Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
H

Heller (Stephen)
ou Istvan Heller

Pianiste, pédagogue et compositeur hongrois (Pest 1813 – Paris 1888).

Élève du pianiste August Halm à Vienne (1824), il donna son premier concert dans cette ville en 1827, entreprit en 1829 une tournée en Allemagne, puis vécut à Augsbourg (1830-1838) et enfin à Paris. Il fut l'ami de Schumann, qui lui dédia ses Davidbündlertänze, de Chopin, de Berlioz et de Liszt. Ses œuvres, exclusivement pour piano, sont pour la plupart courtes et dotées de titres caractéristiques.

Hellmesberger

Famille de musiciens autrichiens.

 
Georg, violoniste (Vienne 1800 – id. 1873). Il compta parmi ses élèves Joseph Joachim.

 
Joseph, violoniste, compositeur et chef d'orchestre, fils du précédent (Vienne 1828 – id. 1893). Professeur de violon, directeur du conservatoire de Vienne de 1851 à sa mort, chef d'orchestre de la Gesellschaft der Musikfreunde (Société des amis de la musique) de 1851 à 1859, premier violon solo de l'orchestre de la cour et maître de chapelle de l'empereur, il fonda en 1849 un célèbre quatuor auquel il donna son nom et qui révéla aux Viennois les ultimes chefs-d'œuvre de Beethoven et de Schubert.

 
Georg, violoniste, frère du précédent (Vienne 1830 – Hanovre 1852).

 
Joseph, violoniste et compositeur, fils du Joseph précédent (Vienne 1855 – id. 1907). Violon solo dans l'orchestre de la cour, professeur au conservatoire en 1878, il remplaça en 1887 son père comme premier violon dans le quatuor fondé par celui-ci et dirigea de 1900 à 1903 les concerts de la Philharmonie, succédant à ce poste à Gustav Mahler.

 
Ferdinand, violoncelliste et compositeur, frère du précédent (Vienne 1863 – id. 1940).

Helm (Everett)

Compositeur et musicologue américain (Minneapolis 1913).

Élève de W. Piston, R. Vaughan Williams, G.-F. Malipiero et D. Milhaud, il a enseigné au Western College dans l'Ohio (1943-44) ; à partir de 1950, il a vécu principalement en Allemagne, en Autriche et en Italie, en particulier comme correspondant de la revue Musical America (dont il a été rédacteur en chef de 1960 à 1962). Comme compositeur, on lui doit notamment deux quatuors à cordes, deux concertos pour piano (1951 et 1956) et l'opéra radiophonique The Siege of Tottenburg (1956). Comme musicologue, il s'est intéressé en particulier à la musique yougoslave (il a donné des cours à l'université de Ljubljana de 1966 à 1968) et à Béla Bartók, publiant notamment Bela Bartok in Selbstzeugnissen und Bilddokumenten (Béla Bartók par lui-même et par l'image, Reinbek, près de Hambourg, 1965).

Helmholtz (Hermann Ludwig Ferdinand von)

Savant et acousticien allemand (Potsdam 1821 – Charlottenburg 1894).

Après avoir étudié la médecine et enseigné l'anatomie à Berlin, il poursuivit ses recherches en physiologie et en physique. Il obtint la chaire de physiologie à Heidelberg en 1858, puis on créa pour lui une chaire de physique à l'université de Berlin, où il resta jusqu'à sa mort. Ses recherches ont embrassé la quasi-totalité des sciences de la nature. Il a notamment formulé le principe de la conservation de l'énergie et est considéré comme l'un des pères de l'énergétique. Parmi ses publications, une grande part est consacrée à la musique, et Helmholtz devint le plus célèbre théoricien de l'acoustique musicale au XIXe siècle après la parution de son ouvrage Die Lehre von den Tonempfindungen als physiologische Grundlage für die Theorie der Musik (Braunschweig, 1863 ; trad. française : Théorie physiologigue de la musique, Paris, 1868). Il fut l'un des premiers à réaliser la fusion de disciplines jusque-là isolées les unes des autres : mathématiques, physique pure et expérimentale, physiologie et musique ; il orienta ainsi l'acoustique sur une voie nouvelle. La théorie de la résonance qu'il a élaborée explique le phénomène auditif en localisant l'analyse du son dans l'oreille interne. Helmholtz a éclairé la composition des sons complexes par l'analyse spectrale, réalisée grâce aux résonateurs qui portent son nom. Enfin, sa théorie de la consonance s'appuie sur le plus ou moins grand nombre d'harmoniques communs entre des sons donnés. Elle l'amena à formuler une esthétique dans laquelle l'expression musicale était fonction de la fréquence des dissonances et des consonances. Si Helmholtz fut un précurseur de l'acoustique contemporaine et d'une esthétique étayée par l'expérimentation, ses théories présentent des contradictions et sont aujourd'hui largement dépassées.

Heman (de)

Famille de facteurs d'orgues français, actifs, à Paris durant la première moitié du XVIIe siècle.

Le fondateur de la dynastie estValéran (probablement Hesdin 1584 – Paris 1640). Apparenté à la famille d'organiers Carlier, il se fit le propagateur du grand instrument classique du début du XVIIe siècle, tel qu'il a contribué à le définir avec Mersenne et Titelouze, en particulier à Notre-Dame de Paris (1609-1620). Il est l'auteur des orgues de Saint-Séverin (1610-1626), des Cordeliers et de Saint-Jean-en-Grève, à Paris, tout en travaillant à Meaux (1627), à Troyes (église Saint-Jean, 1610-1637), à Saint-Seurin de Bordeaux, etc. Ses trois neveux collaborèrent avec lui et prirent sa suite : Louis (mort en 1645), François (mort en 1652) et Jean (mort en 1660), qui construisirent les orgues de Mitry (1641-1643), des Petits-Augustins (1643), de Saint-Médard (1645-1646) et de Saint-Merri (1647-1650), à Paris.

hémiole

Mot adapté du grec, où l'expression hémiolios logos (hémi, « moitié », et holos, « entier ») désigne le rapport de 1 1/2 à 1, donc de 3 à 2, qui, dans les calculs d'intervalle, concerne le rapport 3/2 de la quinte.

L'équivalent latinisé du terme est sesquialtère (sesquialter = alter semisque). Le rapport hémiole est l'un des principaux parmi les superparticuliers, c'est-à-dire ceux qui répondent à la formule N/N + 1, chère aux calculs musicaux pythagoriciens. On emploie aussi le terme de hémiole pour désigner l'insertion d'un rythme ternaire dans un binaire, ou vice versa (par ex. 3 blanches de 2 temps chacune pour 2 blanches pointées de 3 temps chacune). Le procédé, relativement fréquent au XVe siècle, se raréfie ensuite, sans jamais disparaître tout à fait ; il sera au XVIIIe siècle l'un des éléments de la courante, et Beethoven en fera usage autant que Josquin Des Prés : la seule différence sera qu'à ce moment on l'écrira en syncopes, alors que la notation proportionnelle se servait seulement de signes différents dans la division des valeurs.

   On emploie enfin le terme de hémiole en métrique pour désigner un rythme où le rapport entre brèves et longues n'est pas de 1 à 2, mais de 2 à 3, rythme très fréquent dans la musique instinctive, mais que le solfège traditionnel ne traduit souvent qu'avec réticence, le réduisant trop facilement au ternaire simple : beaucoup de rythmes populaires notés à 6/8 sont en réalité à 10/8 :

et non
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