Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
L

lauda (ital. ; « chant de louange »)

Forme particulière de chanson pieuse en langue italienne, avec strophes et refrain, mise en honneur vers 1225 par saint François d'Assise et ses disciples, mais dont l'existence est antérieure.

Elle dérive sans doute des chants de louange à la Vierge (LAUDE), dont certaines confréries spécialisées (laudesi) s'étaient fait un abondant répertoire, et tenait une grande place dans les processions des Flagellants qui se répandirent surtout en Italie à partir de 1260. D'abord monodique, la lauda prit parfois une forme polyphonique à partir du XIVe siècle (Jacopo de Bologne) ; elle dégénéra au XVe siècle pour sombrer souvent dans la simple adaptation de mélodies connues, alimenta le répertoire de l'Oratoire de saint Philippe Neri, où, vers 1600, naquit l'oratorio, et vécut jusqu'au XVIIIe siècle, au cours duquel elle s'éteignit progressivement.

laude

1. En italien, pluriel ou variante du mot lauda.

2. En français, nom générique féminin donné jadis aux chants de louange (du lat. laus, laudis). L'une des plus célèbres est le Christus vincit chanté aux couronnements, dit « laudes carolingiennes ».

3. Laudes : nom donné à l'office qui fait suite à matines pour former avec elles l'office du début de la journée (HEURES). Elles en ont d'abord été distinctes : les matines devaient se chanter de nuit, d'où leur surnom d'« office des ténèbres » et leur division en « nocturnes » ; les laudes se chantaient au lever du soleil. Les deux offices se sont peu à peu soudés l'un à l'autre.

Laurentius de Florentia (Ser Lorenzo, Lorenzo Masii ou Masini)

Compositeur et pédagogue italien († Florence fin 1372 ou début 1373).

Il enseigna dans différentes églises florentines et mit en musique des textes de Boccace, Niccoló Soldanieri, Franco Saccetti et Gregorio Calonista. C'était un esprit spéculateur, et ses œuvres, qui comprennent, entre autres, des madrigaux, des ballate et des cacce, présentent surtout un caractère didactique (L'Antefana), ou expérimental, avec des raffinements de rythme et de notation. Il lui arrive ainsi, comme dans les madrigaux Sovra la riva et Vidi nell'ombra, de noter différemment un rythme identique. Il innova aussi au niveau de la mélodie, en introduisant de longs mélismes à la partie supérieure et en se préoccupant déjà de problèmes de tonalité. Son écriture harmonique, en revanche très conservatrice, privilégie les consonances parfaites et le mouvement parallèle des voix.

Lauri-Volpi (Giacomo)

Ténor italien (Lanuvio 1892 – Burjasot, Espagne, 1979).

Il fit des études d'avocat, puis de chant à l'académie Sainte-Cécile de Rome. ll débuta dans le rôle d'Arturo des Puritains de Bellini à Viterbe en 1919. À partir de 1920, il fit une carrière internationale importante et devint l'une des vedettes du Metropolilan Opera de New York, où il se produisit dans 26 opéras différents, dont Luisa Miller de Verdi et Turandot de Puccini (qu'il créa aux États-Unis). Son timbre vocal était d'une grande beauté, avec un aigu claironnant et facile. Il avait beaucoup de succès dans les rôles à tessiture tendue, que l'on considérait dans les années 30 comme « héroïques », tel Arnold de Guillaume Tell. Il se produisait encore au théâtre à soixante ans passés.

lăutar (lăuta ou alăuta, « luth »)

Musicien populaire roumain d'origine paysanne, citadine ou tzigane, faisant partie d'un petit orchestre (taraf) et jouant à l'occasion de noces, baptêmes, enterrements.

Les lautari, organisés en corporations (bresle), se transmettent généralement la profession de père en fils. Leur répertoire, qui varie selon les époques et les régions, comprend des ballades, des doïnas, des chants de haïdouks, des chants d'amour, des danses populaires ou de salon, des chants rituels.

Lavallée (Calixa)

Compositeur canadien (Verchères, Québec, 1842 – Boston 1891).

Pianiste et violoniste d'une rare précocité (il obtint à huit ans un prix aux États-Unis), il commença sa carrière comme virtuose et voyagea à ce titre du Brésil aux Indes occidentales et aux États-Unis. Après avoir été chef d'orchestre à New York, où il présenta ses premières œuvres, il reprit, à trente ans, ses études en France avec Bazin, Boieldieu fils et Marmontel. De retour au Canada, il s'y affirma comme le meilleur animateur de la vie musicale, notamment dans l'enseignement. Mais, déçu de n'être pas suivi, il s'exila aux États-Unis, où il devint organiste et maître de chapelle de la cathédrale de Boston.

Lavignac (Albert)

Pédagogue et musicologue français (Paris 1846 – id. 1916).

Il fut élève de Marmontel, Bazin et Ambroise Thomas au Conservatoire de Paris, avant d'y être professeur de solfège (1871), puis d'harmonie (1891). Il eut notamment pour élèves Pierné et Debussy. Ses premiers ouvrages sont didactiques : Cours complet théorique et pratique de dictée musicale, Solfèges manuscrits, Cinquante Leçons d'harmonie, l'École de la pédale. Il est, également, l'auteur de la Musique et les musiciens (1895), le Voyage artistique à Bayreuth (1897), les Gaietés du Conservatoire (1899), l'Éducation musicale (1902), Notions scolaires de musique (1905-1906). Il fut le fondateur de l'Encyclopédie de la musique et dictionnaire du Conservatoire (histoire de la musique, technique, pédagogie et esthétique, dictionnaire de musique), dont les premiers volumes parurent à partir de 1912.

Lawes

Famille de musiciens anglais.

 
Henry, compositeur et chanteur (Dinton, Wiltshire, 1596 – Londres 1662). Élève de John Coprario, il fut nommé Gentleman of the Royal Chapel de Charles Ier en 1626. Peut-être fut-il l'auteur de la musique du « masque » de Thomas Carew, Coelum britannicum (1634). Toujours est-il qu'il collabora avec Milton pour la musique de l'un des premiers vrais masques dramatiques, Comus (1634). Cinq airs de ce spectacle, proche de l'opéra et où l'influence de la pastorale italienne demeure forte, sont conservés, conçus pour voix seule dans un style récitatif et accompagnés de la basse continue. Thomas Arne devait composer, en 1738, un opéra sur le même sujet. Des Select Musical Ayres de Henry Lawes furent publiés en 1652 dans le recueil de Playford. En 1653 parut un volume entièrement de lui, Ayres and Dialogues for One, Two and Three Voyces, qui connut un vif succès, ainsi que l'attestent les rééditions de 1655 et 1658. Pour le Siege of Rhodes de Henry Davenant, souvent considéré comme le premier opéra anglais, Lawes composa la musique des actes I et V.

   Également auteur de psaumes et d'anthems, Lawes fut très apprécié de ses contemporains ; Milton, par exemple, parle de « Harry, dont le Chant mélodieux et bien mesuré… » dans un sonnet élogieux intitulé To Mr. H. Lawes on the Publishing of his Ayres. Mais, contrairement aux prédictions du poète, Lawes tomba vite en disgrâce et la génération suivante lui porta plus de critiques acerbes que de louanges. Néanmoins, il demeure l'un des premiers à avoir clarifié les rapports entre le rythme de la langue anglaise et la musique, ouvrant par-là la voie à Purcell.

 
William, compositeur (Salisbury 1602 – Chester 1645). Comme son frère Henry, il fut l'élève de John Coprario et fut nommé Gentleman of the Royal Chapel. Lors de la guerre civile, il se battit pour la cause royaliste et trouva la mort pendant le siège de Chester. Sa carrière fut tournée vers la musique instrumentale. S'il resta fidèle au style traditionnel fondé sur l'emploi d'un cantus firmus (In nomine à 5 et 6 voix), il sut également innover et écrivit des œuvres très personnelles axées sur l'avenir.

   William Lawes a laissé des fantaisies pour violes et un recueil de six suites de danses, The Royal Consort, qui fait appel à deux violons, deux basses de viole et deux théorbes. Plus « modernes » sont ses danses, conçues pour deux violons et basse continue dans le style de la sonate en trio, et publiées après sa mort dans les Courtly Masquing Ayres de J. Playford (1662).

   Dans le domaine de la musique vocale, William Lawes a écrit des airs, de la musique d'église (par ex., son anthem, The Lord is my light), la musique pour le masque de Shirley The Triumph of Peace en collaboration avec Simon Ives (1634), et la musique pour un masque de William Davenant The Triumph of the Prince d'Amour (1636).