Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
T

tactus (lat. ; « touchement »)

Nom donné jusqu'au XVIe siècle à la manière ancienne de battre la mesure, non pas comme aujourd'hui par des figures conventionnelles tracées dans l'espace, mais par des mouvements de main faisant se succéder des séries d'appuis (ictus) matérialisés ou non par de légers coups frappés avec le doigt sur le pupitre, l'épaule d'un partenaire, etc.

   Primitivement, le tactus marquait ce qu'on appelle aujourd'hui les « temps » sans intervenir sur leur groupement en « mesures » comme le fait la battue actuelle. Il s'est ensuite perfectionné en distinguant des touchements forts (abaissement de la main, dit thesis, positio) et faibles marqués par son élévation (arsis, elevatio), arsis et thesis n'ayant pas obligatoirement même durée : une mesure à 3 temps par exemple était habituellement considérée comme à 2 temps inégaux, seuls étant marqués les temps 1 et 3.

   La battue actuelle des chefs d'orchestre et des solfégistes est assez récente (sans doute XIXe siècle) et s'est longtemps divisée en deux écoles, dont on relève encore aujourd'hui la survivance : l'école italienne ramenant le geste à une série de baissés et de levés (ex. 4 temps = 2 temps baissés, 2 temps levés ; 3 temps = 2 temps baissés, 1 temps levé), et l'école française donnant à chaque temps une direction différente fixée par convention. Cette dernière est seule enseignée en France, mais on retrouve souvent la première par instinct.

Taddei (Giuseppe)

Baryton italien (Gênes 1916).

Il débute à Rome en 1936 (dans le rôle du Héraut de Lohengrin), et y chante jusqu'en 1942, notamment dans Vol de nuit de Dallapiccola. Emprisonné par les Allemands, il doit aux troupes américaines sa libération et la chance d'un concert à Vienne, qui lui vaut d'être engagé au Staatsoper (1946-1948). Excellant dans le répertoire verdien (Germont, Rigoletto, Macbeth, Iago, plus tard Falstaff), il s'oriente vers les grands rôles wagnériens (qu'il chante en italien) et surtout mozartiens : Figaro au Festival de Salzbourg 1948, Papageno, Leporello, Guglielmo. Membre de la troupe de la Scala de Milan de 1948 à 1951 et de 1955 à 1961, il chante également au Metropolitan Opera (de 1951 à 1955), au Covent Garden (de 1960 à 1967), à Chicago, San Francisco, Buenos Aires, et aux festivals de Bregenz et Munich, et se retire de la scène en 1974. Chanteur complet, Taddei alternait avec un égal bonheur les rôles dramatiques et comiques, avec une prédilection pour les demi-teintes du répertoire mozartien.

Taffanel (Paul)

Flûtiste et chef d'orchestre français (Bordeaux 1844 – Paris 1908).

Lauréat du Conservatoire de Paris pour la flûte, l'harmonie et la fugue, il fut engagé à dix-huit ans à l'Opéra-Comique, et, deux ans plus tard, à l'Opéra. Flûte solo de la Société des concerts du Conservatoire de 1865 à 1892, il donna également des concerts dans toute l'Europe et forma de nombreux élèves dont Philippe Gaubert, Gaston Blanquart et Louis Fleury. Des ennuis dentaires l'ayant obligé à abandonner son activité de virtuose, il se tourna vers la direction d'orchestre. En 1893, l'année même de son retour au Conservatoire en tant que professeur, il fut nommé premier chef d'orchestre à l'Opéra mais continua de monter régulièrement au pupitre de la Société des concerts. Sa Méthode complète de flûte fait encore autorité.

Tagliaferro (Magda)

Pianiste et pédagogue française d'origine brésilienne (Petropolis 1893 – Rio de Janeiro 1986).

Elle fait ses études au Conservatoire de Paris (Marmontel, puis Alfred Cortot), effectue sa première tournée en 1908 avec Gabriel Fauré, et commence aussitôt une brillante carrière internationale avec un répertoire très étendu, faisant une large part à la musique contemporaine. Professeur au Conservatoire de Paris (1937), elle est chargée en 1939 d'une mission de propagande aux États-Unis et en Amérique du Sud, et donne des cours à São Paulo et Rio de Janeiro. De retour à Paris, elle fonde une école de piano, des cours publics d'interprétation et un concours international qui porte son nom.

Tagliavini (Luigi Ferdinando)

Organiste et musicologue italien (Bologne 1929).

Il étudia la musique au conservatoire de Bologne, puis à celui de Paris, où il reçut l'enseignement de Marcel Dupré. Il fut élève de Riccardo Nielsen En 1952, il est docteur de l'université de Padoue. Depuis 1954, il dirige la bibliothèque du conservatoire de Bologne, et enseigne l'orgue à celui de Bolzano. Il compose (Passacaille d'orgue sur un thème de Hindemith, 1954), mais on lui doit surtout de nombreux écrits : Studi sui testi delle cantate sacre di J. S. Bach (1956), des éditions critiques (Mozart, D. Zipoli), des articles et ouvrages divers.

Tagore (Rabindranath)

Poète et compositeur indien (Calcutta 1861 – Santiniketan, près de Calcutta, 1941).

Il composa environ deux mille cinq cents chansons dans le style classique et populaire, certaines inspirées par des chants d'origine anglaise. Elles furent publiées après sa mort, et les deux États de l'Inde et du Bangladesh adoptèrent chacun une de ces chansons comme hymne national. On lui doit aussi des écrits sur la tradition musicale indienne, et la création d'une forme de drame musical chanté et dansé, le Nrtya-Natya.

taille

1. Catégorie vocale désignant un ténor de tessiture grave. Apparu en France au XIVe siècle, ce terme était d'usage courant au temps de Lully pour distinguer la taille du ténor haute-contre, de tessiture plus aiguë. En 1762, le Dictionnaire de l'Académie distingue la haute-taille (ou taille haute) de la basse-taille, équivalent du baryton. On utilise encore couramment ce mot dans le chœur, où la taille soutient une partie plus grave que celle du « premier ténor », et équivaut cette fois au terme de « second ténor », par assimilation aux premier et second violons dans l'échelle des tessitures du quatuor à cordes.

2. Le terme était appliqué naguère pour désigner une tessiture précise parmi une famille d'instruments, un usage encore très courant au XVIIe siècle. On peut citer en exemples la taille de hautbois (ou hautbois-taille), la taille de viole, de violon, de cromorne, etc.