Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Carissimi (Giacomo)

Compositeur italien (Marino, près de Rome, 1605 – Rome 1674).

Peu de renseignements nous sont parvenus sur sa vie. On sait seulement qu'il fut chantre et organiste de la cathédrale de Tivoli (1624-1627), puis maître de chapelle de la cathédrale d'Assise (1628-29). De 1630 à sa mort, il occupa le poste de maître de chapelle de Saint-Apollinaire à Rome. Si Carissimi voyagea peu au cours de sa carrière, ses œuvres, en revanche, furent estimées et jouées partout en Europe ; l'étendue de leur popularité est confirmée par le fait que des manuscrits de sa musique sont conservés dans de nombreuses bibliothèques, non seulement en Italie, mais aussi en Allemagne, en France et en Angleterre. L'excellent Dr. Burney qualifia Carissimi d'« admirable maître ». Et tout aussi élogieux furent les Français Maugars et P. Bourdelot.

   Carissimi est indiscutablement l'un des premiers grands maîtres de l'oratorio. Dans cette forme, il succéda à Cavalieri et à Quagliati, prenant comme point de départ le motet latin et faisant dialoguer les chœurs avec des voix seules qui incarnent les différents personnages du drame. En principe, le texte biblique est raconté par l'historicus ; les chœurs commentent l'action, renforçant ainsi l'expression, mais parfois aussi, ils sont utilisés à des effets spéciaux (échos) comme dans Jephté, le mieux connu des oratorios de Carissimi. Pour le rôle de la fille de Jephté, le plus développé de l'ouvrage, le compositeur emploie le style récitatif, le style arioso et l'air avec une grande souplesse.

   Sa production de musique religieuse est considérable : elle va du petit motet en dialogue (Tolle Sponsa), de l'histoire sacrée qui fait appel à trois personnages (Historia di Job) à l'oratorio en deux parties (Diluvium universale) pour lequel douze voix sont nécessaires. Quelles que soient les proportions de l'œuvre, tout repose sur la seule basse continue, sauf dans de rares exceptions où deux violons prêtent leur concours (Historia di Ezechia). En revanche, les récitatifs, airs, duos, trios et chœurs (qui semblent demander un effectif réduit en raison des dimensions de l'accompagnement), parfois à huit voix en double chœur, se mêlent avec bonheur. Si l'aspect théâtral se fait sentir, il demeure discret et du meilleur goût, préservant une atmosphère de musique de chambre.

   La même variété de formes et de moyens d'expression caractérise les quelque 130 cantates de Carissimi. Peut-être son génie se manifeste-t-il ici mieux qu'ailleurs. Bien que le sujet traité soit généralement celui des peines d'amour, Carissimi est l'un des rares compositeurs romains à utiliser des thèmes comiques (Amor mio, che cosa è questo ?) ou à évoquer le jugement dernier (Suonerà l'ultima tromba) avec une puissance dramatique inattendue dans un genre si intime. C'est également dans ses cantates que le musicien se montre le plus sensible aux raffinements harmoniques ; la beauté des lignes mélodiques témoigne d'une certaine réserve, typique de l'école romaine.

   Au cours de sa brillante carrière, Giacomo Carissimi a trouvé le temps de former au moins trois élèves illustres : le Français M.-A. Charpentier, ainsi que les deux Italiens P. Cesti et A. Scarlatti.

Carlier

Famille de facteurs d'orgues français des XVIe et XVIIe siècles.

Originaires des Flandres, les Carlier travaillèrent dans le nord de la France, dans la région parisienne, en Normandie et dans les pays de la Loire. Crespin Carlier, de Rouen, construisit en 1620 les orgues de la collégiale de Saint-Quentin et, en 1629, celles de Saint-Ouen à Rouen.

Carlstedt (Jan)

Compositeur suédois (Orsa 1926 – ? 2004).

Élève de Lars Erik Marsson à Stockholm (1948-1952), il a aussi étudié à Londres (1952-53), à Rome (1954-55), en Tchécoslovaquie et en Espagne. Il a joué un rôle important dans la vie musicale de son pays, fondant en 1960 la Société de musique contemporaine de Stockholm, et, en 1961, la branche suédoise des Jeunesses musicales. Parti du sérialisme, il a évolué vers un style où la tonalité retrouvait sa place. Sa symphonie no 1 date de 1952-1954 (rév. 1961). La deuxième, dite Symphonie de la fraternité (1968-69), est un hommage à Martin Luther King. On lui doit aussi, entre autres, quatre quatuors à cordes (1951-52, 1966, 1967 et 1972), un concerto pour violoncelle (1970) et un autre pour violon (1975).

carmagnole

Chanson révolutionnaire anonyme, datant de l'époque où Louis XVII fut prisonnier au Temple, et danse, en forme de ronde, qui l'accompagnait.

L'une et l'autre tenaient sans doute leur nom d'une pièce de vêtement : la veste à courtes basques et large collet, garnie de plusieurs rangs de boutons métalliques, que portaient dans le Midi les ouvriers piémontais originaires de Carmagnola. Inconnu à Paris jusqu'en 1792, ce costume y devint subitement populaire lors de l'arrivée des fédérés marseillais.

Carmen (Johannes)

Compositeur français de la première moitié du XVe siècle.

Il fut qualifié d'« escripvain et noteur de chant » en 1403. Il fut chantre en l'église Saint-Jacques-de-la-Boucherie à Paris et est cité par Martin Le Franc dans son Champion des dames (v. 1440). On a conservé de lui deux motets isorythmiques et un motet à 4 voix, Pontifici decori speculi, en hommage à saint Nicolas. Ce dernier, bel exemple d'un rationalisme musical raffiné, combine une structure isorythmique générale et l'emploi pour les deux voix supérieures d'un canon, l'écriture de l'ensemble faisant songer à Ciconia. Ces trois motets ont été publiés par G. Reaney (Early, 15th Century Music, CMM II/I, 1955).

Carmirelli (Pina)

Violoniste italienne (Varzi 1914 – Carpena 1993).

Étudiant d'abord le violon et la composition au Conservatoire de Milan, elle remporte en 1937 le Prix national Stradivarius à Crémone, puis le Prix Paganini en 1940. Elle va devenir une éminente chambriste, fondant en 1949 le Quintetto Boccherini, qui s'attache à la redécouverte du compositeur éponyme. Elle est aussi premier violon du Quatuor Carmirelli, en activité de 1954 à 1962. En octobre 1962, l'Académie Sainte-Cécile de Rome lui confie le célèbre Stradivarius Toscan daté de 1690. Elle devient la partenaire de Rudolf Serkin au Festival de Marlboro et au Carnegie Hall en 1970, pour une intégrale des sonates de Mozart. En 1977, elle remplace Salvatore Accardo comme violon solo de I Musici. Enfin, en 1979, elle fonde le Quintetto Fauré di Roma.