Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
S

Sancan (Pierre)

Pianiste français (Mazamet 1916).

Il étudie d'abord le piano à Meknès (Maroc), puis au Conservatoire de Toulouse, et entre au Conservatoire de Paris, où il est l'élève d'Yves Nat. Il y travaille aussi la fugue, la composition, ainsi que la direction auprès de Charles Münch et Roger Désormière. Il en sort avec cinq premiers prix (piano en 1937, composition en 1939). En 1943, il est 1er Grand Prix de Rome. Il succède à Yves Nat en 1956 au Conservatoire de Paris et y enseigne jusqu'en 1985. Il mène une triple carrière de pianiste soliste, de compositeur et de pédagogue, formant toute une génération de pianistes, composant des ballets, un opéra, une symphonie ainsi que des pièces pour piano solo.

sanctus

Texte d'acclamation au dieu des Armées (Deus Sabaoth) tiré du livre d'Isaïe (VI, 3), édulcoré en « dieu de l'Univers » dans la messe postconciliaire, bien que le terme hébreu se trouve confirmé par saint Paul lui-même (Romains IX,29).

Autrefois chanté simultanément par le prêtre et par les fidèles, il est préparé par la préface et figure parmi les six pièces du commun de la messe. C'est le dernier chant avant l'élévation. Il correspond au Trisagion (trois fois saint) de la liturgie byzantine. On lui a adjoint une seconde partie (Benedictus) empruntée à un verset du psaume 118 et qui, si elle suit toujours la première dans le plain-chant, en a souvent été détachée dans les messes polyphoniques ; celles-ci en font presque toujours un morceau à part, souvent même de caractère opposé au premier (message de paix après la proclamation de la puissance guerrière).

   Vers le XVe siècle, on prit l'habitude de chanter le Benedictus après l'élévation, et parfois de le supprimer pour le remplacer par un motet (généralement O salutaris), ce qui explique que plusieurs messes du XVIIe siècle n'aient pas de Benedictus. Dans les messes symphoniques, le sanctus est presque toujours un morceau brillant, le Benedictus un morceau mélodique (au XVIe siècle, on le faisait souvent chanter par un plus petit nombre de voix). Dans la Messe en si de Bach, le Sanctus est un vaste chant de louange fait d'encensoirs balancés ; dans la Messe en « ré » de Beethoven, un long solo de violon venant des hauteurs traduit la descente du messager pacifique après les fanfares guerrières. Rien de tout cela ne reste compréhensible dans la nouvelle version conciliaire.

Sandberger (Adolf)

Musicologue et compositeur allemand (Würzburg 1864 – Munich 1943).

De 1881 à 1887, il étudia la composition aux universités de Würzburg et Munich, et la musicologie à Munich et Berlin (avec Ph. Spitta). Après avoir soutenu sa thèse de doctorat à Würzburg en 1887 (Peter Cornelius), il effectua pendant deux ans des voyages d'études à travers l'Europe, puis se fixa à Munich, où il enseigna jusqu'en 1930. De 1900 à 1931, il édita les Denkmäler der Tonkunst in Bayern, dans lesquels il publie, entre autres, des œuvres de Pachelbel, J. K. Kerll, A. Steffani, F. E. dall'Abaco, H. L. Hassler, et de 1924 à 1942 le Neues Beethoven-Jahrbuch.

   Ses compositions obtinrent un certain succès, en particulier l'opéra Ludwig der Springer (1894). Il a écrit un grand nombre d'articles consacrés en partie à R. de Lassus (dont il publia les œuvres complètes de 1894 à 1927, en collaboration avec F. X. Haberl) et aux maîtres du style classique viennois : Mozart, Haydn, Beethoven. Vers 1935, sa prétendue découverte de soixante-dix-huit symphonies inconnues de Haydn déclencha une longue polémique avec Larsen. Il a formé de nombreux élèves parmi lesquels A. Einstein, K. Huber, H. Engel, Bernet Kempers, K. G. Fellerer, E. Schenk, L. Schiedermair.

Sanderling (Kurt)

Chef d'orchestre allemand (Arys, Prusse-Orientale, 1912).

Après avoir commencé sa carrière à Berlin, il émigra en 1936, et fut chef de l'Orchestre radio-symphonique de Moscou jusqu'en 1941, puis de 1942 à 1960, chef de la Philharmonie de Leningrad en même temps que Mravinsky. Il revint à Berlin en 1960 comme chef de l'Orchestre radio-symphonique de Berlin-Est, et dirigea de 1964 à 1967 les concerts de la Staatskapelle de Dresde. On lui doit de remarquables enregistrements des symphonies de compositeurs aussi divers que Haydn, Sibelius ou Chostakovitch.

Sandrin (Pierre Regnault, dit Pierre)

Compositeur français ( ? v. 1490 – Italie apr. 1561).

Son surnom vient probablement d'un rôle qu'il aurait joué dans une farce, le Savetier qui ne respond que chansons, dans laquelle le héros se nommait Sandrin. On ne sait rien de ses origines ni de sa jeunesse. Il est en 1539 doyen du chapitre de Saint-Florent-de-Roye en Picardie, mais rejoint la chapelle royale peu après car il y exerce déjà une certaine influence en 1543 et porte le titre de « composeur » en 1547. Il est « chantre ordinaire et chanoine de la chapelle » de 1549 à 1560, bien qu'il ait passé une partie de ces années-là à Rome au service d'Hippolyte d'Este, cardinal de Ferrare, dont il est maître de chapelle en 1554. Après un bref voyage à Paris (1560), il est de retour à Rome, l'année suivante, où l'on perd sa trace. Malgré ces différentes positions ecclésiastiques, on ne connaît de lui aucune œuvre sacrée. Il est, en revanche, l'auteur de cinquante chansons, publiées pour la plupart chez Attaingnant entre 1538 et 1549, typiques de la chanson parisienne de cette époque (en particulier de Sermisy), bien que l'écriture rythmique de ses dernières pièces soit beaucoup plus élaborée (Réveillez-vous mes damoiselles, par exemple). L'influence de l'Italie se traduisit à la fin de sa vie par des réminiscences de frottola (Puisque vivre en servitude) et l'abondance de madrigalismes (Amour si haut). Il est d'ailleurs l'auteur d'un madrigal à quatre voix, Amor, l'arco e la rete indarno tendi. Sa popularité était immense, et ses chansons, présentes dans de nombreuses anthologies, ont inspiré instrumentistes (luthistes et clavecinistes en particulier) et auteurs de messes-parodies dans toute l'Europe (Doulce Mémoire, par exemple).

sanglot

Ornement de la musique vocale française des XVIIe et XVIIIe siècles.

Employé dans les pièces tristes et languissantes, en particulier dans des moments de douleur (soupirs, sanglots), souvent d'un très bel effet, précise S. de Brossard (1703), il permet de couper de manière expressive le son avant de terminer par une appoggiature faisant sa résolution sur la note inférieure.