, mais toutefois un peu atténué. C'est un jeu de 8 pieds (octave réelle).

Musgrave (Thea)

Femme compositeur écossaise (Barnton, Midlothian, 1928).

Elle a fait ses études à l'université d'Édimbourg et à Paris, avec Nadia Boulanger (1950-1954), et a enseigné à l'université de Londres (1958-1965), ainsi qu'à Santa Barbara en Californie (1970). Elle a d'abord écrit dans un style diatonique, dont témoignent notamment le ballet A Tale for Thieves (1951) et l'opéra de chambre The Abbot of Drimrock (1955), puis évolua vers le sérialisme. L'opéra The Decision (1964-65 ; créé en 1967) marqua dans son évolution une étape essentielle. Elle en tira la matière musicale de Nocturnes and Arias pour orchestre (1966). De la même année datent les Concertos de chambre no 2 et no 3, œuvres « asynchroniques », où toutes les parties sont écrites mais non coordonnées avec précision. On lui doit encore une Sinfonia pour orchestre, un concerto pour clarinette (1967), un pour cor (1971) et un pour alto (1973), le ballet Beauty and the Beast (1968-69) et les opéras The Voice of Ariadne (1972-73 ; créé en 1974), Mary, Queen of Scots (1977), A Christmas Carol (1978-79 ; créé en 1979), An Occurence at Owl Creek Bridge (1981 ; créé en 1982), Harriet, the Woman called Moses (1985).

Musica

Festival consacré à la musique contemporaine qui a lieu chaque année, depuis 1983, en début d'automne, à Strasbourg.

Son répertoire, orienté d'abord vers les classiques du XXe siècle, s'est voulu ensuite de plus en plus, grâce à une programmation réfléchie et par une politique conséquente de commandes, un reflet de la musique d'aujourd'hui (Zimmermann, Tippett, Scelsi, Xenakis, Kagel, Huber, Nono, Nancarrow, Ligeti, mais aussi Lindberg, Radulescu, Dusapin, Tanguy, Saariaho). Par son ouverture sur l'espace européen, par son souci d'illustrer aussi la musique des continents américain ou asiatique, par la délocalisation de ses sites de concert (du Théâtre national de Strasbourg aux Ateliers du TGV et à l'Opéra de Darmstadt), Musica est l'un des rendez-vous les plus importants pour la diffusion de la musique actuelle.