Rameau (Jean-Philippe) (suite)
Rameau théoricien
L'œuvre théorique de Rameau n'est pas moins considérable que son œuvre artistique. Le nombre de ses écrits est important et, à aucun moment, du Traité de l'harmonie réduite à ses principes naturels (1722) à sa mort, il n'a dissocié sa création de sa réflexion. D'abord sereine et purement didactique (Nouveau Système de musique théorique, 1726 ; la Génération harmonique, 1737 ; etc.), son œuvre est devenue polémique, à la suite des attaques dont il fut l'objet et de ses dissensions avec les Encyclopédistes et Rousseau (Erreurs sur la musique dans l'Encyclopédie, 1755 ; Suite des Erreurs, 1756 ; Réponse de M. Rameau aux éditeurs de l'Encyclopédie, 1757 ; Lettre à d'Alembert, 1760 ; etc.).
Complexe et minutieuse, souffrant parfois pour la clarté de l'exposé du manque de culture générale du musicien, cette œuvre théorique a une portée considérable. À la confusion héritée des siècles précédents, où la théologie, la métaphysique, les mathématiques et l'empirisme se mêlaient, Rameau substitue une pensée cohérente, qu'il fonde, en homme de son temps, sur la physique. La résonance et les harmoniques naturels sont les bases sur lesquelles il se fonde, justifiant l'harmonie sur un seul son et non plus sur les divisions de l'octave. C'est à partir de la basse fondamentale que se déduit « en raison » non seulement l'harmonie, mais aussi l'ensemble des effets psychologiques de la tonalité.