Conlon (James)
Chef d'orchestre américain (New York 1950).
À la Juilliard School, il travaille la direction avec Jean Morel. Remarqué par Maria Callas alors qu'il est encore étudiant, il est amené à diriger la Bohème. Ses débuts officiels ont lieu en 1971 à Spoleto, inaugurant une carrière qui fait une large part à l'opéra. En 1976, il commence à diriger au Metropolitan Opera de New York. Il dirige pour la première fois à Covent Garden en 1979 et à l'Opéra de Paris en 1984. En 1979 il est nommé directeur musical du Cincinnati May Festival, consacré à la musique chorale. De 1983 à 1991, il est le directeur musical de l'Orchestre philharmonique de Rotterdam. En 1989, il est nommé directeur général de la musique à l'Opéra de Cologne, et en 1990 chef permanent de l'orchestre du Gürzenich de Cologne, postes qu'il quitte à sa nomination en 1995 à celui de directeur musical de l'Opéra de Paris.
Conon de Béthune
Trouvère français (v. 1150 – 1219).
Fils de Robert V de Béthune, il apprit son art auprès de son oncle Huon d'Oisy, seigneur de Cambrai. Il participa à deux croisades (la IIIe et la IVe), et fut nommé, en 1217, sénéchal d'Empire à Constantinople, après la prise de la ville par les armées chrétiennes (1204). Le chroniqueur Villehardouin (la Conquête de Constantinople) le loue pour son talent poétique. On a conservé une dizaine de ses chansons, auxquelles s'ajoute un petit nombre d'attributions plus douteuses. Dix chansons en tout sont pourvues d'une notation musicale (Oïmi ! Amore dure départie). Aussi célèbre comme guerrier que comme trouvère, il serait mort en Orient.
conque
Instrument à vent primitif, fait d'un grand coquillage marin du même nom, appelé aussi « triton », dont on brisait la pointe pour former embouchure.
Elle figure donc parmi les ancêtres lointains des trompes (trompettes, trombones) et des cors.
Conrad (Doda)
Basse polonaise, naturalisé américain (Szczytnik, Silésie, 1905).
Sa mère, la cantatrice Marya Freund, lui fait étudier la musique très jeune. À Milan et New York, il étudie ensuite avec E. de Gogorza, et fait ses débuts à Paris dans une opérette de Maurice Yvain dont Mistinguett est la vedette. En 1936, il entre à l'Ensemble vocal de Nadia Boulanger, et donne, dans les années qui suivent, de nombreux récitals de mélodie française. Il crée des œuvres pour voix de basse composées à son intention (dont les Mouvements du cœur, œuvre collective sur des poèmes de Louise de Vilmorin, et les Visions infernales de Sauguet, sur des poèmes de Max Jacob).
Parallèlement à son activité de récitaliste, il a occupé comme organisateur de concerts une place importante dans la vie musicale et mondaine française.
conservatoire (ital. conservare, « conserver »)
Établissement où l'on « conserve » les traditions d'un art.
Le terme italien conservatorio désignait, à l'origine, un orphelinat, un asile ou un hospice où des enfants abandonnés étaient recueillis et initiés à la musique. Le conservatorio le plus ancien est celui de Santa Maria di Loreto, à Naples, fondé en 1587 par Giovanni di Tapia. Venise possédait 4 ospedali, établissements du même genre, dont le plus connu est celui « della Pieta », où le maître de musique a longtemps été Vivaldi.
C'est au XVIIIe siècle que le mot conservatoire est entré dans la langue française, pour désigner un établissement où est enseignée la musique, mais dans lequel les différentes classes sont accessibles uniquement par concours. Outre le Conservatoire de Paris, créé en 1795, et qui est un établissement supérieur d'enseignement de la musique, d'autres conservatoires ont été fondés en province dès le XIXe siècle : Douai (1806), Lille (1816), Roubaix (1820), Toulouse (1821), Avignon (1828), Marseille (1830), Caen (1835), Aix-en-Provence (1849)… Parmi les établissements dépendant aujourd'hui du ministère de la Culture, figurent 20 conservatoires nationaux de région (1975), mais le Plan décennal pour la réorganisation des structures musicales françaises (1969-1978) en prévoyait 27. Ces conservatoires de région doivent obligatoirement enseigner 32 disciplines, parmi lesquelles 30 disciplines obligatoires et 2 disciplines à choisir parmi 16 autres. Leurs directeurs sont nommés sur concours par le ministère de la Culture, ainsi que les professeurs des différentes disciplines. Depuis septembre 1966, fonctionnent des classes à horaires aménagés, créées par le ministère de la Culture et le ministère de l'Éducation, pour permettre à des élèves de poursuivre une scolarité normale, avec des horaires allégés, tout en suivant des études musicales. Deux baccalauréats ont été créés : le baccalauréat A 6 et le baccalauréat de technicien en musique F 11. Ces deux baccalauréats ouvrent la porte des universités au même titre que les autres baccalauréats. Un Conservatoire national supérieur a été créé à Lyon en 1979.
Conservatoire (Société des concerts du)
Ensemble symphonique et choral français qui a donné des concerts à Paris jusqu'en 1967, date à laquelle il prit le nom d'Orchestre de Paris.
La Société des concerts du Conservatoire (S. C. C.) tire son origine de la même source que le Conservatoire de Paris, car elle est descendante de l'orchestre militaire de la garde nationale, institué par Sarrette dans les débuts de la Révolution. La S. C. C. a été officiellement fondée le 15 février 1828, par arrêté de la maison du roi Charles X. Le violoniste Habeneck avait insisté auprès de Cherubini, directeur de l'École royale, pour que reprissent les « exercices publics » des élèves, interrompus en 1815. Il s'agissait, en fait, de véritables concerts qui offraient des programmes très intéressants. En 1832, l'appellation « Société des concerts » fut confirmée, et le nombre de concerts fixé à 7 pour la saison.
L'effectif des musiciens et des chanteurs était, en 1828, de 76 instrumentistes et 78 choristes. Le premier concert, dirigé par Habeneck le 8 mars 1828, s'ouvrit sur la Symphonie héroïque de Beethoven. Entre 1828 et 1848, Beethoven, alors peu connu en France, fut le compositeur le plus joué, aux côtés de Mozart, Haydn, Weber, Gluck, Berlioz et Mendelssohn. Des interprètes et des cantatrices de renom venaient se produire aux concerts de la société : Liszt, Chopin, Vieuxtemps, Baillot, Mlle Falcon, Mme Pauline Viardot. Jusqu'en 1922, les concerts étaient donnés dans la Vieille Salle du Conservatoire ; ils furent ensuite transférés au théâtre des Champs-Élysées.
Habeneck resta au poste de chef d'orchestre jusqu'en 1848. Il fut remplacé par Narcisse Girard (1848-1860), puis par Alexandre Tilmant (1862-63), qui fit faire leurs débuts à Sarasate et à F. Planté, et qui dirigea le 5e concerto de Beethoven, interprété par Clara Schumann. En 1863, Tilmant démissionna, et Georges Hainl fut élu directeur contre Berlioz. Il fit connaître des compositeurs et des interprètes nouveaux : Wagner, Saint-Saëns, Th. Dubois, Fauré, Rubinstein, et dirigea les œuvres récentes de Berlioz, Gounod, Franck. En raison d'un public de plus en plus vaste, le nombre de concerts fut doublé à partir de 1867. De 1872 à 1885, la direction fut assurée par Édouard Deldevez, qui créa Ruth et les Béatitudes de Franck, ainsi que des œuvres de Schumann, Reyer, Lalo, Bizet. Jules Garcin (1885-1892), poursuivit l'œuvre de ses prédécesseurs en réservant une place importante à Chabrier, Fauré, Lalo, mais aussi à Haendel, Bach, Schumann et Brahms. Paul Taffanel (1892-1901) exécuta en priorité Saint-Saëns et Franck. Eugène Marty (1901-1908) accueillit le groupe de musiciens de la Schola cantorum : Vincent d'Indy, E. Chausson, P. Dukas, G. Ropartz, ainsi que Claude Debussy. De jeunes interprètes : Cortot, Thibaud, Casals y commencèrent une carrière qui allait devenir prestigieuse. De 1908 à 1919, André Messager dirigea des programmes très classiques où figuraient à côté des noms précédemment cités ceux de Florent Schmitt, Richard Strauss, Henri Busser, Henri Rabaud ; les solistes étaient I. Paderewski, G. Enesco, L. Capet, J. Thibaud, F. Busoni, Cl. Croiza. En 1917, la S. C. C. effectua une tournée en Suisse, et, en 1918, une grande tournée de prestige aux États-Unis.
Après la Première Guerre mondiale, alors que la France musicale commençait à s'engager dans de nouvelles voies, la S. C. C. se montra hostile à la musique nouvelle qui sortait des règles traditionnelles. Malgré les luttes de Philippe Gaubert, directeur de 1918 à 1938, le comité resta opposé au renouvellement du répertoire. Gaubert, démissionnaire, fut remplacé par Charles Munch, qui montra un souci d'originalité dans ses programmes, avec des œuvres peu jouées de maîtres anciens et des œuvres nouvelles de jeunes compositeurs. Mais il dut à son tour démissionner en 1946. Le comité engagea alors André Cluytens. Contrairement à la tradition, Cluytens ne faisait pas partie de la société, mais fut engagé sous contrat.
Traditionnellement, les membres de la S. C. C. devaient obligatoirement appartenir au Conservatoire, en tant que professeurs, élèves ou anciens élèves. Jusqu'en 1946, ils élisaient leur chef, qui devenait président de la société, ainsi que 7 musiciens qui constituaient le comité. Le directeur du Conservatoire était d'office président d'honneur. Le cahier des charges, imposé par le ministère des Beaux-Arts, astreignait le comité à certaines obligations : 30 concerts par saison, dont 18 devaient présenter des œuvres contemporaines, et un minimum de 4 heures pour des premières auditions, ceci avec le concours d'un nouveau premier prix de Conservatoire par saison.
Depuis 1925, la S. C. C. ne comportait plus de chœurs. Les membres de la S. C. C. ne touchaient pas de salaire, mais une part de recette calculée en fin d'exercice et augmentée d'une subvention de l'État. Cette situation matérielle fut une des principales raisons de la léthargie dans laquelle tomba peu à peu la S. C. C. : les musiciens étaient contraints de partager leurs activités entre elle et d'autres ensembles, et n'avaient donc pas le temps de participer à un nombre suffisant de répétitions pour obtenir la perfection d'exécution qui avait assuré la réputation de cet orchestre. Après 1962, le président d'honneur R. Gallois-Montbrun suggéra à André Malraux, ministre de la Culture, d'en faire un orchestre d'État. Malgré la réticence de nombreux musiciens, il poussa à la création, en 1967, de l'Orchestre de Paris, qui garda certains membres de l'ancienne S. C. C. et recruta de nouveaux musiciens pour en agrandir l'effectif.