Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
M

Marcabru

Troubadour gascon ( ? v. 1100 – ? v. 1147).

Comme Guillaume IX et Jaufré Rudel, il appartient à la première génération de troubadours. Il était réputé pour son tempérament violent et pour sa misogynie. Ses origines modestes demeurent obscures. Un autre troubadour, le seigneur Aldric d'Auvillars, aurait trouvé l'enfant abandonné pour le prendre sous sa protection. Marcabru devient jongleur avant de voyager, dans le Midi, dans l'Île-de-France et probablement jusqu'en Angleterre. Il se rend également à la cour du roi Alphonse VII de Castille, et à celle du comte de Barcelone. Des cinquante chansons environ qui nous sont parvenues, quatre sont notées. L'une d'entre elles, une pastourelle particulièrement belle et pleine de mélancolie, Pax in nomine Domini, traite de la deuxième croisade (1147-1149).

marcato

Mot italien désignant une manière de jouer en martelant quelque peu les notes.

Le sens est légèrement différent du français « marqué », fréquemment employé surtout au XVIIIe siècle, et qui s'applique plutôt à la manière d'accentuer les temps de la mesure pour bien faire sentir celle-ci.

Marcello

Famille de musiciens italiens.

 
Allessandro, compositeur (Venise 1684 – id. 1750). Esprit éclairé, il s'adonnait également aux mathématiques et à la philosophie. Membre de l'académie des Arcadiens à Rome, il avait choisi le surnom de Eterico Stinfalico. Il donnait ses propres compositions lors de réunions hebdomadaires dans sa demeure. Son œuvre comporte des cantates pour soprano et basse continue (1708), des sonates pour violon et basse continue (1708) ainsi que des recueils de concertos dont les Concerti à 5, publiés à Amsterdam (1716). Son œuvre la plus connue demeure le Concerto pour hautbois et cordes en mineur, transcrit par Bach pour clavecin.

 
Benedetto, compositeur (Venise 1686 – Brescia 1739). Frère du précédent, il fut l'élève d'Antonio Lotti pour la composition, mais se consacra d'abord au violon et au chant. Il fut d'ailleurs le professeur de Faustina Bordoni, une des plus illustres cantatrices de l'époque. De famille noble, et très cultivé, ce « nobile Veneto » mena de front la musique et une carrière d'avocat qui le conduisit à être juge au tribunal de la Seingurie de Venise, puis membre du Conseil des Quarante (1716) avant de devenir Provediteur de la République de Pola (1730-1738).

   Marcello fut aussi homme de lettres et publia des ouvrages parmi lesquels il convient de citer surtout une satire des milieux théâtraux de l'époque, Il Teatro all moda (1720), qui eut un grand succès. Ses œuvres musicales, savantes et de haute qualité, tant instrumentales que vocales, sont caractéristiques du baroque italien à son apogée. Les douze Concerti a cinque (1708) témoignent d'une grande sensibilité et comptent parmi les meilleurs exemples du genre. Mais son œuvre maîtresse reste les cinquante paraphrases des Psaumes de David sur des textes italiens de G. A. Giustiniani, conçus pour une à quatre voix avec l'accompagnement de la basse continue, et intitulés Estro poetico armonico (Venise, 1724-1726). Les préfaces de ces six volumes sont également intéressantes. Marcello fut actif aussi dans le domaine de l'oratorio (Giuditta, 1709, sans doute perdu ; Gioàz, 1726 ; Il Trionfo della poesia e della musica, 1733). En outre, il laissa des messes et des œuvres spirituelles. Pour le théâtre, il composa l'opéra La Fede riconosciuta (1707), perdu et d'authenticité douteuse, et la pastorale Calisto in Orsa (id., 1725). Sa musique de chambre comporte des sonates pour clavecin, pour flûte et basse continue, des cantates, ainsi que des Canzoni madrigalesche e arie per camera (1717).

Marchal (André)

Organiste français (Paris 1894 – Saint-Jean-de-Luz 1980).

Aveugle, il fut, au Conservatoire de Paris, l'élève de Gigout (orgue et improvisation, 1913) et de Caussade (contrepoint et fugue, 1917). Il fut successivement suppléant de Gigout à Saint-Augustin, titulaire à Saint-Germain-des-Prés (1915-1945) et à Saint-Eustache (1945-1963), tout en enseignant l'orgue et l'improvisation à l'Institution nationale des jeunes aveugles. Exécutant de grand talent, il a contribué au regain d'intérêt pour la musique d'orgue française, en renouant avec l'art d'une registration colorée et variée, comme l'aimaient et l'exigeaient les maîtres anciens, et qui avait été négligé à l'époque romantique. En cela, il a beaucoup influencé les organistes et les facteurs d'orgues vers un retour à l'esthétique classique. Son domaine d'élection fut l'improvisation, où se donnait libre cours une intense poésie intérieure. Son contemporain Marcel Dupré et lui ont représenté les deux pôles opposés et complémentaires de l'école d'orgue française, rigueur et sensibilité, austérité et liberté ; leur enseignement et leur exemple ont fécondé toute la jeune génération d'organistes français.

Marchand (Louis)

Organiste, claveciniste et compositeur français (Lyon 1669 – Paris 1732).

Élève de son père et très précocement doué, il fut organiste de la cathédrale de Nevers dès l'âge de quinze ans, puis à la cathédrale d'Auxerre. Venu à Paris en 1689, il y occupa les fonctions d'organiste chez les jésuites de la rue Saint-Jacques, aux églises Saint-Benoît, Saint-Honoré et à celle des Cordeliers, assurant à partir de 1706 l'une des charges d'organiste à la chapelle royale. Homme dissipé, de tempérament irascible, il fut contraint de se démettre de ses fonctions et de quitter la France. En Allemagne, on voulut l'opposer à J.-S. Bach, mais il ne se présenta pas au tournoi que Bach, à son corps défendant, remporta par forfait (on raconte que Marchand avait espionné Bach répétant, et avait préféré ne pas se mesurer à lui). De retour en France, il fut organiste à la cathédrale de Strasbourg et revint aux Cordeliers de Paris. Virtuose éblouissant et pédagogue écouté, il fut le professeur de D'Aquin et de du Mage. Dans le domaine de l'orgue, il marque l'apogée du style classique avec ses contemporains Couperin et Grigny. Dans ses compositions pour cet instrument, il reste fidèle au grand style de ses prédécesseurs, mais son humeur fantasque se manifeste par une imagination harmonique sans cesse en éveil et une rythmique souvent irrégulière. Il a laissé deux livres de pièces de clavecin, cinq Livres de pièces choisies pour orgue, trois Cantiques spirituels (sur les poèmes de Racine), une cantate, Alcyone, des airs français et italiens et un traité théorique, Règles de la composition.