Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
W

Wiéner (Jean)

Pianiste et compositeur français (Paris 1896 – id. 1982).

Après avoir été encouragé par Gabriel Fauré, il fut au Conservatoire (jusqu'en 1914) l'élève d'André Gédalge. Par l'intermédiaire du pianiste Yves Nat, il eut son premier contact avec la musique négro-américaine, qu'il s'attacha à divulguer après la Première Guerre mondiale. Le 28 avril 1920, il donna son premier récital, Salle Érard, avec la cantatrice Jane Bathori. À la même époque, il attirait l'attention avec une Sonatine syncopée, suivie d'une Suite pour piano et violon, où se mêlaient formules classiques et rythmes américains. Cette « salade », chère à Jean Wiéner, fut aussi mise en pratique dans les programmes des concerts qu'il organisa de 1921 à 1925 : des musiques de jazz y côtoient des créations d'ouvrages contemporains classiques comme Pierrot lunaire de Schönberg, donné pour la première fois en France sous la direction de Darius Milhaud (1921).

   En 1933, Wiéner composa sa première musique de film (l'Âne de Buridan). Il devait en signer près de trois cents, dont la plus populaire demeure sans doute celle de Touchez pas au grisbi ! (1954). En 1938, il participa à l'un des spectacles du Front populaire et devint critique musical à Ce soir. On lui doit encore de très nombreuses musiques de scène, un Concerto franco-américain (1923), un Concerto pour accordéon (1964), un Concerto à deux guitares destiné à Ida Presti et Alexandre Lagoya et une Sonate pour violoncelle (1968) demandée par Rostropovitch. Il a publié ses mémoires en 1978 sous le titre Allegro appassionato.

Wieniawski

Famille de musiciens polonais.

 
Henryk, violoniste et compositeur (Lublin 1835 – Moscou 1880). Il étudia à Lublin avec J. Hornziel et S. Serwacz'ynski, et, en 1843, entra dans la classe de Clavel au Conservatoire de Paris, puis dans celle de Massart avec lequel il travailla jusqu'en 1848. Après ses premiers triomphes à Paris et à Saint-Pétersbourg, il fit une grande tournée de concerts dans toute l'Europe en compagnie de son frère Josef, pianiste. De 1860 à 1871, il fut violoniste à la cour de Saint-Pétersbourg. De 1872 à 1874, il effectua une tournée aux États-Unis (dont une série de concerts avec A. Rubinstein). De 1874 à 1876, succédant à Vieuxtemps, il fut professeur de violon au conservatoire de Bruxelles. Virtuose exceptionnel, il se jouait des difficultés techniques les plus ardues : dixièmes, pizzicati de la main gauche, sons harmoniques, doubles, staccato volant, etc. Il a composé des œuvres (dont deux concertos) destinées à son propre usage, pour mettre en valeur son étonnante technique.

 
Josef, pianiste et compositeur (Lublin 1837 – Bruxelles 1912). Frère du précédent, il fut l'élève de Liszt à Weimar (1855-56), et fut professeur de piano au conservatoire de Bruxelles de 1878 à sa mort.

Wikmanson (Johan)

Compositeur suédois (Stockholm 1753 – id. 1800).

Élève de l'abbé Vogler et de Johann Martin Kraus, il fut élu membre de l'Académie royale de musique de Suède en 1788, et y devint directeur du département de l'Éducation en 1796 et professeur d'harmonie et de théorie musicale en 1797. On lui doit notamment une trentaine de lieder, des œuvres pour piano, et trois quatuors à cordes publiés par sa fille en 1801 avec une dédicace à Haydn.

Wilbye (John)

Compositeur anglais (Diss, Norfolk, 1574 – Colchester, Essex, 1638).

Fils d'un tanneur, Mathew Wilbye, John est baptisé le 7 mars 1574. Puis on perd sa trace jusqu'au moment de la publication de son premier livre de madrigaux en 1598. À cette époque, il est déjà entré au service de la famille de sir Thomas Kytson, près de Bury St. Edmond's (Suffolk). Il reste trente ans à ce poste, jusqu'à la mort de lady Kytson en 1628, et passe les dix dernières années de sa vie chez une amie de longue date, lady Rivers, à Colchester. En 1609, il publie le Second Set of Madrigals to 3, 4, 5 and 6 Parts Apt for Both Voyals and Voyces. Un autre madrigal se trouve dans le recueil The Triumphs of Oriana (1601) et deux autres pièces dans The Teares and Lamentations of Sorrowful Soul (1614) de sir W. Leighton. Quelques pièces isolées, généralement incomplètes, sont conservées en manuscrit. On ne connaît de lui aucune œuvre religieuse.

   Les deux recueils renferment un total de soixante-quatre madrigaux. C'est peu. Mais par la qualité uniformément élevée de cette musique, Wilbye s'affirme comme le plus grand de tous les madrigalistes anglais. Il possède le métier sérieux et la maîtrise du contrepoint de W. Byrd, le don mélodique et la gracieuse légèreté dans le style canzonette cher à Th. Morley (Fly not so swift), ainsi que la science du madrigal italien (Ferrabosco). C'est un musicien plus raffiné et plus égal que Th. Weelkes ; le chromatisme de Wilbye demeure toujours discret et au service de l'expression. En cela il se rapproche de Luca Marenzio. Quant aux textes littéraires, il les traite en connaisseur : chaque image miroite dans sa musique qui développe une intensité incomparable.

   Un titre encore, le superbe madrigal Draw on, sweet night à six voix qui, avec ses alternances de majeur/mineur, décrit la douceur de la nuit et, ensuite, l'homme harassé qui vient y chercher un apaisement.

Wildberger (Jacques)

Compositeur suisse (Bâle 1922 – Riehen 2006).

Entré en 1940 au conservatoire de sa ville natale, il devint en 1948 l'élève de Vladimir Vogel, qui l'initia aux techniques sérielles. Depuis 1966, il enseigne la théorie et la composition à l'Académie de musique de Bâle. Après avoir écrit en 1952 un quatuor pour flûte, clarinette, violon et violoncelle s'inspirant formellement des Variations pour orchestre de Schönberg, il s'imposa en 1953 à Donaueschingen avec Tre mutazioni pour orchestre de chambe, où se manifeste l'influence de Webern. Intensio-Centrum-Remissio pour orchestre fut créé sous la direction de Pierre Boulez à Aix-en-Provence en 1958. Avec Musique pour 20 cordes solistes (1960), Wildberger étendit le sérialisme aux durées.

   Citons encore Contratempi pour flûte, flûte alto, flûte basse et quatre groupes d'orchestre (1970), et des œuvres vocales comme Épitaphe pour Évariste Galois pour récitants, soprano, baryton, chœur parlé, orchestre et bande (1962), La Notte pour cinq instruments et bande, d'après des textes de Michel-Ange et de Hans Magnus Enzensberger (1967), et Die Stimme, die alte schwächer werdende Stimme pour soprano, violoncelle, orchestre et bande (1974), Canto pour orchestre.