Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
B

Badura-Skoda (Paul)

Pianiste autrichien (Vienne 1927).

Il a étudié le piano avec Viola Thern à partir de 1939 et au conservatoire de Vienne à partir de 1948, avant d'être, à Lucerne, l'élève, puis l'assistant, d'Edwin Fischer. Depuis 1960, il dirige des cours de perfectionnement à Vienne et à Édimbourg, et, depuis 1962, au Mozarteum de Salzbourg. Il s'est rendu célèbre par ses interprétations de Haydn, de Mozart, de Beethoven et de Schubert, souvent sur des instruments d'époque (il en possède une vaste et remarquable collection). Sa recherche de l'authenticité s'est aussi exprimée dans des ouvrages tels que Mozart-Interpretation, Anregungen zur Interpretation der Klavierwerke (initiation à l'interprétation des œuvres pour piano de Mozart, en collaboration avec son épouse Eva Halfar, Vienne, 1957), Die Klaviersonaten von L. van Beethoven (en collaboration avec Jörg Demus, Vienne, 1970) et Bach-Interpretation (1990).

Baer (Olaf)

Baryton allemand (Dresde 1957).

Dès 1967, il fait partie du Kreuzchor de Dresde puis, à partir de 1978, étudie à la Musikhochschule de la même ville. Il devient membre du Semper Oper de Dresde et ne tarde pas à connaître ses premiers engagements internationaux. En 1983, il débute au Wigmore Hall de Londres, puis, en 1985, à Covent Garden dans le rôle d'Arlequin d'Ariane à Naxos de Richard Strauss. En 1986, il chante à nouveau cet opéra à Aix-en-Provence et débute comme Papageno à la Scala de Milan. En 1987, il chante dans Capriccio à Glyndebourne, où il incarne Don Juan en 1991. La même année, il chante la Flûte enchantée à Vienne sous la direction de Solti. Avec le pianiste Geoffrey Parsons, il consacre aussi une grande part de son travail aux lieder. Ses interprétations de Schubert et de Wolf, notamment, sont très appréciées.

bagatelle

Composition musicale vive, légère et brève, présentée par son auteur comme une petite chose sans importance, conformément au sens général du terme (ital. bagatella, qui désigne un tour de bateleur).

Ce genre, qui n'obéit à aucune règle précise, a été illustré notamment par Beethoven (bagatelles pour piano op. 33, op. 119 et op. 126 ; Bagatelle en « la » mineur « pour Élise »).

Baggiani (Guido)

Compositeur italien (Naples 1932).

Auteur d'œuvres instrumentales, d'œuvres mixtes utilisant des instruments traditionnels et des moyens électroacoustiques et d'œuvres sur bande réalisées par ordinateur. Il a étudié avec Stockhausen à la Rheinische Musikschule de Cologne et a été membre de l'association Nuova Consonanza (1965-1975). Sa première œuvre importante, Mimesi pour violon, alto, violoncelle, flûte, clarinette et basson (1967), fut jouée par Nuova Consonanza sous la direction de Gilbert Amy. Il a enseigné au conservatoire de Pesaro (1974-1978), et a réalisé vers la même époque trois œuvres électroacoustiques : Twins pour piano, bande à deux pistes et appareils électroacoustiques (1971), Accordo presunto pour deux groupes instrumentaux et dispositif électronique (1973) et Senza voci I, bande magnétique à quatre pistes pour instruments électroniques et micro-ordinateur (1977-78). Particulièrement attiré par Charles Ives, il a consacré à sa mémoire Contr-Azione, pour deux orchestres (1975-76). En 1977, il a fondé avec W. Branchi l'association Musica verticale, qui se propose l'étude et la diffusion de la technologie musicale contemporaine. Il enseigne actuellement la composition au conservatoire de Pérouse. Ses œuvres traduisent une méfiance profonde à l'égard du système tempéré traditionnel. Citons encore Senza voci II, pour bande à quatre pistes et ordinateur (1979-80) et 4 Studi pour 2 pianos (1981).

baǧlama

Luth à manche long et à trois ou quatre rangs de cordes, utilisé en Turquie dans la musique populaire ou par les troubadours du Moyen-Orient.

bagpipe

Littéralement, « pipeau à sac ». Cette version écossaise de la cornemuse ne diffère pas sensiblement du biniou breton. Le souffle de l'exécutant gonfle une outre de peau, doublée de tissu de laine, qui alimente en air sous pression quatre tuyaux à anche double, dont un chanter modulant, à huit trous et trois bourdons. Les régiments écossais de l'armée britannique ont encore leurs bagpipers, qui maintiennent une tradition militaire très ancienne.

baguette

1. Terme d'organologie qui désigne la partie de l'archet (ronde ou octogonale), aujourd'hui légèrement concave, où les crins sont attachés grâce à un coin de bois ; la baguette est généralement en pernambouc, bois dur et élastique.

2. Mince bâton à l'extrémité arrondie, dont on frappe la peau du tambour. ­ 3.Mince bâton en bois ou parfois en métal, de couleur claire, que tient le chef d'orchestre pour prolonger les gestes de sa main droite et rendre ceux-ci plus visibles pour les musiciens ; cet usage de la baguette ne remonte qu'au XIXe siècle.

Baïf (Jean Antoine de)

Poète, humaniste et musicien français (Venise 1532 – Paris 1589).

Il fit siennes les théories musicales de Platon, selon lesquelles la soumission de la musique à la poésie et l'union des deux à la danse engendrent les « effets » bénéfiques qu'on attend de l'éducation des futurs citoyens, dans une société harmonieuse. Pour produire ces effets, que les Grecs avaient obtenus par leur théâtre, Baïf fonda une Académie de poésie et de musique (1570) qui tint séance sous le patronage ­ et souvent en la présence ­ du roi Charles IX, dans la propre demeure du poète. Pour unir la poésie à la musique, Baïf agit en musicien et en orthophoniste : il écrivit une poésie mesurée d'après la durée relative des syllabes, longues ou brèves selon leurs sonorités, et d'après la combinaison de l'accent tonique avec les accents d'intonation. Mais, à son époque, la prononciation et l'orthographe françaises étaient indécises ; pour que le compositeur éventuel ne se trompât point sur les durées ni les interprètes sur la prononciation, il mit au point un système orthographique apte à transcrire avec précision la couleur des voyelles et le son des consonnes. Les plus grands musiciens de son temps tels Roland de Lassus, Nicolas de La Grotte, Claude Le Jeune et Jacques Mauduit, composèrent sur ses Chansonnettes et sur ses Psaumes. Il est juste de dire que, si la poésie mesurée n'a pas eu d'avenir, Baïf est, de tous les poètes français, celui qui a exercé la plus forte influence sur la musique de son époque.