Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
A

arabe (musique) (suite)

Folklores contemporains

Actuellement, en rapport avec la tendance mondiale, tous les pays arabes s'efforcent de ranimer leurs patrimoines populaires. Ces traditions, mieux différenciées d'une région à l'autre que les traditions savantes, sont toujours vivantes et pratiquées au village à l'occasion des festivités. Elles reflètent aussi les survivances de certains patrimoines antéislamiques ou minoritaires (araméens, kurdes, coptes, berbères, etc.). Elles reposent néanmoins sur les mêmes structures modales que les musiques savantes, moyennant réduction de l'ambitus à une octave ou à un pentacorde.

   Ces manifestations populaires sortent désormais des campagnes et atteignent les théâtres nationaux, les lieux de villégiature, les festivals locaux ou internationaux ; d'où leur prise en charge par les administrations et une tendance à la normalisation, doublée de mises en scène, d'orchestrations et de chorégraphies spectaculaires qui soignent l'effet au détriment de l'authenticité.

Résurgence du récital instrumental

La suprématie des chansons de variétés véhiculées par les médias a accentué la domination de la musique vocale et des orchestres pléthoriques ont étouffé le quatuor traditionnel (takht) et les instruments millénaires. Le luth court (ud), le luth long (tanbura, buzuq), la cithare-tympanon (santur), la cithare-psaltérion (qanun), la flûte oblique (nay) et leurs solistes ont été réduits aux rôles d'accompagnateurs. Les solos instrumentaux improvisés (taqsm) sont devenus de brefs intermèdes.

   Cependant, à Bagdad, entre 1936 et 1948, se concrétise une résurgence de la pratique élitaire du ud, selon l'éthique de la période abbasside, avec l'école de luth de Bagdad, fondée et dirigée par Cherif Muhieddin. Cette institution ranime les intervalles commatiques, les nuances dynamiques, le démanché et les doigtés savants sur des ud à six rangs couvrant trois octaves. Elle va former les plus grands luthistes du monde arabe contemporain : Jaml Bachr (le plus subtil poète du luth), Salman Chukur, Munr Bachr (le pionnier de la musique arabe en Occident), Jaml Ghanim, Al Imam…

   La délicatesse de leur jeu en récital oriental solo et la complexité de leurs modulations les rendent d'abord inaccessibles aux foules soumises à la chanson ou habituées à la pratique banale du ud usuel. Mais, à partir de 1970, le taqsm arabe prend place dans le nouveau courant d'intérêt porté par l'Occident aux instruments orientaux. Et la consécration des grands solistes arabes par les médias occidentaux suscite un regain d'intérêt dans leurs pays d'origine pour la musique instrumentale.

arabesque

Nom donné à des pièces pour piano par certains compositeurs, tels que Schumann (op. 18) et Debussy (pour deux œuvres de jeunesse). L'idée d'ornement, de ciselure est sans doute à l'origine du choix de ce titre, qui évoque, au sens propre, des entrelacements de feuillages et de figures de fantaisie que l'on trouve dans l'art arabe.

arabo-andalouse (musique) .

La culture arabo-andalouse s'est développée en Espagne musulmane et en Afrique du Nord à partir du VIIIe siècle ; à l'arrivée de Ziryab de Bagdad au IXe siècle, et en Afrique du Nord avec le repli des Maures chassés d'Espagne. La musique arabo-andalouse a connu un éclat et un raffinement particuliers dans les milieux aristocratiques du califat omeyyade de Cordoue, des royaumes de Taifas et du royaume de Grenade. Elle est à la base du muwachchah andalou et de la nouba (nawba) andalouse, formes savantes du classicisme poétique et musical arabe.

   Cette culture a été le cadre privilégié des échanges entre l'Islam et l'Europe, marqué par l'essor des troubadours et la mutation du luth oriental (ud) en luth européen. Au XXe siècle, certains genres arabes d'Orient et les musiques traditionnelles savantes du Maghreb se recommandent de la tradition andalouse et la perpétuent en la régénérant.

Araujo (Pedro)

Compositeur portugais († Braga 1684).

Il fut maître de chapelle et professeur au séminaire de Braga, de 1663 à 1668. À une époque où la musique d'orgue connaissait au Portugal un grand développement, Araujo se plaçait, par la qualité de ses œuvres, à la tête d'une école de musiciens située dans le nord du pays et caractérisée par l'assimilation du style des organistes espagnols.

Arbeau (Thoinot) , anagramme de Jehan Tabourot

Théoricien français (Dijon 1519 – Langres 1595).

Prêtre, chanoine de Langres, il est l'auteur d'un très important ouvrage : Orchésographie et traité en forme de dialogue par lequel toutes personnes peuvent apprendre et pratiquer l'honneste exercice des dances (1588). C'est le plus ancien traité concernant la danse et contenant la notation des musiques et des mouvements des diverses danses pratiquées à l'époque, les basses danses particulièrement. On y trouve des indications précises sur le jeu des instruments et l'accompagnement polyphonique, ainsi que des illustrations représentant les différentes phases d'exécution des danses.

arc musical

Instrument à corde, joué en Afrique, en Amérique du Sud, en Inde et en Océanie.

Il se compose d'une corde tendue sur un bâton flexible, et pincée par le doigt ou par un bâtonnet de bois ou de bambou. La caisse de résonance est soit la bouche du joueur, lorsqu'il tient l'instrument serré entre les dents, soit une calebasse attachée à la corde ou au manche et en contact avec le buste de l'exécutant. L'arc musical peut aussi comporter des grelots. Par sa forme, il serait un ancêtre de la harpe. Il remonterait même au paléolithique, puisqu'on en trouve une représentation sur une gravure de la grotte des Trois-Frères, en Ariège, datant de l'époque magdalénienne (15 000 ans env. av. J.-C.).

Arcadelt (Jacques)
ou Jacques Archadelt
ou Jacques Arcadet
ou Jacques Harchadelt

Compositeur franco-flamand (v. 1514-1568).

Parti vraisemblablement très jeune en Italie, il est signalé à Florence vers 1530, puis en 1532, à l'issue d'un séjour lyonnais.Nommé en 1540 maître de la chapelle Sixtine, il se voit également attribuer le titre de chanoine de Liège. En 1546-47, il passe une année en France, puis rentre à Rome jusqu'en 1551, date à laquelle il devient maître de chapelle du cardinal de Lorraine ; il appartient à la chapelle royale de 1554 à 1562. La publication de son Premier Livre de madrigaux (Gardane, Venise, 1539), réédité quarante fois jusqu'en 1654, le place d'emblée parmi les grands madrigalistes de la première époque. Il est un de ceux qui donnent au genre sa forme définitive, dégagée de la frottola, et publie, entre 1539 et 1544, 250 madrigaux à 3 et à 4 voix, dont le célèbre Il Bianco e Dolce Cigno. Lorsque les luthistes mettent en tablature les premiers madrigaux, ils s'adressent aux musiciens ultramontains : un recueil entier, celui des Vindella, est alors consacré à Arcadelt, qui assumera bien souvent par la suite des paternités douteuses.

   S'il sait trouver le ton juste, fait de charme, de douceur et de mélancolie, qui convient au madrigal, Arcadelt ne renie pas pour autant ses origines, tantôt employant le style de la chanson française, tantôt cultivant celle-ci pour elle-même ; il joue même un rôle de précurseur en publiant à Paris, dès 1547, ce qui peut être considéré comme les premières chansons en forme d'air.