Gagnebin (Henri)
Compositeur suisse (Liège 1886 – Genève 1977).
Après des études à Lausanne, Berlin et Paris (Schola cantorum avec Vincent d'Indy et Blanche Selva), il a été organiste à la Rédemption à Paris (1910-1916), puis à Saint-Jean de Lausanne (1916-1925). Directeur du conservatoire de Genève de 1925 à 1957, il y a enseigné jusqu'en 1961. Il fonda en 1938 le concours international de Genève, qu'il présida jusqu'en 1959. On lui doit notamment quatre symphonies (1911, 1921, 1955, 1970), des pièces symphoniques, de la musique de chambre. Spécialiste de la musique religieuse protestante, il a écrit dans cet esprit l'oratorio Saint François d'Assise (1933), le Requiem des vanités du monde (1938), deux Suites d'orchestre sur des psaumes huguenots (1950 et 1966), les Mystères de la foi d'après Francis Jammes (1958), des pièces d'orgue. Il a aussi écrit des livres, dont Musique, mon beau souci (Neuchâtel, 1969) et participé à l'édition complète des œuvres de Claude Goudimel.
Gagnepain (Bernard)
Musicologue français (Sully-sur-Loire 1927).
Après avoir suivi des études littéraires et musicales, il participa au Séminaire européen de musique ancienne de Bruges dont il devint directeur en 1967. Spécialiste de la musique française ancienne, auteur d'une thèse sur Jean Servin comportant la mise en partition de l'œuvre entière de ce compositeur, il est assistant au Conservatoire national supérieur de musique pour l'histoire de la musique préclassique et, en même temps, chargé de cours à la Sorbonne pour la musique de la Renaissance et la paléographie musicale. Il a collaboré à des ouvrages collectifs, tels que la Musique sous la direction de Norbert Dufourcq (Paris, 1965) et l'Encyclopédie des musiques sacrées (Paris, 1969), ainsi qu'à des dictionnaires et à des encyclopédies musicales françaises ou étrangères, et publié notamment la Musique française du Moyen Âge et de la Renaissance (1961) et Histoire de la musique au Moyen Âge-2. XIII-XIVe siècle (1996).
Gagneux (Renaud)
Compositeur français (Paris 1947).
Élève d'Alfred Cortot pour le piano et pour la composition de Henri Dutilleux, Tony Aubin et Karlheinz Stockhausen, grand prix de la musique de chambre de la S. A. C. E. M. en 1978, il est carillonneur au beffroi de la mairie annexe du 1er arrondissement de Paris. Il a écrit un certain nombre d'indicatifs pour France-Musique, ainsi que la musique originale de la série de quarante courts métrages Encyclopédie du cinéma français. Parmi ses œuvres : Endeka pour orchestre (1971) ; Rolling Music pour orchestre (1972) ; D'après, musique électroacoustique (1972) ; Dédale et Icare, qui relève du théâtre musical (1975) ; Messe pour instruments, chœurs et soprano (1976, création cette même année au festival d'Avignon), seconde version sous le titre de Messe de requiem pour grand orchestre, solistes, chœurs et maîtrise d'enfants ; Malkruth I, II, III, IV, musique électroacoustique et instrumentale (1978) ; Dix Personnages en quête d'auteur, montage-collage pour dix musiciens (1980) ; Te Deum (1987) ; l'opéra Orphée (Strasbourg, 1989) ; Trois Mouvements pour orchestre (1992), un Concerto pour violoncelle (1990-1993).
Gagnon (Ernest)
Organiste et folkloriste canadien (Québec 1834 – id. 1915).
Il fait ses études au Dominion College de Montréal, à Paris avec Durand et Herz, puis est organiste à la basilique de Québec (1864-1876). Il est l'un des meilleurs folkloristes canadiens français. Ses Chansons populaires du Canada (1865) ont eu un immense rayonnement. Il a harmonisé un grand nombre de mélodies populaires et de noëls du Québec.
gaillarde
Danse rapide probablement d'origine italienne, pratiquée surtout aux XVIe et XVIIe siècles.
De rythme ternaire, dansée sur cinq pas, elle a été introduite en France par Pierre Attaignant et Claude Gervaise. Au XVIIe siècle, une confusion s'est établie avec la gallarda espagnole, variation continue sur un groupe de huit à dix mesures (Cabanilles en composa plusieurs). Le genre de la gaillarde a connu une floraison remarquable en Angleterre : maintes pièces pour clavier du Fitzwilliam Virginal Book sont des gaillardes, et on en trouve aussi dans les airs au luth de John Dowland. Dans les suites instrumentales de l'époque, la gaillarde succède et s'oppose souvent à la pavane tout en étant fondée sur le même matériau.
Gajard (dom Joseph)
Musicologue français (Sonzay, Indre-et-Loire, 1885 – Solesmes, 1972).
Profès de l'abbaye de Solesmes en 1911, il succéda en 1914 à dom Mocquereau comme maître de chœur, et participa activement à la résurrection du chant grégorien. On lui doit tout ou partie de l'édition du deuxième volume du Nombre musical grégorien (1914), des Matines de la semaine sainte et de Noël, d'un nouvel Antiphonaire monastique, d'un Office de Noël, d'un Office des défunts, etc. Directeur de la Paléographie musicale en 1930, de la Revue grégorienne en 1946 et des Études grégoriennes en 1954, dom Gajard a également assumé la responsabilité de tous les enregistrements de disques grégoriens à partir de 1930.
Gal (Hans)
Compositeur et musicologue autrichien (Brunn an Gebirge 1890 – Édimbourg 1987).
Élève de Mandyczewski et de Guido Adler, il composa dans la première partie de sa carrière plusieurs opéras (Der Zauberspiegel, 1930), et dirigea jusqu'en 1933 le conservatoire de Mayence. En 1938, il s'installa en Écosse, et de 1945 à 1957 enseigna à l'université d'Édimbourg. Il a notamment écrit un Brahms (1961) et Franz Schubert oder die Melodie (1970).
galant (style)
Terme s'appliquant à une esthétique musicale caractérisant une partie de la production des années 1730-1780, mais valable également pour certaines œuvres antérieures ou postérieures.
Le mot « galant » de l'ancien verbe « galer » signifiait une manière extravertie de s'exprimer, « être vif, joyeux, se réjouir », et le style galant correspondait moins à un mode d'écriture qu'à un état d'esprit. Ses aspects extérieurs furent la renonciation à la polyphonie, l'accent mis sur la séduction mélodique, la variation ornementale, la décoration, et aussi la virtuosité conçue comme un but en soi. D'où, comme définition possible, la « rencontre entre le souci du prestige technique et l'obligation de rester plaisant » (J. Massin). Le style galant s'oppose donc, sans toutefois en être nécessairement totalement absent, à Bach et à Rameau en tant que derniers grands représentants de l'ère baroque, à l'Empfindsamkeit d'un Carl Philipp Emanuel Bach, à Gluck, au travail de pionnier de Joseph Haydn dans les années 1760, ou encore au Sturm und Drang des compositeurs autrichiens des alentours de 1770. Parmi ses représentants, un certain Telemann, beaucoup de musiciens de cour, et surtout Jean-Chrétien Bach, son plus parfait porte-parole sans doute. Historiquement et esthétiquement, il fallut dépasser le style galant sans pour autant en ignorer les acquisitions. Ce fut essentiellement l'œuvre de Mozart et de Joseph Haydn, qui sacrifièrent au style galant, mais dont le style de maturité (à partir de 1780) est inconcevable sans ce phrasé articulé, cette polarisation tonique-dominante, ce souci des contrastes et ce dramatisme tonal qui sont autant de sublimations des recettes du style galant, et qui rendent, en fin de compte, sa genèse inséparable de celle de ces genres dramatiques entre tous que sont le concerto pour piano et l'opera buffa italien. En d'autres termes, le style galant, bien que, par de nombreux traits, d'essence aristocratique et expression de l'art de vivre de l'aristocratie, résulta, entre autres, de l'apparition d'un public nouveau, le public bourgeois, qui, à l'Opéra ou au concert, souhaitait avant tout être diverti ; or, comme l'a fait remarquer Adorno, ce désir de divertissement eut comme effet dialectique positif, par opposition à la relative unité de facture du baroque, une diversification de la matière première « composée », aboutissant finalement à cette relation dynamique entre unité et diversité sur laquelle devait se fonder le classicisme viennois. Ce fut notamment pour avoir su mettre le style galant et son côté théâtral au service de leur dynamique formelle que Haydn et Mozart, contrairement à ce qu'avaient dû faire leurs prédécesseurs immédiats et eux-mêmes en leurs débuts, n'eurent plus à choisir entre surprise dramatique et cohérence à grande échelle, entre expression et élégance, mais purent réaliser, de ces objectifs jadis contradictoires, la synthèse magistrale que l'on sait.