Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
G

gospel song

Chant religieux dérivé de l'Évangile (en angl. gospel), interprété dans la tradition négro-américaine.

Le gospel song se distingue du negro spiritual par une référence exclusive au Nouveau Testament et un aspect spectaculaire emprunté au monde des variétés. Il n'est pas resté confiné à l'Église ; par le disque, puis par le concert, il s'est fait connaître à un public beaucoup plus vaste que celui des congrégations noires où il est né. Représenté par des artistes tels que Mahalia Jackson, Sister Rosetta Tharpe ou The Stars of Faith, le gospel song a des affinités avec les formes populaires du jazz et le rhythm'n'n blues.

Gossec (François Joseph Gossé, dit)

Compositeur français (Vergnies, Hainaut, 1734 – Paris 1829).

Fils de fermier, il commença à étudier la musique à la maîtrise de l'église de Walcourt, puis se perfectionna à celle de la cathédrale d'Anvers. En 1751, il se rendit à Paris où Rameau, auquel il avait été recommandé, le fit entrer comme chef d'orchestre chez le fermier général La Pouplinière. Son premier grand succès fut sa Messe des morts (1760), dont l'orchestration du Tuba mirum est étonnante pour l'époque et annonce Lesueur et même Berlioz. À la mort de La Pouplinière (1762), Gossec devint pour huit ans maître de chapelle chez le prince de Condé, pour qui il signa son premier opéra, le Périgourdin, représenté à Chantilly. En 1766, il fut également engagé par le prince de Conti, tandis que la Comédie-Italienne donnait régulièrement ses opéras-comiques : le Faux Lord (1765), le Tonnelier (1765), Toinon et Toinette (1767). Ce fut également un des créateurs de la symphonie en France. Il en composa vingt-quatre de 1756 à 1762 environ. En 1769, pour concurrencer le Concert spirituel, où étaient surtout données des œuvres vocales, il fonda le Concert des amateurs, à la tête duquel il devait rester jusqu'en 1773. Il composa pour cet ensemble de nouvelles symphonies, dont celle intitulée la Chasse, et, en 1773, dans le cadre de cette institution, il fut le premier à diriger en France une symphonie de Haydn. La même année, il prit avec Gaviniès et Simon Leduc la direction du Concert spirituel, mais, en 1777, des intrigues de cour l'obligèrent à céder le poste à un chanteur de l'Opéra, Legros. En 1780, il fut nommé sous-directeur de l'Académie royale de musique, et, de 1782 à 1785, membre du Comité directorial de l'Opéra. En 1784, le baron de Breteuil lui confia la direction de l'École royale de chant et de déclamation, qu'il venait de fonder, et qui devait devenir, en 1795, le Conservatoire national. De cet établissement, Gossec fut un des fondateurs, et il en devint inspecteur avec Méhul, Cherubini et Lesueur. Républicain convaincu, il dirigea la musique de la garde nationale et composa pour diverses cérémonies officielles de la Révolution de nombreuses œuvres de circonstance (Marche lugubre), des hymnes (À l'Être suprême, À la Liberté, À la Nature), des cantates, des pièces patriotiques (le Triomphe de la République). Napoléon ne lui en tint pas rigueur, et le nomma, en 1799, membre de la Commission d'examen de l'Opéra. Il le chargea aussi d'écrire de nouvelles cantates à la gloire de l'Empire. Gossec fut un des premiers promus dans l'ordre de la Légion d'honneur. Ses œuvres lyriques, chorégraphiques, religieuses ou patriotiques connurent souvent le succès lors de leur apparition, mais aucune ne devait s'imposer par la suite. Toutefois l'esprit révolutionnaire et religieux de Gossec a certainement exercé une influence sur Beethoven. Son nom reste attaché à la fondation du Conservatoire, pour les élèves duquel il écrivit quelques leçons de solfège, des Principes de la musique en 2 volumes (1799 et 1802) et une Méthode de chant (1803). Il acheva encore, en 1809, une grande symphonie en fa « à dix-sept parties » ­ page étonnante où, à la forme mise au point par Haydn et Beethoven, se mêlent de nets échos des musiques de la Révolution ­, puis cessa toute activité à partir de 1815 et se retira à Passy.

Gottschalk (Louis Moreau)

Pianiste et compositeur américain d'origine française (La Nouvelle-Orléans 1829 – Tijuca, Brésil, 1869).

Fixé en France pendant dix ans (1842-1852), il y fut l'élève de Stamaty et commença sa carrière de pianiste vers 1845. De retour aux États-Unis, il continua ses concerts en interprétant ses propres compositions, morceaux de genre, brillants et d'un sentimentalisme bien romantique, les premiers qui se soient inspirés de la musique indigène (rythmes noirs et créoles, mélodies folkloriques). Son succès fut très grand, même en France, au début de sa carrière. Il fut le maître de Teresa Carreño. Parmi ses nombreux titres : la Savane (ballade créole), le Mancenillier (id.), Bamboula (danse nègre), le Bananier (chanson nègre).

Goubaïdoulina (Sofia)

Femme compositeur russe (Christopol 1931).

Née d'un père tatare et d'une mère russe, elle suit les cours de piano et de composition du Conservatoire de Kazan, puis de celui de Moscou (avec notamment Nikolaï Peïko et Vissarion Chebaline). De 1963 à 1992, elle vit à Moscou comme compositeur indépendant. Depuis, elle est installée en Allemagne. Les débuts de Goubaïdoulina sont marqués par l'influence de Chostakovitch, dont elle se libère assez vite pour édifier un style d'écriture facilement identifiable. La mystique et la pensée symbolique (In Croce pour violoncelle et orgue, 1979) sont les constituants principaux de l'univers de Goubaïdoulina. On peut y ajouter son affinité avec la poésie, celle de l'Égypte antique comme celle d'Anna Akhmatova (la Nuit à Memphis, 1969), de T. S. Eliot (Hommage pour soprano et octuor, 1987), d'Omar Khayyam ou de Marina Tsvetaieva (Percussio di Pekarski pour percussion, mezzo-soprano et orchestre, 1976). Pour elle « tous les hommes ont besoin de l'Eucharistie », et elle essaie de « composer afin de permettre à cet élément de naître dans la musique » ; on note dans presque toutes ses œuvres une quête intense de la transcendance (Perceptio pour soprano, baryton et cordes, 1981-1983) et d'un lyrisme aigu, traduite par une riche technique de la narration musicale (discours haché, parsemé de silences, supposant le plus souvent une continuité intérieure) et par une maîtrise accomplie de la couleur. On lui doit notamment Concordanza pour orchestre, Vivente-non vivente pour synthétiseur et bande (les deux œuvres sont de 1970), Instant de l'âme pour mezzo-soprano et orchestre, sur les vers de Marina Tsvetaieva (1974, rev. 1987), Introïtus-concerto pour piano et orchestre (1978), Réjouissez-vous pour violon et violoncelle (1981), les Sept Paroles pour violoncelle, accordéon et cordes (1982), Offertorium-Hommage à J. S. Bach pour violon et orchestre (1984), Silenzio pour accordéon, violon et violoncelle (1991), Jezt immer Schnee pour ensemble et chœur de chambre (1993), Concerto pour flûte, cordes et percussion (1994), quatre quatuors à cordes. Elle a obtenu le premier prix au Concours international de composition de Rome (1975) et le prix de composition de la Fondation Prince Pierre de Monaco pour l'ensemble de son œuvre (1987).