Miroglio (Francis)
Compositeur français (Marseille 1924 – Paris 2005).
Il a fait ses études au conservatoire de Marseille, puis à celui de Paris avec Darius Milhaud (composition), et participé aux cours de Darmstadt. Il a passé une année à Berlin comme boursier de la fondation Ford (1967), et fondé le festival de musique et d'art contemporain « Nuits de la fondation Maeght » (1965), dont il a été directeur artistique jusqu'en 1971. Depuis 1976, il est directeur artistique des Semaines musicales internationales d'Orléans. De tendance postsérielle, il s'est orienté vers la forme ouverte et vers l'aléatoire, et, en collaboration avec des plasticiens comme Calder ou Miró, a élaboré des œuvres intégrant des composantes sonores et visuelles. On lui doit notamment Pierres noires pour ondes Martenot et 2 percussions (1958), Espaces I à V pour diverses formations (1961-62), Projections pour quatuor à cordes avec diapositives de peintures de Joan Miró ad libitum (1966-67), Tremplins pour orchestre et voix (formations variables de 15 à 32 musiciens) sur un texte de Jacques Dupin (1968-69), Insertions pour clavecin (1969), Extensions pour 6 percussions et grand orchestre (1970-1972), Extensions 2 pour 6 percussions (1970), Extensions 3 pour grand orchestre (1972), Il faut rêver dit Lénine, spectacle musical sur un texte de Roger Pillaudin (1972), Éclipses pour 12 cordes et clavecin ad libitum (1972), Strates éclatées pour orchestre (1973), Reflex, œuvre de théâtre musical (1973-74), Fusions pour grand orchestre (1974), Gravités pour orgue (1975), Brisures pour flûte solo (1977), Horizons courbes pour ensemble instrumental variable (1977-78), Rumeurs pour harpe celtique ou harpe diatonique (1978), Magnétiques pour violon solo, violon et piano, violon et ensemble instrumental, ou violon et grand orchestre (1978-79), Triade, musique pédagogique pour 1, 2 ou 3 violons (1980), Trip through Trinity pour percussion solo (1981), Inferno di gelo, œuvre de théâtre musical d'après Dante (1981-82), Delta pour orchestre (Metz, 1987), Textures croisées pour 9 instrumentistes (1991). Pour lui, la démarche aléatoire doit rester sous le strict contrôle du compositeur et constituer un enrichissement, non une démission.
miroir
Genre d'écriture sophistiqué, employé par certains contrapuntistes à titre de démonstration de virtuosité, consistant à écrire un morceau qui puisse être lu à volonté soit normalement soit en renversement.
Ce dernier correspond alors au morceau lu dans un « miroir » horizontal sur lequel le papier serait tenu verticalement, les seuls changements autorisés concernant l'ordre des voix, les clefs et les altérations. L'Art de la fugue de J.-S. Bach contient 2 fugues miroir de grande dimension, dont l'une a été transcrite librement par lui pour une exécution à 2 claviers.
mise en ondes
Expression à peu près complètement passée d'usage en 1980, et qui servait à désigner la « réalisation » d'une émission radiophonique, principalement dans le sens de « captation » et de « restitution » d'une réalité musicale ou sonore (par exemple, un orchestre jouant).
La mise en ondes consiste alors à disposer un ou plusieurs microphones à des emplacements qu'il convient de choisir et à doser ensuite le rapport des modulations pour restituer un certain « équilibre » des différents pupitres. L'art de la mise en ondes radiophonique, lié aux moyens plus restreints, mais souvent mieux maîtrisés, de la radio des années 40, 50 et 60, est un art de musicien aussi bien que de technicien, supposant la connaissance du matériel aussi bien que de la musique. Mais l'expression de « mise en ondes " s'est étendue à toutes les étapes de la « réalisation radiophonique » : choix et montage des éléments, direction artistique des opérations techniques.
L'abandon de la notion de mise en ondes correspond peut-être à l'arrivée de perfectionnements et d'automatismes techniques, mais aussi à l'instauration d'une certaine routine de la retransmission radiophonique, tendant à dévaloriser ce métier. L'intérêt et la fascination du public s'étant tournés vers les techniques, non plus de restitution, mais de manipulation et de recomposition de la réalité, une musique enregistrée sur disque est très souvent le fruit de mélanges, de « corrections » techniques, d'opérations sur le son. Il semble tout naturel de retransmettre un simple concert symphonique : l'écoute des anciens documents radiophoniques nous révèle pourtant que des « secrets » ou des tours de main de metteur en ondes pouvaient donner une image sonore parfois plus séduisante et plus vivante qu'aujourd'hui.
miserere
Incipit du Psaume L, Miserere mei, Deus (« Dieu, ayez pitié de moi »), considéré comme le prototype des chants de pénitence et souvent mis en musique. Parmi les principaux Miserere figurent celui de Josquin Des Prés au début du XVIe siècle et un grand motet de Lalande au XVIIe, etc. Un faux-bourdon d'Allegri réservé à ce Psaume a connu la célébrité par l'anecdote selon laquelle la chapelle Sixtine, pour s'en réserver l'exclusivité, en avait interdit la copie ; Mozart adolescent l'avait alors pris en dictée au fond de son chapeau pour transgresser l'interdiction.
Missa (Edmond)
Organiste et compositeur français (Reims 1861 – Paris 1910).
Élève de Massenet, organiste à Saint-Thomas-d'Aquin puis à Saint-Honoré-d'Eylau, il écrivit de nombreux opéras, dont le plus apprécié fut Muguette (1903).
Mitropoulos (Dimitri)
Chef d'orchestre, pianiste et compositeur américain d'origine grecque (Athènes 1896 – Milan 1960).
Il a étudié au conservatoire d'Athènes avec Wassenhoven (piano) et Marsick (harmonie), et, en 1920, son opéra Sœur Béatrice, d'après Maeterlinck, fut donné dans cet établissement. Il fut ensuite l'élève de Paul Gilson au conservatoire de Bruxelles (1920-21) et de Busoni à Berlin (1921-1924). En même temps, il fut répétiteur à l'Opéra de cette ville. Il fut ensuite chef d'orchestre et professeur de composition à Athènes, obtint en 1930 un engagement à la tête de la Philharmonie de Berlin, et, peu après, remplaça au pied levé Egon Petri comme pianiste dans le 3e Concerto de Prokofiev, qu'il interpréta ce jour-là à la fois comme pianiste et comme chef. Invité par Koussevitski, il fit ses débuts aux États-Unis en 1936, succéda l'année suivante à E. Ormandy à la tête de l'Orchestre symphonique de Minneapolis en 1937-1949, et, de 1949 à 1958, succédant à Leopold Stokowski, fut chef de la Philharmonie de New York. À sa démission, il eut comme successeur Leonard Bernstein. On le vit également, à partir de 1954, à la tête de l'orchestre du Metropolitan Opera. D'un tempérament à la fois ascétique et ardent, il excella dans les classiques mais aussi dans Scriabine ou Vaughan Williams, et fit énormément pour l'introduction et la diffusion aux États-Unis de la musique de Mahler, Berg, Webern et Schönberg. Beaucoup de ses interprétations ne devaient être révélées par le disque qu'une vingtaine d'années après sa mort. C'est à lui qu'on doit le premier enregistrement de Wozzeck.