Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
A

Akira Tamba

Compositeur japonais (Yokohama 1932).

Il a étudié à l'université des Arts de Tokyo (1953-1957), a été chargé de cours à l'Université nationale de Yokohama, puis est entré en 1960 au Conservatoire de Paris comme élève de Tony Aubin et d'Olivier Messiaen. Entré au C. N. R. S. en 1967, il a obtenu un doctorat de musicologie à Paris-Sorbonne en 1971 (la Structure musicale du nô). Il enseigne la musicologie japonaise à l'université de Paris III. On lui doit notamment une sonate pour flûte et piano (1958), Cinq Mélodies de Manyô pour voix et piano (1961-1965), Deux Poèmes de Baudelaire (musique concrète, 1966 ; pour voix et orchestre, 1965-66), Sûnyatâ pour orchestre et 6 percussions (1972), Chant du monde pour grand orgue et percussion (1973), le Fil de l'araignée, oratorio-ballet pour orchestre et chœurs (1974), Héloïse et Abélard, drame musical pour le Festival d'Avignon (1977), Vision vocale I à VI pour divers ensembles vocaux et instrumentaux (1975-1980), Elemental I pour harpe et percussion (1976), II pour saxophone et percussion (1978) et III pour contrebasse solo (1979), Interférence I pour 3 instruments japonais (1980) et II pour 4 instruments japonais et soprano (1981).

al fine

Expression italienne indiquant que lors de la reprise de la première partie d'un morceau, il faut la jouer « jusqu'à la fin ».

al segno (ital. ; « au signe »)

Cette indication précise qu'une section doit être répétée à partir de l'endroit marqué par le signe –S –, et non en son début, comme dans un da capo ordinaire. Le terme Da capo al segno indique que le signe se trouve au début de la section.

Alabiev (Alexandre)
ou Alexandre Aliabiev

Compositeur russe (Tobolsk 1787 – Moscou 1851).

Il fut envoyé en Sibérie, jusqu'en 1831, sous l'inculpation de meurtre. Auteur de musique symphonique, de trois quatuors à cordes et d'un ballet, il est surtout connu pour sa musique vocale (opéras, mélodies et romances, dont le célèbre Rossignol), qui utilise des thèmes populaires russes, mais harmonisés à l'italienne.

Alain (Jehan)

Compositeur français (Saint-Germain-en-Laye 1911 – Saumur 1940).

Fils du compositeur et organiste Albert Alain, frère de Marie-Claire et d'Olivier Alain, Jehan Alain appartient à une famille vouée totalement à la musique. À six ans, il improvisait déjà sur l'harmonium. À onze ans, il accompagnait les offices au grand orgue de Saint-Germain-en-Laye. Entré en 1928 au Conservatoire de Paris, Alain y fut l'élève de Ducasse, Dukas, Dupré. Il remporta en 1933 les premiers prix d'harmonie et de fugue, et, en 1939, d'orgue. Avant de quitter le Conservatoire, il était déjà connu comme compositeur. Ses Litanies furent créées le 17 février 1938 à l'église de la Trinité, en même temps que la Nativité du Seigneur de Messiaen. Mobilisé en 1939, Alain prit part à la bataille des Flandres, puis à la défense de Saumur où il mourut héroïquement.

   Son œuvre se compose essentiellement de musique orchestrale, de musique instrumentale (pièces pour piano et, surtout, nombreuses pièces pour orgue), d'un Requiem (1938), d'une Messe brève (1938) et de la Prière pour nous autres charnels (1939), partition composée sur un texte de Péguy et orchestrée par Dutilleux.

Alain (Marie-Claire)

Organiste française (Saint-Germain-en-Laye 1926).

Fille d'Albert Alain, sœur de Jehan et d'Olivier Alain, elle fit ses études auprès de son père et au Conservatoire de Paris, où elle obtint le premier prix d'orgue dans la classe de Marcel Dupré en 1950. Elle connut vite la célébrité grâce à ses concerts et à de très nombreux disques, dont deux intégrales de l'œuvre de J.-S. Bach. Son répertoire, étendu, ne connaît pas d'exclusive. On lui doit des harmonisations de noëls et de chansons populaires françaises.

Alain (Olivier)

Compositeur, organiste et musicologue français (Saint-Germain-en-Laye 1918 – Paris 1994).

Fils d'Albert Alain, frère de Jehan et de Marie-Claire Alain. Élève d'Aubin et de Messiaen au Conservatoire de Paris, il a été directeur du conservatoire de Saint-Germain-en-Laye de 1950 à 1964 ; puis, inspecteur de la musique au ministère de la Culture, il a continué à s'attacher aux problèmes de l'enseignement. Il a composé un Chant funèbre (1950), des pièces d'orgue, des motets, et écrit plusieurs ouvrages, dont l'Harmonie (Paris, 1965) et Bach (Paris, 1970). Ses recherches sur J.-S. Bach l'ont conduit à découvrir, dans une bibliothèque privée, à Strasbourg, quatorze Canons inédits, dont la première audition a été donnée dans cette ville en 1974.

Alaleona (Domenico)

Musicologue et compositeur italien (Montegiorgio, région d'Ascoli Piceno, 1881 – id. 1928).

Professeur d'histoire de la musique au Liceo di Santa Cecilia à Rome à partir de 1912, il fut l'un des premiers en Italie à cultiver la musicologie selon des méthodes scientifiques (Studi su la storia dell'oratorio musicale in Italia, 1908). Dans son opéra Mirra (Rome, 1920), il met en application une théorie personnelle de l'harmonie fondée sur la division de l'octave en cinq parties égales.

Alard (Jean-Delphin)

Violoniste et compositeur français (Bayonne 1815 – Paris 1888).

Il fut professeur au Conservatoire de Paris de 1843 à 1875 (Sarasate fut l'un de ses élèves) et premier soliste à la chapelle impériale de Napoléon III à partir de 1858. Il a écrit des concertos, des fantaisies, des études, de la musique de chambre et une méthode pour le violon (l'École du violon, Paris, 1844).

Albéniz (Isaac)

  • Isaac Albéniz, Iberia, El Polo

Pianiste et compositeur espagnol (Camprodón, Catalogne, 1860 – Cambo-les-Bains, Pyrénées-Atlantiques, 1909).

Exceptionnellement précoce, il commence l'étude du piano à trois ans et joue en public l'année suivante. Au cours de plusieurs tournées de concerts en Espagne, il s'impose à la fois comme virtuose et comme improvisateur. Une fugue d'un an (1872-73) le conduit en Amérique du Sud et aux États-Unis, où il retourne en 1874. Sa vie y est difficile ; Albéniz est victime d'une crise de fièvre jaune.

   Grâce à une bourse, il se rend à Bruxelles où il est l'élève de Brassin. Il rencontre Liszt en 1880, puis donne des concerts en Amérique du Sud, à Cuba et en Espagne, où il écrit des zarzuelas (1882) avant de se marier et de se fixer à Barcelone, puis à Madrid (1885).

   Ses premières œuvres, très influencées par Schumann, Mendelssohn et Liszt, s'effacent alors derrière les différentes pièces de la Suite espagnole, par lesquelles il fonde l'école espagnole en s'inspirant des rythmes et des thèmes populaires. Installé à Londres (1890-1893), Albéniz tente sa chance dans l'art lyrique, où il connaît un certain succès. Il se fixe en 1894 à Paris, où il rencontre les franckistes ainsi que Dukas, Debussy et Fauré, et devient professeur de piano à la Schola cantorum. Sa véritable carrière commence avec La Vega (1897) et les Chants d'Espagne. Déçu par l'accueil de son pays natal, il se considère désormais comme un exilé, et les quatre cahiers d'Iberia, son chef-d'œuvre, sont l'écho de cette déception. Il meurt au Pays basque du mal de Bright à l'âge de 49 ans.

   Une fois dégagé de l'académisme de salon et de l'hispanisme de zarzuela qui ont marqué ses premières œuvres, Albéniz fait figure de pionnier dans la renaissance de la musique espagnole au début du siècle. Tempérament généreux et d'une inspiration inépuisable, il a trouvé sa suprême expression dans la musique de clavier et il en a porté l'écriture à un degré de perfection insurpassé, synthèse de la virtuosité transcendante et d'une fidélité rigoureuse aux formes traditionnelles. C'est cependant dans la couleur et la sonorité que cette œuvre, d'esprit rhapsodique, révèle ses traits les plus originaux : à ses lignes mélodiques généralement simples s'oppose une harmonie profuse et complexe, souvent inspirée des modes antiques empruntés au flamenco et systématiquement pimentée par des acciacatures savoureuses. Par ailleurs, le souci des sonorités a suggéré des innovations dans la technique pianistique (doigtés inhabituels, position des mains, attaque du clavier) dont se réclament la plupart des compositeurs contemporains, de Messiaen à Stockhausen.

   Les théories de Pedrell (Pour notre musique, 1891), suivant lesquelles la musique d'une nation doit être fondée sur les éléments populaires, ont trouvé en Albéniz leur plus parfaite illustration. C'est assez curieusement vers l'Andalousie mauresque que le Catalan Albéniz a, du reste, préféré tourner ses regards, révélant ainsi le génie de sa province natale à l'Andalou Manuel de Falla.