Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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pp.

Abréviation usuelle de « pianissimo ».

Prades (festival de)

Il se tient, depuis 1950, dans ce chef-lieu d'arrondissement des Pyrénées-Orientales, où Pablo Casals avait choisi de s'exiler après l'établissement en Espagne du régime de Franco. L'initiative en revient au violoniste Alexandre Schneider, qui, venu rendre visite à Pablo Casals en 1949, lui proposa d'inviter chaque année à Prades des musiciens pour jouer avec lui. Pablo Casals accepta. Selon le vœu de son créateur, essentiellement consacré à la musique de chambre, et pris en charge depuis 1968 par la ville de Prades, le festival se déroule de la fin juillet à la mi-août dans l'abbaye romane de Saint-Michel-de-Cuxa, au pied du Canigou.

   Se sont notamment produits au festival de Prades Clara Haskil, Rudolf Serkin, Wilhelm Kempff, William Primrose, Isaac Stern, Henryk Szeryng, Marcel Dupré, Pierre Fournier, Igor Oïstrakh, Christoph Eschenbach, Yehudi Menuhin, Kurt Redel, et Alexandre Schneider.

Praetorius

Famille de musiciens allemands.

 
Jacob, organiste et compositeur (Magdebourg v. 1530 – Hambourg 1586). Peut-être élève de Martin Agricola à Magdebourg, il fut, de 1558 à sa mort, premier organiste à Saint-Jacobi de Hambourg. Sa seule œuvre connue est un Te Deum à 4 voix.

 
Hieronymus, compositeur, organiste et éditeur (Hambourg 1560 – id. 1629). Fils du précédent, il fut son assistant à Saint-Jacobi, lui succéda en 1586 comme premier organiste et conserva ce poste jusqu'à sa mort. On lui doit des messes, des Magnificat et plus de 100 motets, dont la plupart en latin. Toutes ces œuvres sauf 5 furent publiées à Hambourg entre 1616 et 1625. Les messes sont toutes parodiques (4 d'après ses propres motets). Cinquante de ses motets sont des œuvres polychorales pour un nombre de voix allant de 8 à 20, et comptent parmi les premiers ouvrages inspirés du style polychoral vénitien à avoir été publiés en Allemagne du Nord. Il écrivit aussi quelques pages pour orgue.

 
Jacob, compositeur, organiste et pédagogue (Hambourg 1586 – id. 1651). Fils du précédent, il étudia l'orgue avec Sweelinck à Amsterdam et écrivit des motets, de la musique vocale profane, des œuvres d'orgue.

 
Johannes, organiste et compositeur (Hambourg v. 1595 – id. 1660). Frère du précédent, il fut comme celui-ci élève de Sweelinck à Amsterdam et occupa, de 1612 à sa mort, le poste d'organiste à la Nikolaikirche de Hambourg.

Praetorius (Michael)

Compositeur, organiste et théoricien allemand (Creuzburg an der Werra entre 1569 et 1573 – Wolfenbüttel 1621).

Esprit encyclopédique, il étudia la musique, la philosophie et la théologie, principalement à Francfort-sur-l'Oder, où il fut organiste. On le retrouve ensuite à Gröningen et à Wolfenbüttel, où il se fixa dès 1593 et où il demeura jusqu'à sa mort, tout en remplissant diverses fonctions : maître de chapelle de la Cour à Wolfenbüttel, conseiller de la maison de Saxe et maître de chapelle (de 1613 à 1616) à Dresde, conseiller à Sandershausen, à Kassel, à Leipzig et à Nuremberg, sans jamais occuper de poste stable pendant longtemps. Il contribua à la fondation, en 1618, de la Concert music de la cathédrale de Magdebourg, avec Scheidt et Schütz.

   Ses œuvres musicales sont très nombreuses et ont été presque toutes publiées de son vivant ; il en a donné lui-même la liste à la fin de son traité Syntagma musicum. Ce sont principalement, pour la musique religieuse, les motets, les hymnes et les psaumes contenus dans les 9 volumes des Musae sioniæ (de 2 à 12 voix ; 1605-1610), les Motectae et psalmi (de 4 à 16 voix ; 1607), la Missodia sionia (de 5 à 8 voix ; 1611), l'Hymnodia sionia (de 5 à 8 voix ; 1611), la Kleine und Grosse Litaney (de 5 à 8 voix ; 1613), la Polyhymnia caduceatrix et panegyrica (de 1 à 21 voix, avec basse continue ; 1619) et la Polyhymnia exercicatrix (de 2 à 8 voix, avec basse continue ; 1619) ; et, pour la musique profane, 9 volumes portant le titre général de Musa aonia et composés de Terpsichore (2 vol.), Calliope (2 vol.), Thalia (2 vol.), Erato (1 vol.), Diana Teutonica (1 vol.) et Das Regensburgische Echo (l'Écho de Ratisbonne, 1 vol.) ; ces recueils contiennent des danses et des chansons polyphoniques.

   Le trait dominant qui caractérise les œuvres de Praetorius réside dans l'enrichissement qu'il a apporté au style musical pratiqué dans l'Allemagne du Centre de son temps par l'adjonction de plus en plus marquée d'éléments de langage empruntés à la musique italienne qu'il a beaucoup étudiée. Ses premières œuvres font encore appel à la polychoralité, plusieurs chœurs à plusieurs voix étant réunis, et, sur le plan de la forme, au motet fondé sur le choral harmonisé. Mais, rapidement, il fait évoluer ces formes anciennes et rigides en les marquant de la souplesse expressive du madrigal italien, puis en leur ajoutant des parties instrumentales qui contribuent, avec l'ornementation des parties chantées, à enrichir la polyphonie de sonorités nouvelles et plus variées. Cette évolution le mène à concevoir une véritable basse continue instrumentale, qui apparaît très nettement dans ses dernières œuvres (les recueils de Polyhymnia de 1619). Ainsi, en une époque de complète transformation du langage musical, Praetorius contribue puissamment, en Allemagne, à faire passer la polyphonie chorale héritée du XVIe siècle à la musique baroque qui va se développer au XVIIe siècle. À son actif, il faut également relever un nouveau mode de traitement du choral, dont la mélodie se voit accompagnée de voix polyphoniques empruntant leurs lignes à des motifs issus du thème même, selon une technique dont se souviendra J.-S. Bach.

   Mais Praetorius eut également une profonde influence par ses écrits, dans lesquels il fit la synthèse des très nombreuses connaissances qu'il avait acquises. On connaît de lui un Traité de l'orgue, resté manuscrit ; mais son principal ouvrage est la grande somme des 3 tomes du Syntagma musicum (« Traité de la musique »), publié à Wolfenbüttel de 1614 à 1620. Écrit en latin et en allemand, il traite, dans son premier tome, de l'ancienne musique religieuse et des différentes musiques liturgiques connues (juive, grecque, égyptienne, latine, jusqu'aux formes pratiquées en Allemagne), ainsi que des musiques profanes anciennes, des compositeurs et des théoriciens. Le deuxième volume, intitulé Organographia, est un magistral traité d'organologie : nomenclature et description de tous les instruments connus, du passé et du présent, et de leur facture. Enfin, le troisième volume est consacré à la théorie de la musique : notation, solmisation, rythme, contrepoint.