Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Dallery

Famille de facteurs d'orgues français originaires du Pas-de-Calais, en activité au XIIIe et pendant la première moitié du XIXe siècle.

Ils construisirent et restaurèrent de nombreux instruments à Paris et dans le nord de la France, et ils furent un temps associés avec les Clicquot. Par exemple, les orgues de Saint-Merri, de la Sainte-Chapelle et de Saint-Nicolas-des-Champs à Paris sont les produits de l'association de Pierre Dallery avec François-Henri Clicquot.

Damase (Jean-Michel)

Compositeur, pianiste et chef d'orchestre français (Bordeaux 1928).

Il commence ses études de solfège au cours Samuel-Rousseau et compose, à neuf ans, une mélodie, le Rouge-Gorge, sur un poème de Colette. Élève de Cortot à douze ans, il entre l'année suivante au Conservatoire de Paris, dans la classe d'A. Ferté, et obtient son premier prix de piano en 1943. Il étudie l'harmonie avec M. Dupré et la composition avec H. Busser. En 1947, il reçoit le premier grand prix de Rome pour sa cantate Et la belle se réveilla, puis le grand prix de la Ville de Paris en 1959. Il entame, dès l'âge de dix-sept ans, une carrière de pianiste (Europe, États-Unis, Amérique latine), puis s'oriente vers celle de chef d'orchestre, notamment au bénéfice de la Compagnie chorégraphique du marquis de Cuevas. De 1961 à 1964, il enseigne le piano à l'École normale de musique de Paris.

   Compositeur fécond, aimant la mélodie gracieuse, l'orchestration raffinée, Damase s'est révélé un musicien indépendant, tout en conservant l'attachement à la tonalité et en s'affirmant comme un héritier des traditions classiques de la musique française. S'il a écrit de nombreuses œuvres vocales (mélodies, chœurs) et de la musique de chambre pour divers effectifs (duos, trios, quintettes), il s'est aussi beaucoup intéressé à la musique de théâtre et en particulier au ballet (Piège de lumière, 1952 ; le Prince du désert, 1955 ; Othello, 1957). Son œuvre lyrique, renouant avec les traditions de l'opéra-comique, s'est aisément imposée. Sa Colombe, d'après Anouilh, créée au festival de Bordeaux en 1961, a révélé une poésie élégante, une écriture délicate et une instrumentation subtile. Son Héritière, dans un tout autre esprit, a confirmé ces qualités au Grand-Théâtre de Nancy en 1974.

Damoreau-Cinti (Laure) , née Cinthie-Montalant

Soprano française (Paris 1801 – Chantilly 1863).

Elle obtint au Conservatoire un prix de solfège dès 1808 et un prix de piano dès 1810. Elle parut dans les salons de la reine Hortense comme pianiste prodige, puis comme harpiste. Elle entreprit en 1811 l'étude du chant avec Plantade et remporta un premier prix en 1815. Le célèbre pédagogue Manuel Garcia la prit sous sa protection et la fit débuter en concert en 1815. Elle aborda la scène, l'année suivante, au Théâtre-Italien dans Una Cosa rara de Martin y Soler. Devenue célèbre, elle participa à de nombreuses créations comme celles, à l'Opéra, du Comte Ory de Rossini (1828), de la Muette de Portici d'Auber (1828), de Guillaume Tell de Rossini (1829) et de Robert le Diable de Meyerbeer (1831), et, à l'Opéra-Comique, du Domino noir d'Auber (1837). Elle se retira de la scène en 1842, fit des tournées de concerts jusqu'en Amérique, puis se consacra à un poste de professeur au Conservatoire de Paris auquel elle avait été nommée en 1834. Parmi les nombreuses chanteuses célèbres de son époque, Laure Damoreau-Cinti se distingua par la pureté de son style et la justesse de son expression.

Damrosch

Famille de musiciens américains d'orgine allemande.

 
Leopold, violoniste, chef d'orchestre et compositeur (Posen 1832 – New York 1885). Docteur en médecine après des études à Berlin, il se consacra ensuite à la musique et dirigea en Allemagne plusieurs orchestres de théâtre, jusqu'à sa nomination comme membre de la chapelle de la cour à Weimar. Il occupa ensuite diverses fonctions à Breslau et fit des tournées, comme violoniste, aux côtés de Hans de Bülow et Carl Tausig. Fixé à New York en 1871 pour y diriger la chorale Arion, il fonda tour à tour l'Oratorio Society et la New York Symphony Society, avec lesquelles il donna des concerts réputés. Il manifesta le même esprit d'organisation dans la création d'une entreprise d'opéra allemand au Metropolitan de New York, après la chute d'une troupe italienne. À côté de sa prodigieuse activité au service de la musique, son œuvre de compositeur pâlit un peu. On lui doit cependant des partitions à la structure ferme, brahmsienne, mais dont l'écriture, dans le détail, révèle l'influence de Liszt : pièces pour violon, mélodies, œuvres chorales (Ruth und Noemi, idylle biblique, etc.) et ouvertures pour orchestre.

 
Franck Heino, compositeur et chef d'orchestre, fils du précédent (Breslau 1859 – New York 1937). Élève de Moszkovski, il se fixa aux États-Unis en même temps que son père. Il fit une carrière de chef d'orchestre dans différentes villes américaines, fut chef des chœurs au Metropolitan Opera et inspecteur musical des écoles.

 
Walter, chef d'orchestre et compositeur, frère du précédent (Breslau 1862 – New York 1950). Il fit ses études avec son père et avec Hans de Bülow. Il fonda en 1894 la Damrosch Opera Company, qui fit connaître l'œuvre de Wagner à travers les États-Unis. Chef d'orchestre au Metropolitan Opera et directeur de plusieurs sociétés de concert, défenseur des grands compositeurs européens de son époque, dont il créa les œuvres aux États-Unis, il donna une impulsion très vive à la vie musicale américaine. Il jeta d'autre part les bases du conservatoire américain de Fontainebleau. Compositeur, il écrivit des musiques de scène, de la musique de chambre, des œuvres chorales et des mélodies. Il commanda à Sibelius Tapiola (1926).

Dancla (Jean-Baptiste)

Violoniste et compositeur français (Bagnères-de-Bigorre, Hautes-Pyrénées, 1817 – Tunis 1907).

Il entra au Conservatoire de Paris dans la classe de violon de Baillot et obtint un premier prix en 1833. Il travailla ensuite la composition avec Berton, l'harmonie avec Halévy et le contrepoint avec Reicha. Il obtint le second grand prix de Rome en 1838, mais se consacra à une carrière de violoniste qu'il accomplit dans différents orchestres avant d'être admis comme premier violon dans celui de l'Opéra puis, en 1841, comme violon-solo à la Société des concerts du Conservatoire. Membre de la chapelle impériale (1853), il fut nommé professeur adjoint au Conservatoire en 1855, puis professeur en 1860. Il abandonna ces différents postes en 1892 pour prendre sa retraite et voyager. Compositeur d'une rare fécondité, Dancla écrivit de nombreuses pièces pour violon ainsi que de la musique de chambre et des symphonies concertantes. Il signa, par ailleurs, différents ouvrages pédagogiques et des mémoires. Il eut deux frères : Arnaud (1819-1862) qui fut violoncelliste, professeur au Conservatoire et signataire d'une méthode de violoncelle ; Léopold (1822-1895), qui fut violoniste, en particulier à l'Opéra et à l'Opéra-Comique.