Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Rameau (Jean-Philippe) (suite)

Rameau théoricien

L'œuvre théorique de Rameau n'est pas moins considérable que son œuvre artistique. Le nombre de ses écrits est important et, à aucun moment, du Traité de l'harmonie réduite à ses principes naturels (1722) à sa mort, il n'a dissocié sa création de sa réflexion. D'abord sereine et purement didactique (Nouveau Système de musique théorique, 1726 ; la Génération harmonique, 1737 ; etc.), son œuvre est devenue polémique, à la suite des attaques dont il fut l'objet et de ses dissensions avec les Encyclopédistes et Rousseau (Erreurs sur la musique dans l'Encyclopédie, 1755 ; Suite des Erreurs, 1756 ; Réponse de M. Rameau aux éditeurs de l'Encyclopédie, 1757 ; Lettre à d'Alembert, 1760 ; etc.).

   Complexe et minutieuse, souffrant parfois pour la clarté de l'exposé du manque de culture générale du musicien, cette œuvre théorique a une portée considérable. À la confusion héritée des siècles précédents, où la théologie, la métaphysique, les mathématiques et l'empirisme se mêlaient, Rameau substitue une pensée cohérente, qu'il fonde, en homme de son temps, sur la physique. La résonance et les harmoniques naturels sont les bases sur lesquelles il se fonde, justifiant l'harmonie sur un seul son et non plus sur les divisions de l'octave. C'est à partir de la basse fondamentale que se déduit « en raison » non seulement l'harmonie, mais aussi l'ensemble des effets psychologiques de la tonalité.

Ramin (Günther)

Organiste, chef de chœur et compositeur allemand (Karlsruhe 1898 – Leipzig 1956).

Il chanta comme enfant dans le chœur de Saint-Thomas de Leipzig, étudia dans cette ville l'orgue avec Karl Straube, et lui succéda comme organiste à Saint-Thomas en 1918, quand Straube devint cantor. Il lui succéda comme cantor en 1940. Également célèbre comme claveciniste et comme accompagnateur de lieder, il dirigea aussi les chœurs du Gewandhaus de Leipzig (1933-34 et 1945-1951) et ceux de la Philharmonie de Berlin (1935-1943), et dirigea les festivals Bach à Leipzig en 1950, 1953 et 1955. Il fut un des plus grands et un des plus vigoureux interprètes de Bach, et a laissé de mémorables enregistrements de sa musique sacrée.

Rampal (Jean-Pierre)

Flûtiste français (Marseille 1922 – Paris 2000).

Parallèlement à des études de médecine, il apprend la technique de son instrument auprès de son père, Joseph Rampal, au conservatoire de Marseille, puis à celui de Paris, où il remporte un premier prix. Il est successivement flûte solo de l'orchestre de l'opéra de Vichy (1946-1950), de celui de l'Opéra de Paris (1956-1962), avant d'entreprendre une carrière de soliste. Entre-temps, il a créé le Quintette à vent français (1945), puis l'Ensemble baroque de Paris (1953). En marge d'une brillante carrière de virtuose qui le mène régulièrement aux États-Unis et au Japon, il se consacre à l'enseignement, comme participant à l'Académie internationale d'été de Nice, et comme professeur depuis 1969 du Conservatoire de Paris. Il a contribué à remettre au premier plan toute la littérature baroque écrite pour son instrument et a suscité et créé des œuvres nouvelles, de Jolivet, Poulenc, Françaix, S. Nigg, H. Tomasi, et de compositeurs étrangers, comme les Illuminations d'Erik Norby. Ses mémoires (Musique, ma vie) ont paru en 1989.

Rangström (Ture)

Compositeur suédois (Stockholm 1884 – id. 1947).

Il est considéré comme l'un de ceux qui a le mieux su rendre l'« âme » de son pays, surtout par son attachement au monde du mot ; aussi, plus que dans ses symphonies (no 1 A. Strindberg in memoriam, 1914 ; no 2 Mon pays, 1919 ; no 3 Mélodie sous les étoiles, 1929 et no 4 Invocatio, 1935) ou dans sa musique instrumentale, c'est dans son œuvre vocal qu'il a su le mieux exprimer son lyrisme dramatique, notamment en utilisant les poèmes de Bo Bergman mais aussi ceux de Runeberg ou Strindberg. Son opéra Kronbruden (« la Fiancée couronnée », 1915, créé à Stuttgart en 1919) sur un livret de Strindberg, qui possède de nombreux points communs avec le Jenufa de Janáček, est peut-être son chef-d'œuvre.

Ranki (Deszö)

Pianiste hongrois (Budapest 1951).

À l'Académie Franz-Liszt de Budapest, il est l'élève de Pal Kadosa et de Ferenc Rados. En 1969, il remporte le Concours Schumann de Zwickau, et se perfectionne en 1971 auprès de Géza Anda à Munich. En 1973, il est l'assistant de Pal Kadosa puis, à partir de 1976, il enseigne à l'Académie Franz-Liszt. De 1980 à 1995, il effectue plusieurs tournées mondiales et joue en duo de pianos avec Edit Klukon. Invité dans les plus grands festivals, il est surtout apprécié dans le répertoire hongrois, de Liszt à Gyorgy Kurtag, dont il défend beaucoup l'œuvre. Bien qu'il affectionne les œuvres contrapuntiques de Bach ou les sonates de Beethoven, il fait autorité dans Bartók, dont il est l'un des spécialistes.

ranz des vaches (en all. kuhreihen)

Chant de plein air de caractère fonctionnel, qui servait dès le Moyen Âge à rassembler les troupeaux dans les alpages, tout particulièrement en Suisse.

Très en faveur à l'époque romantique (Rossini l'a introduit dans son Guillaume Tell), le ranz des vaches, souvent enrichi d'autres apports folkloriques de même origine (cor des Alpes, jodler), est devenu en quelque sorte le symbole musical de la Suisse. On en trouve une stylisation dans le dernier mouvement de la Symphonie pastorale de Beethoven.

Rattle (Simon)

Chef d'orchestre anglais (Liverpool 1955).

Il étudie d'abord la percussion et le piano. Engagé comme percussionniste dans le Royal Liverpool Philharmonic, il fonde en 1970 son propre orchestre, le Liverpool Sinfonia, qu'il dirige jusqu'en 1972. De 1973 à 1975, il est chef assistant de l'Orchestre symphonique de Bournemouth et du Bournemouth Sinfonietta. Il dirige à Glyndebourne en 1977, et devient en 1980 premier chef du City of Birmingham Symphony Orchestra. Il a mené depuis, à la tête de cet orchestre, une carrière exemplaire, mais a annoncé en 1996 qu'il ne demanderait pas le renouvellement de son contrat en 1998. Il a débuté à Covent Garden en 1990 et au Festival de Salzbourg en 1993, et a été anobli en 1994.