Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
H

heckelphone

Du nom de son inventeur, le facteur allemand Wilhelm Heckel (1856-1909), qui le mit au point en 1904. C'est une forme améliorée, descendant au la1, du hautbois baryton. Le heckelphone, sonnant une octave plus bas que le hautbois ordinaire, n'a guère été employé que par Richard Strauss dans Salomé et par Paul Hindemith.

Hegar

Famille de musiciens suisses.

 
Friedrich, violoniste et compositeur (Bâle 1841 – Zurich 1927). Fils d'un marchand de musique, il fit ses études à Leipzig, occupa divers postes, puis se fixa à Zurich en 1862 et donna une grande impulsion à la vie musicale de la cité, dirigeant sa Société chorale pendant trente-sept ans et l'orchestre de la Tonhalle pendant quarante et un ans, fondant en 1875 une école de musique (futur conservatoire) qu'il devait diriger jusqu'en 1914. Ami de Brahms, il a composé de la musique chorale, des œuvres symphoniques et de chambre ainsi que l'oratorio Manasse (1888).

 
Johannes, violoncelliste, fils du précédent (Zurich 1874 – Munich 1929). Il enseigna à partir de 1904 à Francfort, puis à partir de 1912 à l'Académie de musique de Munich.

Hegel (Georg Wilhelm Friedrich)

Philosophe allemand (Stuttgart 1770 – Berlin 1831).

Étudiant à partir de 1788 à Tübingen, Hegel s'enthousiasma pour le romantisme naissant avant d'adopter les idées de la Révolution française. Enseignant dès 1805, il écrivit son ouvrage décisif, la Science de la logique, de 1812 à 1816. À ses écrits, dont le plus systématique est sans doute le Précis de l'encyclopédie des sciences philosophiques (1817), il faut ajouter la publication, après sa mort, de ses cours à l'université de Berlin, qui complètent l'exposé de son système. Dans celui-ci, Hegel définissait la philosophie comme l'histoire de la conscience prenant conscience d'elle-même. Visant à retracer l'organisation complète du savoir, il faisait de l'art l'une des expressions de l'esprit dans sa recherche de la vérité et de l'absolu. Mais, si le but de l'art est la représentation sensible du beau, il n'a pour contenu qu'un certain degré spirituel de la vérité et est, d'une façon assez traditionnelle, inférieur à la science. Selon le degré d'adéquation de l'idée à la forme, Hegel distingue trois aspects de l'art, en correspondance avec son histoire. Le dernier et le plus élaboré est celui de l'art romantique, dans lequel il convient de ranger la peinture, la musique et la poésie. La musique se voit donc attribuer une place privilégiée dans l'esthétique de Hegel, juste avant l'élément parfait, la poésie, dans lequel l'esprit est libre en soi, et une vocation particulière, qui est de pouvoir exprimer le sentiment dans son devenir sans le secours des concepts. À partir de Hegel se profile l'idée que la musique au sein des arts procède selon des lois qui lui sont propres et qu'il existe une pensée spécifiquement musicale. Son Esthétique, publiée en 1832, prépare de cette façon la voie aux romantiques, à Schopenhauer, à Nietzsche, puis aux conceptions esthétiques modernes.

Heger (Robert)

Chef d'orchestre et compositeur allemand (Strasbourg 1886 – Munich 1978).

Élève de F. Stockhausen à Strasbourg, de L. Kempter à Zurich et de M. Schillings à Munich, il mena à partir de 1907 une brillante carrière de chef de théâtre dans d'importantes villes allemandes. Comme compositeur, on lui doit notamment trois symphonies et le mélodrame Die Jüdin von Worms.

Heidsieck (Éric)

Pianiste français (Reims 1936).

Il étudie à l'École normale de musique de Paris puis au Conservatoire de Paris dans la classe de M. Ciampi, où il obtient un 1er Prix en 1954. Il se perfectionne ensuite auprès de Wilhelm Kempff et Alfred Cortot. En 1960, il fonde avec sa femme Tania un duo de piano, donnant de très nombreux concerts. Il se produit également avec Paul Tortelier. Son répertoire comprend un très grand nombre de concertos. Salué par la presse comme « l'homme des intégrales », il donne des séries de concerts avec les trente-deux sonates de Beethoven, les seize suites de Haendel ou encore l'intégrale de l'œuvre pour piano de Fauré. Il enseigne au Conservatoire national supérieur de Lyon et donne des master-classess aux États-Unis et au Japon.

Heifetz (Jascha)

Violoniste américain d'origine russe (Vilnius 1901 – Los Angeles 1987).

Il étudie le violon dans sa ville natale avec E. D. Malkin et fait rapidement sensation comme enfant prodige. Il entre ensuite au conservatoire de Saint-Pétersbourg dans la classe de Nalbandyan, assistant de L. Auer, puis dans celle de Auer lui-même. À l'âge de dix ans il donne des concerts à Saint-Pétersbourg, Odessa, Kiev, Pavlovsk. Il joue en 1913 le concerto de Tchaïkovski à Berlin, sous la direction d'Arthur Nikisch. Heifetz accompagne Auer en Scandinavie et s'y produit à plusieurs reprises. Aux États-Unis, il fait avec succès ses débuts au Carnegie Hall le 27 octobre 1917. Désormais, il conquiert les publics de tous les continents, faisant une exceptionnelle carrière internationale. Il possède une technique prodigieuse et un jeu à la fois dynamique et élégant. Il a également fait de la musique de chambre avec W. Primrose et G. Piatigorsky, ainsi qu'avec Brooks Smith. Plusieurs compositeurs contemporains ont écrit des concertos à son intention (William Walton, Louis Grueneberg, Joseph Achron).

Heiller (Anton)

Organiste, claveciniste et compositeur autrichien (Vienne 1923 – id. 1979).

Il suit des cours de B. Seidhofer (clavecin et orgue) et de Reidinger (composition) à la Musikakademie de Vienne, où il enseigne lui-même l'orgue à partir de 1945. En 1952, il remporte le premier prix au concours d'improvisation de Haarlem. En tant que compositeur, il a assimilé les influences de Johann Nepomuk David, de Stravinski et de Hindemith, et il s'est forgé un style très personnel, qui montre une prédilection pour la musique religieuse (10 messes dont un Requiem ; Psalmen-Kantate pour solos, chœurs et orchestre ; Psaume XXXVII ; Stabat Mater). Comme claveciniste, on lui doit un enregistrement des huit Suites de Haendel qui demeure un modèle de goût et de maîtrise technique.