Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Donaueschingen (festival de)

Important festival de musique contemporaine depuis plus d'un demi-siècle, le festival de Donaueschingen a connu deux périodes bien distinctes.

À partir de l'été 1921 se déroule, sous l'égide du prince Egon de Fürstenberg, un festival de musique de chambre consacré à la production d'avant-garde. De 1921 à 1926, ce festival a lieu à Donaueschingen, petite ville thermale du sud de l'Allemagne (Forêt-Noire). Au cours des différentes saisons sont jouées, entre autres, des pages de Paul Hindemith, Richard Strauss, Ferruccio Busoni, Alois Haba, Philipp Jarnach, Arnold Schönberg, Alban Berg, Anton Webern, Béla Bartók, Ernst Krenek. Le directeur musical est Heinrich Burckhardt. Le rayonnement déjà considérable de ce premier festival sert d'impulsion déterminante pour la création d'une section de musique contemporaine au festival de Salzbourg et pour la formation de la Société internationale de musique contemporaine (S. I. M. C.). En 1927, le festival se transporte à Baden-Baden. Quelques années plus tard, le nazisme va faire disparaître en Allemagne, pour plusieurs années, toute activité prospectrice dans le domaine de la musique vivante.

   Ce n'est qu'en 1950, sous l'impulsion de la radio de Baden-Baden (Südwestfunk) et du critique et musicologue allemand Heinrich Strobel (1898-1970), que le festival de Donaueschingen connaît une seconde naissance et prend une ampleur extraordinaire.

   Traditionnellement organisée le deuxième ou le troisième week-end d'octobre, cette manifestation a, dès lors, suscité la découverte et entraîné l'éclosion de la presque totalité des créations contemporaines les plus significatives. Heinrich Strobel en assume la responsabilité artistique entre 1950 et 1970. C'est sans conteste la plus grande période de gloire de Donaueschingen. Otto Tomek lui succède jusqu'en 1975. À partir de cette date, Josef Häusler assure la direction artistique générale (le critique de jazz Joachim Ernst Berendt s'occupe plus particulièrement de la partie réservée au jazz). Le prince Joachim de Fürstenberg est président d'honneur. L'organisation et la régie technique sont assurées par la ville de Donaueschingen et par la radio de Baden-Baden (Südwestfunk). Entre 1950 et 1970, le festival de Donaueschingen est reconnu dans le monde entier comme le symbole même du festival audacieux et novateur. Il joue un rôle fondamental dans la découverte des voies nouvelles de la musique. Homme à l'indépendance intellectuelle et esthétique rare, Heinrich Strobel a été le principal artisan de cette réussite. Nombre d'œuvres importantes ont vu leur création mondiale à Donaueschingen. Mais, outre ces créations, le festival a permis depuis près de quarante ans la création européenne d'un nombre tout aussi remarquable de partitions, des dernières pages d'Igor Stravinski aux premiers ouvrages des plus jeunes générations.

Doni (Antonio Francesco)

Musicographe italien (Florence 1513 – Montselice, près de Padoue, 1574).

Auteur de nombreux ouvrages, dont trois sont consacrés à la musique (notamment le Dialogo della musica, publié à Venise en 1544), il fournit des renseignements sur la vie musicale dans cette ville. Doni illustre son propos à l'aide d'une sélection de madrigaux de différents compositeurs. Dans les autres livres (Prima Libraria, 1550, Seconda Libraria, 1551), il donne une intéressante liste des accademie actives en Italie à son époque et essaie pour la première fois d'établir une bibliographie musicale.

Donizetti (Gaetano)

  • Gaetano Donizetti

Compositeur italien (Bergame 1797 – id. 1848).

Issu d'une famille pauvre, il fut reçu à neuf ans à la Scuola caritatevole di musica (« École charitable de musique »), fondée par Mayr dans sa ville natale, il y apprit le clavecin et la composition et dut à l'intérêt que lui témoigna son maître, ainsi qu'à son soutien financier, de pouvoir compléter ses études à Bologne sous la conduite du père S. Mattei. Afin de venir en aide à sa famille, il s'engagea dans l'armée, mais ses premières réussites de compositeur lui permirent bien vite de s'en libérer. Son œuvre Enrico di Borgogna l'avait fait connaître en 1818, mais ce fut Zoraide di Granata (1822) qui lui valut son premier succès réel. Mieux accueilli à Naples et dans l'Italie méridionale que dans sa Lombardie natale, Donizetti fit jouer ­ dans les genres bouffe, semi-seria et seria ­ une trentaine d'œuvres, qui, tout en révélant un talent affirmé, le laissaient néanmoins dans l'ombre de Rossini, dont Bellini, son cadet de quatre ans, semblait déjà lui ravir l'héritage. La gloire véritable ne lui vint qu'en 1830 avec Anna Bolena, œuvre habilement démarquée du Pirate de Bellini, mais qui, dans l'interprétation de la Pasta et du ténor G. B. Rubini, lui valut la faveur des Milanais. Cette faveur se confirma en 1832 avec l'accueil réservé à son Élixir d'amour. Donizetti donna alors ses grands chefs-d'œuvre tragiques ­ drames romantiques ou historiques tels que Torquato Tasso, Lucrezia Borgia, Maria Stuarda, Lucia de Lammermoor, Roberto Devereux, etc. La disparition prématurée de Bellini lui laissa le champ libre, mais la direction du conservatoire de Naples n'en échut pas moins à Mercadante, à une période où il connut de grands malheurs, perdant subitement sa femme après ses parents et ses trois enfants. Recommandé par Rossini, il vint à Paris en 1838 et y donna, en langue française, la Fille du régiment, la Favorite et les Martyrs en 1840, avant d'être nommé compositeur impérial à Vienne où il présenta Linda di Chamounix et Maria di Rohan. Il revint à Paris donner Dom Sébastien et Don Pasquale (1843), mais le travail incessant auquel il s'était adonné, les chagrins et une vie dissolue eurent raison de ses forces et le conduisirent à de graves désordres mentaux, puis à la paralysie nerveuse. Interné à Ivry en janvier 1846, il regagna Bergame et s'y éteignit après quelques mois de souffrances.

   La gloire de Donizetti, comme le mépris qui s'ensuivit, ne reposa longtemps que sur la connaissance restreinte de son œuvre. Vers 1930, mais surtout depuis 1955, la redécouverte d'un romantisme européen fondé sur d'autres valeurs que celles de la culture germanique a permis de rendre à Donizetti sa véritable place dans l'évolution de l'opéra. Sans doute l'abondance d'une production qui comprend plus de soixante-dix œuvres lyriques, de la musique sacrée, instrumentale, etc., a-t-elle nui à l'homogénéité de son œuvre, dont les pages essentielles suffisent néanmoins à mesurer la qualité d'un talent confinant au génie véritable. Sa formation extrêmement poussée, sa connaissance de Haydn, Mozart et Gluck lui permirent de se démarquer peu à peu et de laisser libre cours à sa personnalité véritable. Des livrets plus soignés, la bonne perception de situations tragiques (où l'influence de Bellini se fit longtemps sentir, Lucia de Lammermoor devant tout aux Puritains, qui la précédèrent de peu), et le conflit romantique de l'amour impossible lui inspirèrent un langage plus fort et un traitement plus énergique de la voix chantée qui jetait un pont entre l'inspiration aristocratique de Bellini et la veine sanguine et populaire de Verdi. Nous trouvons en effet chez Donizetti à la fois les effusions pathétiques de Lucie, de Maria di Rohan, d'Elisabetta dans Roberto Devereux, de Pauline dans les Martyrs et d'autre part les élans si profondément humains de cette même Elisabetta, d'Anna Bolena, ceux d'Edgardo dans Lucie et de Fernand dans la Favorite. En même temps se profilent tous les aspects du baryton naissant, tour à tour noble et amoureux (Dom Sébastien, la Favorite), ou d'une « méchanceté » dont les éclats eussent été parfaitement impensables avant 1830 (Lucia de Lammermoor). Enfin, dernier grand auteur comique de l'histoire de l'opéra italien, Donizetti parvint à renouveler le genre avec Il Campanello ou Betly et à écrire, avec l'Élixir d'amour, un chef-d'œuvre du genre semi-seria où un pathétique sincère voisine avec les meilleures inventions d'un comique purement musical.