Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
M

Mai musical florentin
(« Maggio musicale fiorentino »)

Festival d'opéra fondé à Florence en 1933, essentiellement à l'initiative du chef d'orchestre Vittorio Gui.

D'abord biennal, il devint annuel en 1938. Interrompu de 1943 à 1947, il s'est attaché à monter des ouvrages rarement joués, en particulier de Rossini, et assura même, en 1951, la création mondiale de l'Orfeo ed Euridice de Haydn, avec Maria Callas dans le rôle d'Euridice. En 1953, Leonard Bernstein y dirigea une mémorable Medea de Cherubini avec Maria Callas dans le rôle-titre.

Maillard (Jean)

Compositeur français du XVIe siècle.

On ignore ses dates de naissance et de mort. Il semble avoir mené une vie de voyageur, s'arrêtant tantôt à la cour d'un seigneur, tantôt dans une maîtrise. Quoi qu'il en soit, il a beaucoup composé. Entre 1538 et 1570, plusieurs de ses œuvres sont éditées à Paris par Le Roy et Ballard (Jean Maillard musici excellentissimi moteta, 1555 ; Missa ad imitationem missae Virginis Mariae, 1557 ; Missa ad imitationem moduli « M'amie un jour », 1558 ; Modulorum Jean Maillardi en 2 vol., 1565). D'autres pièces sont conservées en manuscrit ; d'autres encore sont perdues. Pour la plupart dans des recueils collectifs, on trouve une centaine de motets, un psaume de Cl. Marot, six messes, trois chansons spirituelles et une cinquantaine de chansons françaises, dont certaines ont été transcrites pour un instrument à cordes pincées.

Maillart (Louis Aimé)

Compositeur français (Montpellier 1817 – Moulins 1871).

Il était le frère d'un acteur de la Comédie-Française, Adolphe Maillart. Il entra au Conservatoire de Paris dans la classe de violon de Guérin avant de devenir l'élève de Halévy et de Le Borne (écriture et composition). En 1841, il obtint le premier grand prix de Rome pour sa cantate Lionel Foscari. C'est Adolphe Adam qui le révéla en créant son opéra Gastibelza ou le Fou de Tolède, à l'occasion de l'inauguration, le 15 novembre 1847, de l'Opéra national, plus tard Théâtre-Lyrique. En dépit de sa paresse, Maillart fut un auteur à succès, doué d'un talent mélodique original et d'une grande facilité d'écriture. Son vrai triomphe fut les Dragons de Villars (1856). Mais c'est dans Lara (1864), traité avec une grande noblesse, qu'il écrivit ses pages les plus remarquables. Il quitta Paris en 1870 à l'arrivée des troupes allemandes, et se réfugia à Moulins où il mourut.

main guidonienne

Procédé pédagogique attribué sans preuves à Guy d'Arezzo (XIe s.), consistant à compter les sons de l'hexacorde sur les phalanges de la main ouverte pour en retenir plus facilement la succession et les procédés de mutation, c'est-à-dire de passage dans la nomenclature d'un hexacorde à un autre.

La main guidonienne pouvait aussi servir à apprendre les mélodies, le maître montrant sur sa main gauche ouverte l'emplacement des notes à chanter. Ce dernier procédé, qui a été en usage jusqu'à la fin du XVIe siècle, a été repris avec diverses variantes par plusieurs méthodes d'enseignement musical (Wilhem, Chevais, Kodály, etc.) sous le nom générique de phonomimie.

Mainardi (Enrico)

Violoncelliste et compositeur italien (Milan 1897 – Munich 1976).

Il étudia le violoncelle et la composition au conservatoire de Milan, et perfectionna sa technique instrumentale avec Hugo Becker, à Berlin. Il fit ses débuts de concertiste à treize ans, forma des duos avec Dohnányi, Wilhelm Backaus, Carlo Zecchi et Edwin Fischer. Avec ce dernier, il fonda un trio, d'abord avec Kulenkampff, au violon, puis avec Scheiderhan. Parallèlement à ses activités d'interprète, il enseigna le violon et la musique de chambre à l'académie Sainte-Cécile de Rome, à Berlin, Salzbourg et Lucerne. Alors que Pizzeti écrivait pour lui son concerto pour violoncelle (1933-34), Richard Strauss l'invita à enregistrer sous sa direction son Don Quixote. Quatre ans plus tard, Malipiero composait aussi pour lui son concerto pour violoncelle, puis son triple concerto (1938). Le jeu de Mainardi, aux sonorités claires et chaudes, se distinguait par un tempo très lent, particulièrement dans les suites de Bach, dont il a laissé de surprenants enregistrements ainsi qu'une édition critique.

Maisky (Mischa)

Violoncelliste russe naturalisé israélien (Riga 1948).

Lauréat du Concours Tchaïkovski à l'âge de 18 ans, il entre ensuite dans la classe de Mstislav Rostropovitch au Conservatoire de Moscou. Victime de la répression du gouvernement soviétique de 1969 à 1972 (du fait de l'émigration de sa sœur en Israël), il est emprisonné et interné en hôpital psychiatrique avant de réussir à rejoindre lui aussi Israël. Les années qui suivent marquent le véritable début de sa carrière. Lauréat du Concours Cassado de Florence en 1973, il se produit aux États-Unis, puis en 1976 à Paris, où il donne plusieurs concerts de musique de chambre. Depuis lors, sa vie se partage entre la France et Israël.

maîtres chanteurs

À la fin du XIIIe siècle, certains poètes gnomiques, particulièrement fiers de la complexité à laquelle était parvenu leur art, se firent désigner du nom de maîtres. La légende veut que l'un d'entre eux, dit Frauenlob (celui qui s'entend à louer la femme), se fixa à Mayence et y fonda la première confrérie de maîtres chanteurs. Progressivement, le mouvement s'amplifia en même temps que l'invention poétique disparaissait au profit d'un dogme rigide : seule fut bientôt autorisée l'utilisation des strophes et mélodies créées par l'un des douze grands maîtres, règle que des marqueurs surveillaient étroitement en s'appuyant sur la tabulature, sorte de manuel, de code poétique. Composées pour l'essentiel de bourgeois et d'artisans (la petite noblesse disparaissait peu à peu), et donc expression d'un art urbain et non plus de cour, les confréries se dotèrent d'un cursus honorum aux multiples étapes, qui permettait de s'élever à la fois artistiquement, socialement et religieusement. Les sujets abordés, en effet, traités uniquement grâce à des combinaisons pédantes des innombrables modes officiels, aux noms plutôt fleuris, tournaient presque exclusivement autour de questions morales et théologiques. Animant les offices de leurs chants, les maîtres escomptaient mieux s'attirer les bonnes grâces de Dieu ; ils organisaient également des concours, sur le modèle des « disputes » alors en honneur dans les universités. À partir du XVIe siècle, leur art se fixa essentiellement à Nuremberg, Augsbourg et Breslau. Sous l'impulsion du réformateur Hans Foltz, barbier de son état, on essaya de rompre avec le rigorisme des confréries rhénanes, en autorisant à nouveau la création de chants et de bars neufs. Mais cette réaction, sans doute trop tardive, ne permit pas de ranimer un art dont la complexité et la lourdeur étaient bien loin des exercices brillants auxquels se livraient, à la cour de Bourgogne, les grands rhétoriqueurs. Le plus connu des maîtres, le cordonnier Hans Sachs (1494-1576), emphatiquement célébré par Goethe et Wagner et auteur d'environ 4 000 chants, est d'ailleurs passé à la postérité moins en raison de son talent, ou de sa foi, que de la verve de ses farces populaires, souvent assez vertes, véritables mines pour les amateurs de traditions et de folklore. L'art des maîtres chanteurs disparut progressivement au cours du XVIIe siècle, sans jamais avoir été très connu des masses ni très apprécié des humanistes.