Cavalli (Pier Francesco Caletti-Bruni, dit Pier Francesco)
Compositeur italien (Crema 1602 – Venise 1676).
Chantre dans sa ville natale, doté d'une belle voix de soprano, il attira l'attention du gouverneur de la cité, Federigo Cavalli, qui lui obtint un poste de chantre et d'organiste à la chapelle San Marco de Venise (1616). Dès lors, il se fit appeler P. F. Cavalli, du nom de son protecteur. La musique de cette chapelle était dirigée par Cl. Monteverdi et Cavalli devint son élève pour la composition. En 1640, il fut nommé titulaire de l'orgue de la chapelle et, à la mort de Monteverdi (1643), s'imposa comme la personnalité la plus importante de la vie musicale à Venise. À partir de 1639, le musicien commença à écrire pour le théâtre, mais il est fort possible qu'il ait, auparavant, collaboré à la production de quelques opéras de Monteverdi, composant, ici et là, une ritournelle instrumentale selon les instructions du maître.
Entre 1639 et 1669, Cavalli écrivit 42 ouvrages lyriques, dont 4 dans la seule année 1651. Il fut le compositeur le plus remarquable de l'école vénitienne de sa génération en matière d'opéras. Son grand talent de mélodiste et son sens dramatique très développé l'orientèrent vers la scène. Sa musique, plus à la portée du grand public que celle de Monteverdi, visait les théâtres payants de Venise, le premier de ces établissements (San Cassiano) ayant ouvert ses portes en 1637. Sa véritable carrière débuta avec la représentation des Nozze di Teti e di Peleo (1639). Dès 1641, son style atteignait une certaine maturité avec son premier chef-d'œuvre, La Didone. La partition contient notamment une scène d'adieu admirable, chantée par Énée, et reflète parfaitement le style de Cavalli : conçue de manière très continue, la musique part du récitatif pour se transformer en arioso et en air avec une souplesse inégalable. Suivirent d'autres opéras, dont certains sont redécouverts aujourd'hui : L'Egisto (1643) ; L'Ormindo (1644) ; Il Giasone (1649) ; La Calisto (1651) ; Xerse (1654) ; L'Erismena (1655). La réputation de Cavalli grandit au point que Mazarin refusa toute autre proposition pour fêter le mariage de Louis XIV que la commande d'un opéra à Cavalli. Les préparatifs et dépenses ainsi que diverses difficultés empêchèrent pourtant la représentation de L'Ercole amante, qui ne devait avoir lieu qu'en 1662, augmentée d'importantes scènes de ballet dues à J. B. Lully. Le spectacle ne rencontra pas le succès qu'il méritait et Cavalli, dégoûté, rentra à Venise où il allait écrire de la musique religieuse, dont une Missa pro defunctis, œuvre concertante pour 8 voix et instruments, destinée à ses propres funérailles.
Au cours de sa carrière, Cavalli composa également quelques pièces instrumentales, parmi lesquelles des sonates et canzoni (de 2 à 12 voix).
De nos jours, la représentation des opéras de Cavalli est chose peu aisée. En effet, il faut tenir compte de la façon dont on notait la musique d'une œuvre de scène à l'époque. Comme le Couronnement de Poppée de Monteverdi, tous les opéras de Cavalli sont composés sur deux portées (chant et basse) avec seulement, de temps en temps, une ritournelle notée à plusieurs parties où il est possible de chercher des conseils stylistiques. Nul besoin donc d'insister sur les difficultés que rencontre un éditeur moderne s'il veut faire « revivre » cette musique et préparer une édition de l'œuvre (une réalisation). Cette tâche a été accomplie avec grand succès par des musicologues et musiciens spécialisés, notamment pour le festival de Glyndebourne. Tel est le génie dramatique de Cavalli qui n'attend, pour être redécouvert, que le talent et la fidélité du réalisateur. Les librettistes sont souvent excellents, tels Busenello ou Faustini, ce dernier étant particulièrement habile à mêler un drame essentiellement sérieux à toutes sortes de péripéties comiques pour créer un spectacle fort amusant et si typiquement italien lorsqu'il est bien réussi.
cavatine
Pièce vocale à une ou deux parties sans da capo. Son écriture est plus mélodique que celle du récitatif, mais son lyrisme est moins ample que celui de l'air.
Elle est dérivée de la cavata, terme qui, au XVIIIe siècle, conformément à son étymologie (lat. cavare, « graver, creuser »), désignait la terminaison, le résumé en quelque sorte gravé sous forme de sentence, d'un récitatif. À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, la cavatine, devenue une forme plus développée et plus indépendante, garda de ses origines le caractère coulant de son débit vocal, évitant les reprises, les répétitions de texte. Elle était utilisée en particulier pour les entrées de personnages, leur permettant de se présenter, de situer leur position par rapport au déroulement de l'action (dans les Noces de Figaro de Mozart, cavatine de Figaro Se vuol ballare ; dans le Barbier de Séville de Rossini, cavatines d'Almaviva, puis de Rosine).
Plus tard, le terme a désigné des morceaux ne répondant plus strictement à la définition originelle et se distinguant mal de l'air habituel (comme la cavatine de Faust dans l'opéra de Gounod).
Le mot cavatine se rencontre aussi dans la musique instrumentale, avec un sens relativement mal défini. Il s'applique en général à une pièce essentiellement mélodique, libre de forme et concise. Beethoven baptisa « cavatine » le douloureux cinquième mouvement de son 13e Quatuor op. 130.
Cavazzoni
Famille d'organistes italiens du XVe siècle.
Marco Antonio, dit d'Urbino (Bologne v. 1490 – Venise apr. 1559). Il occupa divers postes d'organiste et de claveciniste en Italie du Nord et à Rome, et fut chantre à Saint-Marc de Venise. Son livre de Ricerchari, Motetti, Canzoni… (Venise, 1523) contient les premières pièces écrites spécialement, en Italie, pour instruments à clavier (Canzoni pour orgue).
Girolamo, son fils (Urbino v. 1510 – Venise 1560). Élève de son père et de Willaert, il s'établit à Mantoue, où il fut organiste à Santa Barbara, et publia deux recueils de pièces d'orgue en tablature, dont la polyphonie serrée annonce Frescobaldi. Il fut le maître de Costanzo Antegnati.