Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Philippe de Vitry (Philippus de Vitriaco)

Théoricien français (Vitry, Champagne, 1291 – Meaux ou Paris 1361).

Fils d'un noble attaché à la maison du roi Philippe le Bel, il appartenait à l'état ecclésiastique, fut « chanoine en expectative », puis « clerc de notaire » auprès de Charles IV le Bel, membre du Conseil des réformateurs en 1357, après avoir été intronisé évêque de Meaux en 1351. Parallèlement à ces fonctions, il vécut surtout à Paris, dans l'entourage immédiat des Valois (Philippe VI et Jean II le Bon). En août 1350, à la mort de Philippe VI, il est en mission officielle en Avignon, auprès du pape Clément VI. Sous la régence du dauphin Charles, il paraît avoir milité dans les rangs du prévôt des marchands Étienne Marcel, car en 1357 il fait partie de la commission des neuf « généraux réformateurs » désignés par les états généraux. Humaniste réputé, il était lié à Pétrarque, entre autres, qu'il rencontra en Avignon, puis à Paris, et qui, comme lui, avait le culte de la nature, des lettres latines et le goût des voyages.

   Comme compositeur, il a laissé une quinzaine de motets, mais c'est surtout comme réformateur de la notation musicale qu'il est resté célèbre. Dans son traité de l'Ars nova (v. 1320), le musicien champenois révise les principes de la notation dite franconienne, donne à la nouvelle valeur minima ­ introduite par Pierre de La Croix vers 1280 ­ son rôle et, alors que le rythme ternaire avait dominé tout au long du XIIIe siècle, « accorde au rythme binaire une égale importance et applique cette division binaire à toutes les notes dans les différentes mensurations, c'est-à-dire dans leurs rapports les unes avec les autres » (Paule Chaillon). Ainsi sont définis le mode ou division de la longue en brèves, le temps ou division de la brève en semi-brèves, la prolation ou division de la semi-brève en minimes. Par ailleurs, pour compléter le nouveau système de notation, Philippe de Vitry définit le rôle des « points » : le punctum divisionis, qui joue le rôle de barre de mesure, et le punctum additionis, semblable au point dans notre notation moderne. Pour rendre cette notation plus claire, il est recommandé, enfin, de joindre aux notes noires des notes rouges indiquant le passage temporaire d'une mensuration parfaite à une mensuration imparfaite. Les manuscrits de Guillaume de Machaut, conservés à la Bibliothèque nationale de Paris, font usage de ladite notation française.

   Le succès des réformes proposées par Philippe de Vitry explique leur diffusion dans toute l'Europe du temps, à ceci près que, en Italie, l'école florentine des caccie, qui se développa à Florence aux environs de 1350 auprès de Francesco Landino, imagina un système mixte qui mariait quelques-uns des principes majeurs de la notation française au mode de notation, spécifiquement transalpin, et mieux adapté à une musique plus déclamatoire et plus ornée, de Marchettus de Padoue.

Philippe Neri (saint)

Religieux italien (Florence 1515 – Rome 1595).

Fils de notaire, il fut ordonné prêtre en 1551. Il organisa des réunions dans son logement de l'église San Girolamo della Carità à Rome pour prier et pour discuter des problèmes religieux. Bientôt, ces assemblées devinrent trop importantes et furent contraintes à trouver d'autres locaux : au-dessus de la nef. Le groupe fut reconnu par le pape Grégoire XIII en 1575, et la Congregazione dell' Oratorio transféra ses activités à la Chiesa Nuova. Philippe Neri introduisit le chant des laude (laudes) à ses offices afin d'animer un plus grand nombre de fidèles. Son premier maître de chapelle fut Giovanni Animuccia et il semble que Victoria et Palestrina se mêlèrent aussi au mouvement. Sur une musique généralement simple, les textes que chantait la congrégation possédaient parfois un caractère dramatique. Pour cette raison, l'opéra sacré de E. de' Cavalieri, Rappresentazione di Anima e di Corpo, donné à l'oratoire de la Chiesa Nuova en 1600, fut souvent considéré comme étant à l'origine de la forme de l'oratorio. Cette théorie se discute aujourd'hui. Philippe Neri fut canonisé en 1622.

Philippot (Michel Paul)

Compositeur français (Verzy 1925 – ? 1996).

Ses études scientifiques ayant été interrompues en 1942 à la suite de son arrestation par la police de Vichy, il entreprit des études musicales au Conservatoire de Paris et avec R. Leibowitz. Sa double formation, musicale et scientifique, l'amena à exercer à l'O. R. T. F. les fonctions les plus variées, de celle d'ingénieur du son à celle de conseiller scientifique. Il y fut aussi responsable de l'ensemble des services musicaux. Professeur de composition au Conservatoire de Paris depuis 1970, chargé de cours à l'université de Paris-IV, il a également une intense activité d'enseignement. Il a créé en 1976 la faculté de musique de l'université d'État de São Paulo, au Brésil, et l'a dirigée jusqu'en 1979. De 1979 à 1981, il a enseigné à Rio de Janeiro, puis occupé, de 1983 à 1989, un poste de conseiller scientifique à l'I. N. A. à Paris. Il est l'auteur d'un certain nombre de travaux scientifiques sur la cybernétique, et d'études sur l'acoustique et l'esthétique.

   Venu de l'école sérielle, il s'efforce, comme compositeur, en s'aidant de sa culture scientifique, d'en découvrir la suite logique. Il a écrit des œuvres pour orchestre, pour piano, pour divers ensembles de chambre, ainsi que de la musique électroacoustique. Citons Sonate pour piano no 1 (1947), Étude de musique concrète no 1 (1952), no 2 (1958) et no 3 (1962), Composition pour orchestre à cordes no 1 (1959), Composition pour double orchestre (1960), Sonate pour orgue (1971), Sonate pour piano no 2 (1973), Passacaille pour 12 instruments (1973), Pièce pour violon seul no 1 (1965), no 2 (1975) et no 3 (1976), La, toute la, rien que la, pour soprano, clarinette, percussions et bande magnétique (1976), Quatuor à cordes (1976), Pièce pour alto et piano (1978), quatuors à cordes no 2 (1982), no 3 (1985) et no 4 (1988), Contrapunctus X pour le bicentenaire de l'École polytechnique (1994). Il a écrit un livre sur Igor Stravinski (1965) et Diabolus in musica, analyse des Variations Diabelli de Beethoven (1978).