Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
U

una corda

Terme italien désignant l'usage de la sourdine (ou pédale douce) au piano.

Le retour à la normale est indiqué par tre corde ou tutte corde.

Unger (Karoline)

Contralto autrichienne (Vienne 1803 – Florence 1877).

Malgré de brillants débuts, à Vienne en 1824, dans le rôle de Dorabella (de Cosi fan tutte), sa participation à la création de la Neuvième Symphonie de Beethoven et un grand talent de mélodiste, la carrière de Karoline Unger sera entièrement consacrée au répertoire italien, qu'enrichiront pour elle Donizetti (Maria de Rudenz), Bellini, Mercadante et Pacini. Que ce soit dans la péninsule même, de 1825 à 1833, ou à Paris, au Théâtre-ltalien, de 1833 à 1841, ses interprétations, notamment de Rossini et de Meyerbeer, suscitent l'admiration par leur intelligence dramatique et la qualité de la voix, homogène du la au 3. Elle se retire en pleine gloire en 1843.

unisson

1. Position de deux ou plusieurs notes situées à la même hauteur. Lorsqu'il s'agit d'en déterminer l'intervalle, le terme propre, mais peu usité, est l'intervalle de prime, comme on dit seconde, tierce, etc.

2. Action pour plusieurs exécutants, habituellement différenciés, de se réunir occasionnellement pour jouer ou chanter ensemble de manière identique un morceau, un fragment de morceau ou même une note ou quelques notes. On dit qu'ils jouent ou chantent à l'unisson.

Universal-Edition

Maison d'édition autrichienne.

Fondée à Vienne en 1901, elle ne publia que des classiques jusqu'à l'acquisition en 1903 des droits d'édition de Bruckner, suivie en 1904 du rachat de la firme munichoise Josef-Aibl avec des œuvres de Richard Strauss et Max Reger. À partir de 1907, la musique moderne représentée par Mahler, Schönberg, Berg, Webern, Janáček, Bartók, Kodály, Malipiero, Milhaud, Kurt Weill, Martinů, etc., tint une place de plus en plus grande dans les activités d'Universal-Edition. L'ouverture de succursales à New York (1920), puis à Londres, Mayence et Zurich, le rachat du Philharmonischer Verlag en 1927, témoignent de la vitalité et de l'expansion de la firme, dont le catalogue réunit actuellement les plus grands noms de la musique contemporaine : Berio, Boulez, Stockhausen, Messiaen, Frank Martin et Pousseur, entre autres.

Ursuleac (Viorica)

Soprano roumaine (Czernovitz 1894 – Ehrwald 1985).

Elle est l'élève de Philip Forsten et de Lilli Lehmann à Vienne. De 1924 à 1926, elle chante au Volksoper de Vienne sous la direction de Felix Weingartner. De 1926 à 1930, elle est à l'Opéra de Francfort, où elle rencontre le chef d'orchestre Clemens Kraus, qu'elle épouse. À Vienne, puis au Staatsoper de Berlin, son ascension se trouve facilitée par l'avènement du régime nazi. De 1937 à 1944, elle est sans rivale sérieuse en Allemagne et chante à l'Opéra de Munich et à Salzbourg. Sa rencontre avec Richard Strauss est déterminante : en 1933, elle crée le rôle-titre d'Arabella. Strauss lui dédie plusieurs lieder ainsi que Friedenstag en 1938. Puis, en 1942, elle crée le rôle de la Comtesse de Capriccio, et l'Amour de Danaé en 1944. Après la guerre, elle chante en récital avec son mari, en Amérique du Sud notamment, puis reprend sa carrière. Elle se retire en 1954, et se consacre à l'enseignement.

Ustvolskaya (Galina)

Compositeur russe (Petrograd 1919 – Saint-Pétersbourg 2006).

Elle fait des études au conservatoire de sa ville natale (1937-1947) et devient, en 1939, l'élève de Dmitri Chostakovitch. Elle en sera l'assistante en 1947 et continuera d'enseigner au Conservatoire de Leningrad jusqu'au début des années 1990. Tempérament étranger à toute concession, esthétique ou politique, Ustvolskaya mène une existence marginale et sa découverte à l'étranger, peu avant la chute du régime communiste, fera l'effet d'une véritable révélation. Sa musique ne s'inscrit dans aucun courant du siècle et ne s'apparente, par sa droiture et son refus de toute concession, qu'à celle de Varèse ou, dans une certaine mesure, à celle de Scelsi. D'inspiration religieuse, beaucoup de ses œuvres se distinguent par l'intensité du sentiment, parfois déclamatoire, mais toujours très direct, loin de toute sophistication, comme dans Composition I « Dona Nobis Pacem » (1971), où elle exploite les paradoxes expressifs issus du caractère volontaire de la réunion de trois instruments : flûte piccolo, tuba et piano. Elle fait souvent appel à des ensembles, comme dans son Octuor pour deux hautbois, quatre violons, timbales et percussion (1950). Ces étranges combinaisons ne visent cependant pas l'exotisme ; elles n'ont rien de démonstratif, mais soulignent au contraire une sorte de mystique de l'immanence, une austérité allant souvent de pair avec une violence peu habituelle (Composition II « Dies Irae » pour huit contrebasses, percussions et piano, 1973). Dans ses six Sonates pour piano, composées entre 1947 et 1988, elle poursuit en quelque sorte l'expérience du dernier Stravinski, dans le sens d'un hiératisme altier et d'une mise en page absolument libre et désinvolte (par exemple, l'inexorable Sonate no 6 de 1988, avec ses surfaces rectilignes et ses contrastes dynamiques vertigineux). Elle a écrit aussi quatre symphonies, dont la deuxième est intitulée Vraie et éternelle béatitude (1979) et la troisième, Jésus Messie sauve-nous (1983).

ut

Nom ancien de la note aujourd'hui communément appelée do. Empruntée à l'hymne Ut queant laxis, ut était la première des six syllabes introduites au XIe siècle par Gui d'Arezzo pour déterminer les syllabes de l'hexacorde (SOLMISATION). Connaissant les intervalles de celui-ci (pour T = ton et S = semi-ton ou 1/2 ton, T T S T T), il suffisait de chanter ut sur une note quelconque pour que les intervalles suivants se trouvent déterminés. Par rapport aux clefs, c'est-à-dire à la disposition des notes sur le clavier, ut pouvait se placer sur l'une des trois clefs (notes), C (aujourd'hui do), F (aujourd'hui fa) ou G (aujourd'hui sol), déterminant par là l'un des trois hexacordes dits naturel, par bémol ou par bécarre.

   Avec la disparition des deux derniers vers le XVIIe siècle, l'ut de l'hexacorde naturel, placé sur C, est resté seul en usage, et c'est pourquoi on considère aujourd'hui C et ut comme synonymes, ut naturel étant le nom de la note dans les pays latins, C le même nom de note dans les pays anglo-saxons.

   Anciennement, ut (ou C) n'était que le premier degré de la succession diatonique dans la gamme classique majeure. Dans la confusion introduite au XIXe siècle entre hauteur « absolue » et hauteur « relative », ces deux termes ont l'un et l'autre pris une valeur de hauteur absolue (fréquence) qu'ils n'avaient pas à l'origine : tierce mineure au-dessus du la du diapason, ou l'une quelconque de ses octaves. L'ancienne acception n'en est pas moins conservée dans la hauteur relative, ce qui n'est pas sans amener parfois des malentendus.