Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
M

Moisevitch (Benno)
ou Benno Moiseiwitsch

Pianiste russe naturalisé anglais (Odessa 1890 – Londres 1963).

Il est l'élève de Dmitry Klimov et, de 1904 à 1908, travaille avec Theodor Leschetizky à Vienne. En 1909, il se fixe à Londres, mais c'est en 1919 qu'il débute plusieurs tournées et accède à la gloire. Il est un des proches de Rachmaninov, et son grand interprète. Il excelle aussi dans les œuvres romantiques slaves de Tchaïkovski et Metner. Comme chez les autres élèves de Leschetizky, son répertoire n'inclut pas les œuvres antérieures aux sonates de Beethoven : Mozart est alors joué dans des arrangements romantiques. Il s'illustre aussi dans des pièces de Poulenc et, en musique de chambre, dans le Quintette de Brahms et le Trio élégiaque de Rachmaninov.

Molière (Jean-Baptiste Poquelin, dit)

Auteur dramatique et acteur français (Paris 1622 – id. 1673).

Homme de théâtre s'il en fut, il comprit très vite l'importance de la musique dans les spectacles en général, et dans les comédies en particulier. Louis XIV lui ayant présenté Lully en 1664, celui-ci lui confia les partitions qu'il désirait voir enrichir ses ouvrages. Avec lui, il créa la « comédie-ballet » qui devait enchanter les fêtes de Chambord et, plus tard, nombre de celles de Versailles. Tous deux tendent peu à peu vers le spectacle total qui, précédant l'opéra, réunit déjà la parole, le chant, la danse, la symphonie et les machines. Les Amants magnifiques (1670) et Psyché (1671) en sont de parfaits exemples. Cependant, les deux collaborateurs se brouillent en 1672 et Molière fait alors appel à Marc-Antoine Charpentier, qui signe en particulier les intermèdes du Malade imaginaire. Par la suite, le théâtre de Molière intéresse de nombreux compositeurs qui soit réalisent de nouveaux divertissements, soit créent de véritables opéras-comiques dont plusieurs se maintiennent au répertoire.

Œuvres de Molière qui bénéficièrent de musique

Les Amants magnifiques : Lully (Saint-Germain, 1670) ; l'Amour médecin : Lully (1665), F. Poise (Opéra-Comique, 1880), Wolf-Ferrari (New York, 1914), Herbergis (Gand, 1920) ; Amphitryon : Grétry (Opéra, 1786), M. Bertrand (« Amphitryon 38 », Opéra-Comique, 1944), Oboussier (1950) ; l'Avare : Burghauser (1950) ; le Bourgeois gentilhomme : Lully (1670), Hasse (« Larinda et Vanesio », Naples, 1726), Esposito (Moscou, 1905), R. Strauss (Ariane à Naxos, Berlin, 1913) Gargiulo (1947) ; la Comtesse d'Escarbagnas : Lully (1671), M.-A. Charpentier (1672) ; le Dépit amoureux : Gérard (Marseille, 1947) ; l'École des femmes : R. Liebermann (Louisville, États-Unis, 1955) ; l'École des maris : E. Bondeville (Opéra-Comique, 1935) ; les Fâcheux : Beauchamps (1661) ; Georges Dandin : Lully (1668), Mathieu (1877), d'Ollone (Opéra-Comique, 1930) ; l'Impromptu de Versailles : Lully (1664) ; la Jalousie du Barbouillé : F. Fourdrain (Paris, 1914) ; le Mariage forcé : Lully (Chambord, 1664), M.-A. Charpentier (1672), F. Hart (1928), P. Gabaye (1955), J. Aubin (1957), L. Guérinel (Marseille, 1972) ; le Malade imaginaire : M.-A. Charpentier (1673), Napoli (1939), H. Haug (le Malade immortel, Lausanne, 1946) ; le Médecin malgré lui : Desaugiers (th. Feydeau, 1793), Ch. Gounod (Théâtre-Lyrique, 1858), Kaufmann (1958) ; Monsieur de Pourceaugnac : Lully (1669), Hasse (1727), Jadin (th. Montansier, 1792), Mengozzi (th. Feydeau, 1793), Castil Blaze, utilisant des musiques de Rossini et Weber (Odéon, 1827), J. Alary (les Trois Noces, 1851), Franchetti (Milan, 1897), P. Bastide (Vichy, 1921), F. Martin (Metz, 1973) ; les Plaisirs de l'île enchantée, Lully (Versailles, 1664) ; les Précieuses ridicules : Devienne (th. Montansier, 1791), P. Meriel (Toulouse, 1875), Zich (1926), Lattuada (Milan, 1929) ; la Princesse d'Élide : Lully (1664), Galuppi (Alcimena, Vienne, 1749) ; Psyché : Lully (1671) ; le Silicien ou l'Amour peintre : Lully (1667), Joncières (1859), Weckerlin (1887), K. H. David (1924), O. Letorey (Opéra-Comique, 1930) ; Tartuffe : H. Haug (Bâle, 1937), Kosa (1952), A. Benjamin (1960), Malipiero (Venise, 1970). Des poésies de Molière ont été mises en musique par Beauchamps, La Barre, M. Lambert, Lully.

Molter (Johann Melchior)

Compositeur allemand (Tiefenort, près d'Eisenach, 1696 – Karlsruhe 1765).

Entré vers 1717 au service du margrave de Baden-Dürlach à Karlsruhe, il resta dans cette ville jusqu'en 1733 (non sans avoir voyagé en Italie de 1719 à 1721). Il fut ensuite en poste à Eisenach, retourna en Italie, puis revint à Karlsruhe en 1742. On lui doit des cantates, des oratorios et, en musique instrumentale surtout, des concertos.

molto (ital. ; « très », « beaucoup »)

Adverbe qui renforce le sens de certaines indications relatives à l'exécution d'une pièce musicale, par exemple allegro molto.

moment musical

Genre musical illustré, apparemment, par un seul exemple, les Moments musicaux op. 94 D.780 de Franz Schubert, cycle de 6 brèves pièces pour piano de forme ternaire (ABA) ou rondo, publiées en 1828 par l'éditeur Leidesdorf sous le titre français de Momens musicals (sic), lequel semble dû entièrement à l'imagination commerciale de cet éditeur.

Par extension, on pourrait ranger toute pièce de caractère de style simple, feuillet d'album, esquisse, ou autre pièce inclassable, dans le genre du Moment musical, qui est, comme son titre le suggère, à la fois esquisse et microcosme.

Momigny (de)

Famille de musiciens français.

 
Joseph, théoricien et compositeur (Philippeville, Pays-Bas, 1762 – Charenton 1842). Précocement doué, il s'installa en 1785 comme organiste à Lyon. Lors de la Révolution, il dut changer de métier. Royaliste convaincu, il participa à la résistance lyonnaise contre la Convention, et fut bientôt obligé de se réfugier en Suisse. Il revint à Lyon en 1795. En 1800, il s'installa à Paris, et y fonda une maison d'éditions musicales, publiant notamment ses propres compositions (romances, sonates, œuvres lyriques). Mais il se consacra surtout à des études et écrits théoriques : Cours complet d'harmonie et de composition (3 vol., 1803-1806), Nouveau Solfège (1808), la Seule Vraie théorie de la musique (1821). Il écrivit également les articles du 2e volume de la partie « musique » de la Grande Encyclopédie méthodique. Il songeait à une réforme de la gamme, et développa une conception originale de la formation des tonalités, s'opposant aux théories de Rameau. Malheureusement, ses principes de base se révélèrent faux. Mais ses définitions de la consonance et de la dissonance sont intéressantes, et ses positions sur l'enharmonie devaient trouver des applications inattendues chez les compositeurs du XXe siècle. Ami de Gréty, il se brouilla avec lui sur des questions théoriques. En 1814, il composa la cantate le Retour des Bourbons et de la paix, et plus tard des Couplets à Sa Majesté Charles X. Il composa trois opéras : le Baron de Felsheim (avant 1800), la Nouvelle Laitière (1809), Arlequin Cendrillon (1800). En 1810, il céda sa maison d'éditions à son associé Charles Rifaut, et en 1828 il se retrouva complètement ruiné. Grâce à l'appui de Cherubini et d'Auber, il put obtenir une pension, mais mourut à l'asile de Charenton.

 
Georges Joseph, organiste et compositeur, fils du précédent (Vire 1812 – id. 1875). Il fit ses études musicales au Conservatoire de Paris dans les classes de Zimmermann et de Reicha. Nommé organiste à la chapelle Saint-Denis, il conserva ce poste toute sa vie. Il composa des motets, des cantiques, qui furent adoptés par certaines maîtrises parisiennes, mais surtout des romances et des pièces pour piano ou orgue.