Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
G

Goeyvaerts (Karel)

Compositeur belge (Anvers 1923 – id. 1993).

Il a fait ses études dans sa ville natale (1942-1947), puis à Paris avec Milhaud, Messiaen et Leibowitz (1947-1950), et s'est affirmé comme le principal représentant flamand de l'avant-garde sérielle des alentours de 1950. Opus 3 aux sons frappés et frottés (1952) est un compromis original entre musique traditionnelle et musique concrète, la Sonate pour 2 pianos (1951) anticipe le « sérialisme intégral » des Structures I de Boulez, et Composition no 6 aux 180 objets sonores (1954) témoigne de sa découverte de l'univers électroacoustique. Son influence a été grande sur Stockhausen en ses débuts. Plus tard, il est revenu à des moyens d'expression plus traditionnels et a abordé les grandes formes avec Diaphonie pour grand orchestre (1957), la Passion selon saint Jean (1959), la Messe à la mémoire de Jean XXIII (1968), pour chœur et 10 instruments à vent Cinq Litanies (1979-1982), l'opéra Aquarius. Il a enseigné, de 1953 à 1959, au Studio de musique électronique de Cologne, et est professeur à l'Académie musicale d'Anvers, ainsi que producteur au studio de l'Institut de Psychoacoustique et de Musique Electronique de Gand.

Golabek (Jakub)

Compositeur polonais (Silésie 1739 – Cracovie 1789).

Il travailla à Cracovie au plus tard à partir de 1766, d'abord au collège de musique des jésuites, puis (v. 1774) à la cathédrale, ainsi qu'à l'école de musique de Waclav Sierakowski. On lui doit des œuvres religieuses et quelques symphonies bien écrites et faisant un usage intéressant des instruments à vent.

Goldberg (Johann Gottlieb)

Compositeur et claveciniste allemand (Dantzig 1727 – Dresde 1756).

Emmené à Dresde vers l'âge de dix ans par le comte de Keyserlingk, ambassadeur de Russie en Saxe, il y bénéficia peut-être de l'enseignement de Wilhelm Friedemann Bach. Il n'est pas prouvé non plus qu'il ait été élève de Jean-Sébastien Bach à Leipzig. Les relations entre ce dernier et Keyserlingk, protecteur de Goldberg, ne font, en revanche, pas le moindre doute, mais on ne saura probablement jamais le dernier mot sur la genèse de l'œuvre connue actuellement sous le nom de Variations Goldberg. Très apprécié en son temps comme virtuose du clavecin, Goldberg devint en 1751 musicien de chambre du comte Brühl. Sa renommée de compositeur fut moins grande. On lui doit, notamment, deux cantates et un motet, des sonates en trio, des préludes et fugues, et, pour le clavecin, vingt-quatre polonaises dans toutes les tonalités ainsi que deux concertos (mi bémol majeur et mineur) dans l'esprit de ceux de Carl Philipp Emanuel Bach.

Goldberg (Szymon)

Violoniste et chef d'orchestre américain d'origine polonaise (Wloclawek 1909 – Toyama, Japon, 1993).

Il fit ses études avec Michaelowicz à Varsovie et Carl Flesch à Berlin, forma avec Paul Hindemith (alto) et Emanuel Feuermann (violoncelle) un célèbre trio à cordes, et fut notamment premier violon de la Philharmonie de Berlin, dirigée par Wilhelm Furtwängler (1929-1934). Goldberg se consacra ensuite à des tournées internationales, jouant souvent en duo avec la pianiste Lili Kraus. Il fonda en 1955 l'Orchestre de chambre néerlandais.

Goldmark (Karoly)

Compositeur hongrois (Keszthely 1830 – Vienne 1915).

Fils du chantre de la communauté israélite de Keszthely, il eut une jeunesse difficile, changea fréquemment de résidence, apprit à lire seul, commença le violon à onze ans à Sopron, poursuivit ses études à Vienne, et fut ensuite violoniste du rang dans les orchestres des opéras de Sopron, Györ, Buda et Vienne. Installé à Vienne en 1859, il y apprit le piano en autodidacte, se lia avec la famille Bettelheim, qui devait le soutenir jusqu'à sa mort, et fit sensation en 1860 avec son Quatuor à cordes op. 8. La célébrité lui vint avec son ouverture Sakuntala op. 13 (1865) et surtout avec son premier opéra, la Reine de Saba (1875). Bien que vivant à Vienne, Karoly (Karl) Goldmark resta en contact étroit avec sa patrie, venant, par exemple, diriger la première de son poème symphonique Zrinyi (« Thèmes hongrois ») à Budapest, pour le cinquantenaire de la société philharmonique de cette ville en 1903. Mais les côtés « hongrois » de ses œuvres relèvent essentiellement de la couleur locale. Professeur, il eut notamment comme élève Jean Sibelius. Critique, il se montra toujours un ardent défenseur de Wagner. Parmi ses ouvrages demeurés au répertoire : un concerto pour violon en la mineur, op. 28 (1877), et surtout le poème symphonique op. 26 Die la["]ndliche Hochzeit (« Noces villageoises », 1876).

Goldoni (Carlo)

Auteur dramatique italien (Venise 1707 – Paris 1793).

Initialement juriste, et bien qu'ayant passé ses trente dernières années à Paris ou à Versailles, cet écrivain laisse son nom essentiellement attaché à la comédie vénitienne, genre dans lequel il eut pour rival tardif, mais tenace, Carlo Gozzi (1720-1806), qui inspira aussi de nombreux musiciens. La verve inépuisable de Goldoni, son langage très quotidien, son goût des situations apparemment comiques voilant mal un tragique insoupçonné, se retrouvent dans ses pièces de théâtre, mais également dans les poèmes qu'il écrivit à l'intention de compositeurs de son temps ­ et notamment à celle de Galuppi ­ qui mirent directement ses textes en musique sans passer par l'intermédiaire habituel du livret d'opéra, cette pratique devançant de plus d'un siècle le « litteratüroper » des auteurs de la fin du XIXe et du XXe siècle.

   Fasciné dès son enfance par le théâtre de marionnettes, lassé par la tragédie, puis happé par les imprésarios de la commedia dell'arte, Goldoni dépassa vite ce dernier genre pour créer des personnages véritablement humains, taillés dans le vif, s'exprimant souvent en langage populaire, mais ayant une tout autre consistance. Sa collaboration avec les musiciens commença indirectement avec Gluck (Tigrane, 1743), se poursuivit avec Ciampi (1748), mais trouva son plein épanouissement grâce à Baldassare Galuppi pour lequel il écrivit L'Arcadia in Brenta (1749), Il Mondo della luna (1750), Il Filosofo di campagna, le chef-d'œuvre du musicien (1754), puis Le Nozze, etc. Cependant qu'il écrivait encore pour Giuseppe Scarlatti, Bertoni, Fischietti, Scolari, Traetta (Buovo d'Antona, 1758), Gassmann, Lampugnani, Boroni, Sarti, etc., sa collaboration avec Piccinni fut également déterminante, puisque La Buona Figliuola, d'après Pamela (1761), confirmait la naissance du nouveau genre comico-sentimental de l'opera semi-seria. Ses poèmes furent, en outre, utilisés par Haydn (Lo Speziale, 1768, Le Pescatrici, 1769, Il Mondo della luna, 1777), cependant qu'ils étaient aussi réadaptés par divers poètes, dont Bertati, Coltellini (La Finta semplice, Mozart, 1768), ou Da Ponte pour Sarti, Martin Y Soler, Salieri, Paisiello, Cimarosa, etc. Avec environ cent soixante-dix opéras italiens inspirés de son œuvre, Goldoni surclasse de très loin tous les autres poètes du genre léger, fournissant, de plus, des textes d'une qualité très supérieure à celle des habituels livrets d'opéra. Quelque peu négligé au XIXe siècle, sinon par Raimondi, Pedrotti et Usiglio (Le Donne curiose, Madrid, 1879), il revint à l'honneur au XXe siècle par le truchement de nouveaux librettistes qui fournirent des poèmes notamment à Wolf Ferrari (Le Donne curiose, I Quattro Rusteghi, Gli Amanti sposi, La Vedova scaltra, Il Campiello), à Malipiero (La Bottega del caffè, Sior Todero Brontolon, Le Baruffe chiozzotte, 1926) ainsi qu'à Maurice Thiriet (La Locandiera, Paris, 1960).