Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
A

Aliénor d'Aquitaine
ou Éléonore d'Aquitaine

Reine de France, puis d'Angleterre ( ? v. 1122 – abbaye de Fontevrault, Maine-et-Loire, 1204).

Fille de Guillaume X, le dernier duc d'Aquitaine, elle était la petite-fille de Guillaume IX, le premier troubadour connu. En 1137, elle épousa le futur roi de France Louis VII, mariage par lequel l'Aquitaine fut annexée au royaume de France. Très belle et intelligente, elle fut la protectrice des poètes et des musiciens, des troubadours aussi bien que des trouvères. Bernard de Ventadour la suivit outre-Manche lorsque, son mariage avec Louis VII ayant été annulé, elle épousa Henri II Plantagenêt et devint reine d'Angleterre (1154). Son fils Richard Cœur de Lion fut lui-même trouvère, et les autres enfants de ses deux mariages jouèrent tous un rôle dans le développement de la vie artistique.

Alkan (Charles Valentin Morhange, dit)

Compositeur et pianiste français (Paris 1813 – id. 1888).

Premier prix de piano au Conservatoire de Paris à onze ans, prix de Rome en 1834, il acquit dans les années 1820 une réputation enviable de virtuose, mais Liszt et surtout Chopin détournèrent l'attention du public. Il se produisit alors dans de la musique de chambre tout en se consacrant à l'enseignement, et, vers 1848, se retira de la vie musicale parisienne pour n'y réapparaître sporadiquement qu'à partir de 1873. On l'a appelé le « Berlioz du piano », mais son style est plus retenu que celui de son aîné de dix ans. Sa musique est parfois aussi difficile que celle de Liszt, mais moins avancée sur le plan harmonique. Il a consacré à son instrument, outre quelques pages de musique de chambre et des transcriptions, une centaine de pièces, parmi lesquelles des caprices, fantaisies, impromptus, menuets et autres préludes, ainsi que la grande sonate op. 33 dite les Quatre Âges de la vie, parue en 1847. Des douze Études dans les tons mineurs op. 39, les no 4 à 7 forment une sorte de Symphonie pour piano seul.

alla breve (ital. ; « à la brève »)

À l'époque de la Renaissance, l'unité de battue de la mesure, le tactus, était la semi-brève (la ronde actuelle) ; alla breve indiquait un changement non du rythme de la battue, mais de son unité de base, le tactus tombant dès lors sur la brève (valeur : deux rondes ou deux semi-brèves). Le signe de mesure C était remplacé par

(« C barré »). La pulsation restant la même, mais l'intervalle entre deux battues correspondant à une unité de durée musicale double, alla breve voulait dire que la musique se jouait ou se chantait soudain deux fois plus vite.

   Exemple : Lully, Otys, acte V, scène 6.

   Aux XVIIe et XVIIIe siècles, ce principe resta en vigueur, mais la valeur du tactus devint respectivement la noire et la blanche. Dans les tragédies lyriques du style de Lully, pour retrouver les rythmes « naturels » du langage déclamé, il est fait grand usage de changements de mesure, et en particulier du passage de C à

, ce dernier étant souvent représenté simplement par le chiffre 2, l'unité de temps étant la blanche (deux blanches par mesure), par opposition à 4/4 (tempo ordinario à quatre noires par mesure). La battue à 2/2 donne en principe un résultat plus allant que celle à 4/4. Certaines pages classiques dont les éditions traditionnelles indiquent 4/4 ont été en réalité conçues par leur auteur à 2/2 (premiers mouvements des quatuors à cordes en ut majeur opus 64 no 1 et en mi bémol majeur opus 64 no 6 de Haydn, 1790).

Allard (Maurice)

Basson français (Sin-le-Noble, Nord, 1923).

Premier prix de basson au Conservatoire de Paris (1940), premier soliste à l'orchestre des Concerts Lamoureux (1942), puis à l'orchestre de l'Opéra de Paris (1949), Maurice Allard a remporté, en 1949, le premier prix au Concours de Genève. Professeur au Conservatoire de Paris depuis 1957, interprète de toute la littérature de son instrument, y compris des œuvres contemporaines, il dirige une collection éditant des exercices pour le basson.

allargando (ital. ; « en élargissant »)

Terme demandant à l'interprète un élargissement, donc un ralentissement progressif du mouvement initial.

Alldis (John)

Chef de chœur anglais (Londres 1929).

Après des études au Collège royal de Cambridge, il a établi sa renommée comme chef de chœur et chef d'orchestre spécialisé dans le domaine du chant choral, avant de fonder, en 1962, sa propre formation. Celle-ci s'est très vite rendue célèbre par ses interprétations de musique contemporaine, quoique son activité s'étende également au répertoire classique et romantique, aussi bien dans la musique sacrée que dans l'opéra. Chef du chœur de l'Orchestre philharmonique de Londres de 1969 à 1982, Alldis a été de 1979 à 1983 directeur musical du Groupe vocal de France.

allegretto

Terme italien, diminutif d'allegro, indiquant un mouvement moins rapide.

Le mot peut être suivi d'un qualificatif précisant le caractère du morceau, par exemple : giocoso (« joyeux »).

Allegri (Gregorio)

Compositeur italien (Rome 1582 -id. 1652).

Chantre à Saint-Louis-des-Français à Rome, il devint prêtre et fut maître de chapelle à la cathédrale de Fermo (1607-1621), où il commença sa carrière de compositeur d'œuvres sacrées, puis il fut nommé chantre de la chapelle pontificale (1629). Son nom est surtout attaché au célèbre Miserere pour neuf voix en deux chœurs, longtemps chanté pendant la semaine sainte à la chapelle Sixtine. L'œuvre suscita un tel engouement que le pape menaça d'excommunication quiconque sortirait une partition de la chapelle ou la copierait. Mais Mozart, ayant assisté à l'office, transcrivit l'œuvre de mémoire, après l'avoir entendue, semble-t-il, une seule fois.

allegro (ital. ; « gai, rapide »)

1. On rencontre ce terme dès le XVIIe siècle ; pendant un certain temps, il garda un sens expressif plus qu'il ne désigna un mouvement bien précis. Depuis le XVIIIe siècle, il indique un mouvement se situant généralement en dessous du presto. Mais, souvent, un autre terme vient préciser le caractère du morceau. On trouve par exemple : allegro con brio, ma non troppo, moderato, molto, appassionato, etc.

2. « Allegro » désigne aussi le premier mouvement de la sonate, de la symphonie ou du concerto classiques.