psaume
Nom donné dans la Bible à un recueil de 150 poèmes moralistes ou religieux (livre des psaumes), dont la composition est en partie attribuée au roi David et à son fils Salomon. Le terme, qui évoque un instrument à cordes pincées (PSALMODIE), a été introduit au IIIe siècle av. J.-C. par la traduction grecque de la Bible due aux Septante (le mot hébreu est mizmor) et conservé latinisé par l'Église chrétienne. Il laisse entendre que ces poèmes étaient, à l'origine, chantés avec accompagnement d'un instrument de ce genre, ce qui valut au roi David d'être fréquemment représenté, dans l'iconographie chrétienne, sous l'aspect d'un roi harpeur.
Cette étymologie fut assez vite oubliée du fait que les psaumes, dans la liturgie catholique, où ils tiennent une place considérable, se chantent sans accompagnement, même si, probablement au XVIIIe siècle, sinon au XIXe, on leur a adjoint un léger soutien d'orgue purement fonctionnel.
Non seulement la harpe s'est vu bientôt remplacée sur l'image par n'importe quel instrument, mais les dérivés musicaux du mot « psaume » se réfèrent tous, non pas au jeu de l'instrument étymologique, mais au mode spécial de cantillation qui caractérise la psalmodie : récitation sur une seule note dite « teneur » ou « corde de récitation », coupée si le verset est trop long par des inflexions de repos, ou « flexes », avec trois formules mélodiques liées au « ton » adopté : une formule d'« intonation » (souvent réservée au seul verset initial), une formule de « médiante » marquant la séparation des demi-versets (indiquée par un astérisque dans les livres de chant), une formule conclusive pour la fin du verset (chaque ton possède plusieurs formules conclusives de rechange). Les psaumes étaient chantés primitivement, comme à la synagogue, sous forme responsoriale, c'est-à-dire par un seul chantre récitant, auquel l'assemblée répondait par un court refrain de louange ou d'approbation. Cette forme a été supplantée vers le IVe siècle, à l'instigation de saint Ambroise de Milan, par une forme dite « antiphonique », c'est-à-dire en deux demi-chœurs alternés, encadrés par un court chant mélodique de même ton, généralement tiré de l'Écriture sainte, et dénommé par analogie « antienne » (antiphona). On termine les psaumes, à l'office, par un couple de versets à la louange de la Sainte Trinité (Gloria Patri…), appelé doxologie.
La Réforme du XVIe siècle a adopté également le chant des psaumes pour base de son répertoire, mais sous la forme d'adaptations versifiées en langue vulgaire. Les versets sont devenus des strophes, et un grand nombre de mélodies nouvelles ont été composées à leur intention. En Allemagne, les psaumes se sont plus ou moins confondus avec les autres cantiques de même type, sous le nom générique de « choral ». En France, ils ont constitué un répertoire propre, dit Psautier huguenot. La forme initiale en est presque toujours monodique, mais ils ont été fréquemment harmonisés ou développés du XVIe siècle à nos jours. Il y eut également des essais de psaumes en langue vulgaire jusque chez les catholiques : Marot au XVIe siècle, Godeau au XVIIe siècle.
La numérotation des psaumes diffère partiellement d'un usage à un autre. L'usage catholique suit la version de la Vulgate dite « italique », établie d'après la traduction grecque des Septante (les psaumes furent exceptés de la révision de l'italique par saint Jérôme), qui a condensé en un seul les psaumes 9 et 10 et divisé en deux le psaume 147, de sorte que le nombre total reste le même, mais qu'il y a divergence d'un numéro entre les psaumes ci-dessus. L'usage réformé refuse la correction de la Vulgate et coïncide par conséquent avec l'usage hébraïque.
Indépendamment des harmonisations ou développements des psaumes réformés, le texte des psaumes a souvent été mis en musique et fournit une part importante des motets du XVIe au XVIIIe siècle, de Josquin Des Prés à Mozart en passant par l'important ensemble dû à Benedetto Marcello. Quelque peu négligé au XIXe siècle, malgré des exceptions comme Mendelssohn et Liszt, le psaume semble avoir connu un regain de vitalité dans la première partie du XXe siècle, surtout en France (cf. Lily Boulanger, Florent Schmitt, Albert Roussel, Arthur Honegger), pour culminer en 1930 avec la Symphonie de psaumes de Stravinski, réunion artificielle de 3 textes de psaumes formant les 3 mouvements d'une symphonie avec chœurs.
psautier
Au sens usuel, recueil de psaumes. Par extension, on donne parfois le nom de psautier à l'antiphonaire ou à tout autre livre d'heures, mais ce terme n'appartient pas comme tel à la terminologie officielle.
On donne également le nom de psautier à l'ensemble des 150 psaumes considéré dans une version déterminée. Le psautier hébraïque a d'abord été, comme toute la Bible, traduit en grec avant l'ère chrétienne par les Septante, puis il connut diverses traductions latines de seconde main, généralement d'après la version grecque des Septante. C'est à celle de Rome et de l'Italie du Sud, dite « vieille italique », que sont empruntés la plupart des extraits de psaumes chantés à l'office hors de la psalmodie, d'où parfois des variantes de texte avec celle-ci. Quand saint Jérôme (331-420) refit d'après l'hébreu une nouvelle version diffusée sous le nom de Vulgate, certains pensent qu'il en excepta le psautier qui aurait été rédigé par saint Ambroise (340-397), mais d'autres le lui attribuent également. Toujours est-il que celui-ci connut dans la Vulgate même 3 versions ; c'est la seconde, rédigée vers 386, qui fut adoptée pour la psalmodie de l'office. Elle prit le nom de « psautier gallican » après que les Carolingiens en eurent imposé l'usage en Gaule à la fin du VIIIe siècle, et, sauf à Saint-Pierre de Rome, est restée seule en usage après l'interdiction de l'italique par Pie V.
Le XXe siècle a connu plusieurs tentatives de révision du psautier : en 1945, celle du P. Béa, dite Psautier de Pie XII ; en 1969, celle des bénédictins de Saint-Jérôme à Rome, dite néovulgate ; depuis le concile Vatican II, de nombreux pays travaillent à un psautier dans leurs langues propres, et une commission interconfessionnelle prépare un psautier œcuménique qui serait commun aux trois religions catholique, orthodoxe et protestante. Cette dernière donne le nom de Psautier huguenot à la collection des 150 psaumes traduits en vers français strophiques par Clément Marot et Théodore de Bèze au XVIe siècle (avec adjonction de quelques cantiques, dont celui de Siméon), et qui est restée la base du chant collectif de l'église calviniste et de ses harmonisateurs.