Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
A

Albergati (comte Pirro Capacelli)

Compositeur italien (Bologne 1663 – id. 1735).

Bien que cultivant la musique en « nobile dilettante », il acquit une grande renommée en écrivant dans le style de l'école bolonaise 16 oratorios, 2 opéras, des concertos, sonates, messes et motets.

Albert (Magister Albertus Pariensis)

Compositeur français († Paris v. 1180).

Chantre à Notre-Dame de Paris, il composa la première pièce à trois voix connue, écrite dans le style du conduit. Il s'agit d'un Benedicamus Domino contenu dans le Codex Calixtinus de Saint-Jacques-de-Compostelle (1140).

Albert (Eugend')

Pianiste et compositeur allemand d'origine française (Glasgow, Grande-Bretagne, 1864 – Riga, Lettonie, 1932).

Il fit ses études à la National Training School de Londres et fut plus tard l'élève de Liszt à Weimar. Pianiste exceptionnel, l'un des plus célèbres de son époque, il fut également chef d'orchestre et fut nommé, en 1907, directeur de la Hochschule für Musik à Berlin. Dès le début du siècle, il se consacra surtout à la composition. Son œuvre abondante mêle l'écriture contrapuntique allemande à de nombreuses autres influences ; dans ses opéras, il se révèle vériste à la manière italienne, avec des effets appuyés, mais il cultive aussi le wagnérisme dans l'emploi du leitmotiv et la manière d'utiliser la mélodie continue. Il écrivit de la musique symphonique et instrumentale, des chœurs, des lieder et une vingtaine d'opéras, dont seuls Die toten Augen (1916) et surtout Tiefland (1903) ont échappé à l'oubli.

Albert (Heinrich)

Compositeur allemand (Lobenstein, Thuringe, 1604 – Königsberg 1651).

Élève de son cousin H. Schütz, il devint organiste à la cathédrale de Königsberg en 1630. Il composa pour la scène deux ouvrages (Cleomedes, 1635, dont il ne reste que deux airs, et Prussiarchus oder Sorbuisa, 1645, perdu), ouvrages qui suivirent de près le premier opéra allemand (Daphne de Schütz, 1627) et comptent donc parmi les plus anciens du genre. Mais c'est surtout dans le lied avec basse continue qu'Albert exerça une influence considérable. Par ses huit recueils d'Arien oder Melodien à une ou plusieurs voix d'inspiration religieuse ou profane, où il pratique la monodie à la manière italienne, il s'impose, avec son cadet A. Krieger, comme le père du lied allemand. Excellent poète, il mettait en musique le plus souvent ses propres textes ou ceux de son ami Simon Dach.

Alberti (Domenico)

Compositeur italien (Venise v. 1710 – Rome v. 1740).

Élève de Lotti, il fut claveciniste et chanteur. En 1737, il fit partie de l'ambassade de Venise à Rome et donna des concerts dans cette ville. Il a laissé son nom au procédé « basse d'Alberti », consistant à jouer décomposé en arpèges l'accord destiné à la main gauche au clavier. Alberti a composé des opéras (Endimione, Galatea, Olimpiade), des motets, des cantates et des sonates pour le clavecin qui parurent à Londres chez J. Walsh.

Albin (Roger)

Violoncelliste, chef d'orchestre et compositeur français (Beausoleil, Alpes-Maritimes, 1920 – Strasbourg 2001).

Après des études musicales à Monte-Carlo, aux conservatoires de Nice et de Paris, il a fait, à partir de 1935, une remarquable carrière de violoncelliste, tant comme concertiste que comme violoncelle solo de grandes formations tels la Société des concerts du Conservatoire ou l'orchestre de l'Opéra de Paris. Il a aussi longtemps pratiqué la direction d'orchestre, et a été chef de l'orchestre symphonique de la radio de Strasbourg (1966). Ayant également, de 1945 à 1948, étudié la composition avec Busser et Milhaud, l'analyse et l'estéthique avec Messiaen, il a écrit des œuvres instrumentales et symphoniques.

Albinoni (Tomaso)

Compositeur italien (Venise 1671 – id. 1750).

Peut-être élève de Legrenzi, il étudia le chant, le violon et le contrepoint. Appartenant à une famille aisée, il resta toute sa vie, comme son compatriote Benedetto Marcello, un « amateur » (Il dilettante veneto), ce qui signifie qu'il n'eut jamais besoin de composer pour vivre. À part quelques brefs voyages, il passa toute son existence à Venise. Son premier opéra, Zenobia, fut représenté en 1694, et, en 1703, il se rendit probablement à Florence, où l'on donnait La Griselda. En 1722, il organisa les fêtes musicales en l'honneur du mariage du prince électeur Albert de Bavière avec la fille de l'empereur Joseph Ier, et, en 1724, il rencontra Métastase, dont il mit en musique, l'année suivante, la Didone abbandonata. Mais, de ses quelque 50 opéras, dont le dernier date de 1741, n'ont survécu entièrement que Zenobia (1694), Engelberta (1709) et la Statiza (1726), ainsi que l'intermède bouffe Vespetta e Pimpinone (1708). Ses œuvres instrumentales le placent en revanche au premier rang des compositeurs vénitiens de son temps, à côté d'Antonio Vivaldi et de Benedetto Marcello. Tout au long de cette production, dont une partie seulement fut éditée de son vivant, sonates et concertos alternent, parfois au sein d'un même opus, et il en va de même des ouvrages adoptant la coupe de l'ancienne sonate d'église (lent-vif-lent-vif) ou du concerto moderne (vif-lent-vif). De même, des pages d'écriture polyphonique alternent avec d'autres où se manifeste une nette volonté novatrice (rythmes originaux, harmonies audacieuses). Bach, qui appréciait fort Albinoni, édifia deux fugues pour orgue à partir de thèmes de lui. Quant au célèbre Adagio d'Albinoni, c'est un pastiche réalisé au XXe siècle mais qui fut néanmoins pour beaucoup dans la redécouverte du compositeur depuis 1950.

Alboni (Marietta)

Contralto italien (Castello 1823 – Ville-d'Avray 1894).

Elle débuta à Bologne en 1842 dans Saffo de Pacini, où elle fit d'emblée une impression considérable. À Londres, en 1847, dans le rôle d'Arsace de Sémiramis (Rossini), elle s'affirma comme l'une des plus grandes cantatrices du XIXe siècle. Elle avait un timbre d'une beauté exceptionnelle, une technique et un style exemplaires. Mais sa corpulence lui valut le surnom d'« éléphant ayant avalé un rossignol ».

alborada (esp. ; « aubade »)

Mélodie populaire de la Galice pour instruments seuls, de rythme très libre, mais martelé par un accompagnement uniforme.

Des compositeurs tels que Rimski-Korsakov (Capriccio espagnol) et Ravel (Alborada del gracioso) l'ont introduite dans la musique savante.

   Par ce même terme, on désigne aussi un concert vocal simple, ou avec accompagnement instrumental, donné peu avant l'aube à l'occasion de festivités populaires, ou une composition que l'on doit chanter au lever du jour.