Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
K

Kokkonen (Joonas)

Compositeur finlandais (Iisalmi 1921 – Järvenpää 1996).

Ses premières œuvres, après la guerre, partent du néoclassicisme « post-Hindemith » pour évoluer vers un style postromantique non sans qu'il ait subi, en cours de route, la tentation sérielle. Excellent orchestrateur, Joonas Kokkonen révèle sa maîtrise des techniques d'écriture en particulier dans ses nombreux scherzos et son lyrisme romantique se teinte souvent de religiosité. Si sa 3e Symphonie (1967) représente un sommet de son œuvre, il faut également retenir : la Sinfonia da camera pour 12 cordes (1961-62), les 5 Bagatelles pour piano (1968-69), la Symphonie no 4 (1971), les Trois Quatuors à cordes et son opéra Viimeiset kiusaukset (« les Dernières tentations », 1973-1975), qui connaît un grand retentissement en Finlande et marque le début d'une floraison d'opéras dans ce pays. En 1977, avec Durch einen Spiegel pour 12 cordes et clavecin, Kokkonen semble entrer dans une nouvelle période créatrice, confirmée avec le Requiem de 1981. La remarquable linéarité de sa pensée, jointe à l'importance des postes qu'il occupe (Académie de Finlande, professeur de composition à l'académie Sibelius de 1959 à 1963 et prix Sibelius en 1973), a longtemps fait de Kokkonen le compositeur quasi officiel de la Finlande d'aujourd'hui et la personnalité musicale la plus influente du pays depuis J. Sibelius.

Kolassi (Irma)

Mezzo grecque (Athènes 1918).

Elle étudie le chant et le piano au Conservatoire d'Athènes, puis à l'Académie Sainte-Cécile de Rome. Longtemps hésitante sur le choix du piano ou du chant, elle commence sa carrière comme chef de chant à l'Opéra d'Athènes et professeur de piano au Conservatoire de la ville pendant la Seconde Guerre mondiale, puis elle abandonne Athènes en 1949 et le piano pour venir s'installer à Paris. C'est alors le début d'une carrière éclatante dans le répertoire vocal du XXe siècle, particulièrement celui de la mélodie française. Elle se produit dans Erwartung de Schönberg sous la direction de H. Rosbaud, ou encore dans l'Œdipus rex de Stravinski, et participe à la création de l'Ange de feu de Prokofiev, puis à la création française de Wozzeck. Elle est une grande interprète des mélodies de Duparc, Fauré et Ravel, et s'est produite en récital, accompagnée par Nadia Boulanger et Francis Poulenc, entre autres. En 1970, elle décide d'interrompre sa carrière et se consacre à l'enseignement. Sa version discographique du Poème de l'amour et de la mer d'Ernest Chausson reste inégalée.

Kolisch (Rudolf)

Violoniste américain d'origine autrichienne (Klamm am Semmering 1896 – Watertown, Massachusetts, 1978).

Il étudia à l'Académie de musique et à l'université de Vienne jusqu'en 1913, puis continua à travailler le violon avec Sevcik, la théorie et la composition avec Schönberg, qui, en 1924, épousa en secondes noces sa sœur Gertrud. Il fonda en 1922 un quatuor, qui devait rapidement acquérir une grande réputation internationale, en particulier parce que ses membres jouaient de mémoire. Ce quatuor se consacra largement au répertoire contemporain et donna notamment les premières des 3e et 4e quatuors de Schönberg, du 5e de Bartók, du trio à cordes et du quatuor à cordes de Webern, et de la Suite lyrique de Berg. Il dut se dissoudre en 1939. Plus tard, Rudolf Kolisch fut premier violon du quatuor Pro Arte. Il enseigna à l'université du Wisconsin de 1944 à 1967. Une blessure à la main gauche, durant son enfance, l'obligea toute sa vie à tenir son violon de la main droite et l'archet de la gauche.

kolo

Chant dansé, originaire des Balkans, qui s'est répandu par la suite dans toute l'Europe centrale.

D'un mouvement assez rapide, il est exécuté par un groupe constituant une ronde ou un demi-cercle. Rimski-Korsakov en a introduit un dans l'acte II de son opéra-ballet Mlada (1890).

Komensky (Jan Amos)

Pédagogue, théologien et musicien tchèque (Uhersky Brod 1592 – Naarden, Pays-Bas, 1670).

Connu également sous le nom de Comenius, évêque dans la communauté des Frères moraves (1632), il quitta la Moravie par suite des persécutions catholiques (1628) et vécut en Pologne jusqu'en 1642. Il voyagea ensuite en Suède, en Angleterre, en Hongrie, et s'établit en Hollande vers 1656. Comme éducateur, il publia son ouvrage le plus célèbre, Janua linguarum reserata, en 1633. Il devait être traduit en une quinzaine de langues. Comme musicien, il fit notamment éditer à Amsterdam, en 1659, un immense recueil d'hymnes protestants tchèques ou traduits en tchèque (Kancional… kniha… pisni duchovnich), en tout 150 psaumes et 430 hymnes. Suivit un second recueil, les Kirchen-, Haus– und Hertzens-Musica (Amsterdam, 1661 ; rééd. Prague, 1952).

Komives (János)

Compositeur et chef d'orchestre français d'origine hongroise (Budapest 1932 – Hédouville, Val-d'Oise, 2005).

Il a fui son pays en 1956 lors de l'intrusion des chars russes et s'est, depuis, fait naturalisé français. Il doit une solide formation à l'académie Ferenc-Liszt de sa ville natale, où il a travaillé sous la tutelle de Zoltán Kodály, de Ferenc Farkas et de László Somogyi ; en France, il s'est perfectionné auprès de Darius Milhaud. Chef d'orchestre lauréat en 1957 du concours international de Besançon, il s'est ensuite produit à la tête des principaux orchestres français, notamment des orchestres de l'O. R. T. F. sans négliger l'étranger et se rendant dans maints pays d'Europe et d'Afrique. Durant plusieurs années, il a dirigé l'orchestre de l'opéra de Koblenz en Allemagne fédérale. Compositeur, il a décroché par deux fois le prix Italia : en 1968, pour son oratorio La Vera Istoria della Cantoria di Luca della Robbia et, dix ans plus tard, pour son essai radiophonique À cœur ouvert. À noter que son conte pour enfants l'Histoire de Nikita, chien chanteur d'opéra a été distingué en 1973 par l'Académie du disque français, que son Recitativo pour orchestre de 1967 a été sélectionné par la Tribune internationale de compositeurs de l'Unesco, et enfin, que l'Antichambre, opéra pour un homme seul avec mannequin, a été couronné en 1975 par le prix international Opéra-Ballet de Genève. Parmi ses autres compositions, retenons Épilogues, onze séquences pour cuivres avec percussion (1964), Concerto pour quatuor à cordes et orchestre (1970), Catéchisme de nuit pour soprano et orchestre (1971), Zodiaques, douze constellations pour ensemble et percussion (1972), Pop-Symphonie (1973), Flammes pour clarinette seule (1975), l'opéra pour enfants la Révolution en culottes courtes (1989), où la rigueur le dispute à l'imagination, enfin Interview, huit sketches pour coloratura, acteur et cinq musiciens (1978), sans compter de multiples musiques pour théâtre, cinéma, radio et télévision.