arabe (musique) (suite)
Folklores contemporains
Actuellement, en rapport avec la tendance mondiale, tous les pays arabes s'efforcent de ranimer leurs patrimoines populaires. Ces traditions, mieux différenciées d'une région à l'autre que les traditions savantes, sont toujours vivantes et pratiquées au village à l'occasion des festivités. Elles reflètent aussi les survivances de certains patrimoines antéislamiques ou minoritaires (araméens, kurdes, coptes, berbères, etc.). Elles reposent néanmoins sur les mêmes structures modales que les musiques savantes, moyennant réduction de l'ambitus à une octave ou à un pentacorde.
Ces manifestations populaires sortent désormais des campagnes et atteignent les théâtres nationaux, les lieux de villégiature, les festivals locaux ou internationaux ; d'où leur prise en charge par les administrations et une tendance à la normalisation, doublée de mises en scène, d'orchestrations et de chorégraphies spectaculaires qui soignent l'effet au détriment de l'authenticité.
Résurgence du récital instrumental
La suprématie des chansons de variétés véhiculées par les médias a accentué la domination de la musique vocale et des orchestres pléthoriques ont étouffé le quatuor traditionnel (takht) et les instruments millénaires. Le luth court (ud), le luth long (tanbura, buzuq), la cithare-tympanon (santur), la cithare-psaltérion (qanun), la flûte oblique (nay) et leurs solistes ont été réduits aux rôles d'accompagnateurs. Les solos instrumentaux improvisés (taqsm) sont devenus de brefs intermèdes.
Cependant, à Bagdad, entre 1936 et 1948, se concrétise une résurgence de la pratique élitaire du ud, selon l'éthique de la période abbasside, avec l'école de luth de Bagdad, fondée et dirigée par Cherif Muhieddin. Cette institution ranime les intervalles commatiques, les nuances dynamiques, le démanché et les doigtés savants sur des ud à six rangs couvrant trois octaves. Elle va former les plus grands luthistes du monde arabe contemporain : Jaml Bachr (le plus subtil poète du luth), Salman Chukur, Munr Bachr (le pionnier de la musique arabe en Occident), Jaml Ghanim, Al Imam…
La délicatesse de leur jeu en récital oriental solo et la complexité de leurs modulations les rendent d'abord inaccessibles aux foules soumises à la chanson ou habituées à la pratique banale du ud usuel. Mais, à partir de 1970, le taqsm arabe prend place dans le nouveau courant d'intérêt porté par l'Occident aux instruments orientaux. Et la consécration des grands solistes arabes par les médias occidentaux suscite un regain d'intérêt dans leurs pays d'origine pour la musique instrumentale.